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Comme j'aime beaucoup les vieux chefs d'oeuvre du cinéma des années 50-60, j'ai accepté de suite quand le site Babelio m'a proposé ce livre en échange d'une critique. Dans l'ensemble, j'ai beaucoup apprécié cette lecture ainsi que les personnages principaux et secondaires. Et, il y a effectivement du grand monde au balcon. du Rossellini en passant par Bergman ou du Hitchcock entre autres. Alors avec tout ça, qu'est ce qui se passe ?
Nous avons Ingrid Bergman, une actrice suédoise, voire "américaine" qui tombe littéralement amoureuse du talent de Roberto Rossellini, un réalisateur italien. Puis nous avons Anna Magnani, la maîtresse de Rossellini avec qui, d'ailleurs, il a déjà tourné quelques bons films à l'écran avec elle. Un triangle amoureux va se mettre en place au moment où Rossellini prendra l'avion en direction des Etats-unis, en douce, pendant que Magnani sera endormie.

On découvre une passion qui se fait dévorante dès la rencontre voire dangereuse pour les deux et déchirante par la suite car, bien qu'elle soit mariée et maman, elle se laissera séduire malgré tout par Rossellin, le séducteur. Et ça, à l'époque, c'était pas possible dans une Amérique sensible.

Puis, lui, en ayant fui sa maîtresse, a déclenché la fureur de celle-ci qui ne veut absolument pas le laisser partir.... Oui, cet homme que l'on perçoit comme manipulateur, menteur, séducteur même mythomane sera entre ces deux femmes qui finalement, ne se rencontreront pas mais ne seront pas loin.

Je trouve que l'auteur, François-Guillaume Lorrain a bien réussi ce roman-documentaire. On apprend des choses intéressantes à travers eux, sur leurs vies vraiment compliquées qui d'ailleurs, n'empêchera pas notre couple Bergman / Rossellini de vivre cette vie tumultueuse et de fonder une famille par la suite.
On se laisse presque séduire par un Rossellini qui se fait violenter par sa maîtresse, Magnani, au point de sa cacher pendant des heures sous le lit, le temps que madame se calme. Et on comprend mieux ses excès, ses crises envers lui.....parfois.....souvent....trop.

Et d'ailleurs à la fin de ce roman-documentaire, Bergman se livre à son tour et raconte sa rencontre avec Rossellini et l'on termine ainsi.

Merci à l'auteur pour cette découverte. Merci au site Babelio pour votre proposition et merci à Flammarion pour le livre.
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Un homme se précipite sous son lit pour échapper à toutes sortes de projectiles lancés par sa maîtresse. Inimaginable, cet homme c'est Roberto Rossellini qui se protège d'Anna Magnani toujours entre douceur et furie.
"Une madone aux yeux bleus, à la chevelure blonde et au sourire chaste" vient de voir le film Open City de Robert Rossellini projeté à New York. Cette madone, c'est Ingrid Bergman, une des plus grandes actrices d'Hollywood qui ce 12 décembre 1946 après avoir vu Rome ville ouverte et Païsa, décide de faire changer de direction à sa carrière. Avec beaucoup de cran , sans connaître Roberto Rossellini, elle lui écrit une lettre en 1948 où elle lui propose de venir faire un film avec lui.

Ils se rencontrent à Londres, à New-York, et Rossellini lui proposera de tourner Stromboli avec lui, ce sera pour elle comme pour lui un nouveau départ.
On suivra le tournage de ce film près du Stromboli et en parallèle celui de Vulcano avec Anna Magnani, la maîtresse abandonnée . Comme un défi , un face à face entre ces deux femmes qui passeront des mois sur ces îles proches l'une de l'autre.

La vie des vedettes de cinéma n'est pas toujours ce que l'on croit. Dans ce livre passionnant, on découvre ce qu'un réalisateur est capable d'exiger de son actrice principale qui est aussi la mère de son enfant à naître.

Ce livre fait revivre avec passion le cinéma de l'après-guerre.

C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai découvert la vie de ces trois monstres sacrés, dont bien sûr j'avais entendu parlé mais dont je n'aurais jamais imaginé la vie.
L'Année de Volcans m'a emportée et me donne envie de voir et revoir les films de Roberto Rossellini et ceux avec Ingrid Bergman et Anna Magnani avec un grand respect pour ces gens un peu fous qui vont au bout d'eux-mêmes pour nous donner le meilleur.

Je remercie Babélio et les Editions Flammarion pour cette très belle découverte dans le cadre de la Masse Critique.
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J'ai mis du temps à rentrer dans l'histoire. Il fallait d'abord que je me débarrasse de mon quotidien, de la vitesse du temps, de mes préoccupations, pour pouvoir rentrer dans la magie de ce récit. Une autre époque, l'après-guerre, deux pays et des stars tourmentées, dépressives, caractérielles mais sublimes et grandioses. L'amour est subjectif, se mêle au travail, au désir de reconnaissance, est-ce vraiment de l'amour ? Une impression que les moeurs de l'époque, et c'est bien normal après une guerre, étaient plus libres que maintenant, moins hypocrites. Les liaisons, les ruptures sont grandiloquentes, une pièce de théâtre quotidienne. Ces deux femmes ennemies car aimées par ce génie ne se verront jamais, mais Ingrid assistera aux funérailles de sa grande rivale.Cet homme désiré, aimé, battu et maltraité, lâche, gras est un artiste. du mauvais, de la bassesse, il arrive à faire des miracles en manipulant, c'est un génie, du moins dans son travail.Bref, Laissez-vous emporter dans une autre époque, un autre monde, quelques heures dépaysantes mais combien passionnantes !



Un grand merci à BABELIO et aux éditions FLAMMARION pour cette découverte.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Déjà, très joli livre, merci au Site Babélio, dans le cadre de Masse critique. Format et texture des pages très agréable, merci aux Editions Flammarion.

En tant que Cinéphile, j'ai apprécié ce pan d'histoire du cinéma, ces deux actrices mises en concurrence à la fois sur le plan privé et sur le plan professionnel, ces deux films parallèles, ces deux tournages difficiles et improbables dans des conditions extrêmes, ces deux femmes dans la tourmentes qui sont face à des choix difficiles - tout est en péril, leurs carrières, leur vie privée - tout cela sur fond d'éruption imminente du volcan "Le Stromboli".

C'est histoire de deux tournages, "Volcano" et "Stromboli" chacun sur une ile volcanique proche l'une de l'autre, deux volcans, deux réalisateurs, deux actrices et un même scénario.

On y découvre ces trois êtres passionnés-torturés qui s'aiment et se déchirent dans un contexte historique d'après guerre avec une Europe et une Amérique prude, où l'adultère est alors un véritable délit.

Ces deux grandes stars aiment et sont aimées du même homme. D'un coté Anna Magnani, star italienne adulée et de l'autre, Ingrid Bergman star américaine reniée. Cet homme c'est Roberto Rosselini, un cinéaste italien, un aimant à femmes et pourtant un homme à failles...Tout comme ces deux femmes fortes et pourtant si fragiles, l'une a un caractère de feu allant jusqu'à maltraiter Roberto et l'autre est une beauté glacée et prude malheureuse dans son couple.

De là une véritable guerre est déclarée, le scandale éclate, tous 3 sont mariés et ont des enfants. Et pourtant Roberto et Ingrid vont se marier, fonder une famille envers et contre tout.

Tout cela rend ce roman passionnant, une sorte de documentaire, récit de tournages, on y parle de Hitchcock qui dirigea Ingrid Bergman, de Felllini, de la Metro Goldwyn Mayer, de greta Garbo, de toute l'époque de la grandeur d'Hollywood, des grandes salles, des stars... MAGNIFIQUE rétrospective d'une époque !

Une histoire qui n'a rien a envier au meilleur scénario hollywoodien, et pourtant c'est de derrière du décor que l'on découvre, les coulisses....
Lien : https://influensmans.com/lan..
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Deux actrices célèbres, deux volcans, un metteur en scène. Bergman, Magnani, Rossellini le décor est planté. La première, née suédoise de mère allemande, numéro un à Hollywood, étrangère en son pays d'adoption, rêvant d'un ailleurs, d'un pays aux idées moins étroites. La seconde, diva italienne, possessive, jalouse, violente. Les deux vont se trouver rivales auprès de Rossellini.
Ingrid Bergman, juste après la guerre, étouffe dans le carcan des conventions sucrées hollywoodiennes. Elle aspire à l'authenticité, ou à l'héroïsme, ferait volontiers de son métier d'actrice une mission. Rien d'étonnant à ce qu'elle incarne entre autre une héroïne qui se sacrifia. Elle tiendra le rôle de Jeanne d'Arc, oui, mais elle exigera de visiter les sites où s'illustra la bergère de Domrémy. Elle n'obtiendra cependant pas de tourner la vie de la Pucelle en décors naturels en France, et devra se contenter du carton -pâte de L.A. Elle découvrira ensuite alors par hasard deux films de Rossellini qui décrivent la situation dramatique des italiens à la fin de la guerre. La nouvelle mission qu'elle se donne sera donc d'éclairer les américains, afin d'obtenir des aides en faveurs des sinistrés de la défaite. Epouse insatisfaite d'un mari impresario qui ne comprend pas la force de ses aspirations, elle écrit seule à Rossellini une lettre où elle décrit sa trajectoire en peu de phrases, à travers l'énoncé de ses compétences linguistiques. Elle parle parfaitement anglais, n'a pas oublié son allemand, possède un français très imparfait, et ne sait dire en italien que "Ti amo". Elle est prête à tourner avec lui, s'il veut bien d'elle. Ingrid était orpheline de mère, depuis l'âge de 4 ans, mais passe ce deuil sous silence. Rossellini est intrigué par cette étrange déclaration. Il ignore tout de la renommée d'Ingrid. Une fois éclairé, il mesure vite l'avantage qu'il peut y avoir à faire tourner cette célébrité d'outre Atlantique. Et il imagine une histoire à moitié vraie, d'une femme qui par son désir de liberté va s'enchaîner un peu plus encore. Tel est le Synopsis de Stromboli, qui va se réaliser dans la vraie vie et se transformer pour Ingrid en destin.

Bien que les événements s'y prêtent, je trouve dommage que la trajectoire dramatique d'Ingrid soit traitée en vaudeville à l'Italienne, du fait de la triangulation sur laquelle est construit et insiste le livre. Roman ? Invention journalistique ? Chronique de « Cinémonde » ? le style de l'auteur ne permet pas d'en décider. Très documenté, ce livre recèle aussi des imperfections d'écriture. L'auteur transcrit une des phrases de la fameuse lettre, rédigée en Anglais. « (She )has not forgotten his german » (p33): la faute grammaticale virilisant le pronom possessif est improbable sous la plume de cette polyglotte, à moins qu'il s'agisse d'un lapsus, devant alors être relevé comme tel.
Il y a beaucoup de souffrance et de malheur dans cette tragédie d'amour déguisée en vaudeville. Chacun du couple Rossellini-Bergman a perdu ou y perd un enfant. L'enfant mort, un fils , pour le cinéaste, et l'enfantlaissée à son père,, abandonnée comme elle le fut à la mort de sa mère, pour l'actrice suédoise doublement apatride.J'aurais voulu en savoir plus au sujet de Bergman.
Quel désir mystérieux poussa cette femme au sommet de sa gloire vers un homme qui la coupa de ses fragiles racines familiales et culturelles ? En vertu de quelle logique va-t-elle, telle l'héroïne de Stromboli, vouloir fuir une prison (dorée) pour aller vers un destin d'isolement et d'incompréhension ? Vous l'aurez compris, je zoome vers la fille du Nord de l' Europe, et le portrait de la Magnani me paraît artificiellement posé en symétrie, même s'il est vrai que c'est une drôle d'histoire que cette rivalité volcanique cinématographique…beau thème mais qui, dans sa forme, ne fait pas tout à fait, selon moi, un roman.
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François-Guillaume Lorrain avec « L'année des volcans » a assurément trouvé un magnifique et puissant sujet de roman. Roberto Rossellini, fondateur du néoréalisme italien, d'un néoréalisme rossellinien , pessimiste, anthropologique et moralement ambigu, assez différent de celui de Vittorio de Sica, vient de tourner entre 1945 et 1947 trois films : « Rome ville ouverte », « Paisa » et « Allemagne année zéro ». Ces trois films forment un triptyque, une véritable trilogie néoréaliste. Ce sont trois enquêtes, trois déambulations dans Rome, l'Italie et Berlin en ruine au sortir de la seconde guerre mondiale. Rossellini tente là de faire comprendre, contre le cinéma industriel, contre le cinéma hollywoodien, la matérialité de l'après-guerre. Ce qui l'intéresse est moins de montrer la réalité que de mettre le spectateur en contact avec une vérité qui l'implique.


Le roman de François-Guillaume Lorrain va prendre en charge la période charnière où le réalisateur italien passe de cette trilogie néoréaliste aux cinq Bergman-films. Il sera surtout question dans son roman du tournage de « Stromboli » et des amours d'Ingrid Bergman et de Roberto Rossellini. Dans l'oeuvre de Roberto Rossellini ce passage d'un cinéma à un autre s'accomplit par le visage d'une actrice, visage de la Magnani exubérant et méditerranéen avant celui de la Bergman sobre et nordique. Ingrid Bergman, faut-il le dire, symbolise alors le star-système. Elle, qui a été fortement impressionnée par deux des films rosselliniens, souhaite rompre avec hollywood et travailler avec le réalisateur italien. Elle lui écrit. le départ de la vedette au sourire d'ange pour l'Italie, sa séparation, son union scandaleuse avec Rossellini, alors que le divorce a été par le monde hollywoodien depuis longtemps élevé au rang d'institution, sont conçus comme une véritable insulte et une déclaration de guerre à l'industrie du cinéma. Les cinq films qui vont suivre ce départ vont constituer un long documentaire sur la rencontre de ces deux « monstres » du grand écran. L'exil d'une actrice étrangère sur la terre hostile de Dieu est évoqué dans « Stromboli » ; le délitement de leur mariage est mis en scène dans voyage en Italie ; le sadisme inhérent à toute rupture est l'objet de « La peur ». Rossellini et Bergman avec ces cinq longs métrages vont, rien que cela, en rapprochant le spectateur de l'âme des personnages, inventer le cinéma moderne. Tout cela est malheureusement quasiment ignoré par l'auteur.


Rossellini tourne dans la vieille Europe détruite par l'idéologie nazie. Les conditions matérielles de l'Italie sont exécrables. Après plusieurs années florissantes du cinéma italien, Hollywood domine sur les écrans. La vie personnelle, sentimentale de l'auteur est difficile. La mort de Romano toute proche ne cesse de le hanter et son oeuvre toute entière devient le tombeau de son fils. Les amours, les ruptures certes se succèdent. Cependant, le cheminement de Rossellini complexe, chaotique obéit, en dépit des apparences brouillonnes, à la rigueur et au danger des idées. Sa mise en scène consiste à suivre les personnages. Elle est faite de gros plans auxquels succèdent des mouvements d'appareil qui suivent l'acteur et s'approprient le décor. Rossellini aime surtout déconstruire les scénarios plutôt que les écrire. Il n'y a là aucune désinvolture, Rossellini réinvente une écriture cinématographique. « Ma passion, peut-être ma folie, est de comprendre chaque jour un peu plus. Pour moi la vie ne vaut la peine d'être vécue que si c'est une perpétuelle aventure. Avec mes films, je cherche à faire oeuvre de persuasion afin que tout le monde se consacre à l'aventure. » Federico Fellini disait de lui « Il vivait la vie d'un film comme une aventure merveilleuse à vivre et simultanément à raconter. » Voilà des paroles singulières qui donnent une idée de la dimension exceptionnelle du personnage. Pour faire un roman de cette vie d'artiste, il faudrait sans aucun doute de la démesure et des moyens littéraires insolites. Il faudrait être capable de s'asseoir sur les épaules de ce géant et se laisser porter dans les hauteurs. L'ouvrage approximatif et vaudevillesque de François-Guillaume Lorrain, de ce point de vue, ne présente pas un grand intérêt. le roman de cette tranche de vie inextricablement mêlée d'amour et de création, je crois, reste à écrire.
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« Cher M. Rossellini,
J'ai vu vos films Rome, ville ouverte et Païsa, et les ai beaucoup aimés. Si vous avez besoin d'une actrice suédoise qui parle très bien anglais, qui n'a pas oublié son allemand, qui n'est pas très compréhensible en français et qui, en italien, ne sait dire que « ti amo », je suis prête à venir faire un film avec vous. »

Admirative de son talent, c'est par ces mots qu'Ingrid Bergman déclara à Roberto Rossellini son envie de travailler avec lui. Si elle espérait incontestablement tourner avec lui, elle ne se doutait sans doute pas que cette lettre allait changer son destin à tout jamais.

Rossellini sait à peine qui elle est et encore moins à quoi elle ressemble mais ce n'est pas le genre de chose susceptible d'arrêter ce séducteur impénitent. Paradoxalement, Bergman la suédoise représente l'Amérique et l'idée de lui ravir sa star n'est pas pour lui déplaire.

Il va donc offrir à Bergman, le premier rôle de son film en préparation, Stromboli. Il a déjà promis ce rôle Anna Magnani, qui partage sa vie mais peu importe, il va trouver une solution, il n'est plus à un mensonge prêt. Petits arrangements avec la vérité.

Mais la Magnani ne va pas s'en laisser compter. La volcanique star italienne, facile je sais mais tellement vrai, va trouver une vengeance à la mesure de colère et de son chagrin. On ne vole pas impunément son homme et son rôle à la Magnani. le volcan gronde.

C'est avec des capitaux américains et le soutien de quelques hommes influents dont David O'Selznic, qui a un contentieux envers Rossellini, qu'elle va réussir à monter un projet analogue, Vulcano, qui sera tourné dans l'île à côté d'où Rossellini tourne son film. La brune contre la blonde, que la meilleure gagne !

La très croyante Bergman a abandonné son mari et sa fille, pour se jeter dans les bras et devant la caméra de Rossellini. « Une grande aventure l'attendait. « Voilà à quoi je ne me résigne pas, ne pas vivre. » Ces mots feraient l'effet d'une bombe sur leur maison, elle le savait, mais pour s'en aller, il fallait parfois tout détruire. » Son image de sainte, amplifiée par son interprétation mémorable de Jeanne d'Arc ou de nonne au grand coeur dans Les Cloches de Sainte-Marie, va en prendre un sacré coup.

L'Amérique puritaine ne pardonne pas à l'étrangère qu'elle a accueillie sur sa terre. On l'exhorte à retrouver la raison. Les ligues de vertu s'en mêlent, le pape déplore. La star est conspuée, montrée du doigt, le scandale est mondial.

Éprise de liberté, Bergman a tout quitté pour mener une vie différente, faire un cinéma différent, loin du star system et du carton-pâte hollywoodien. le choc sera rude, l'adaptation difficile, la pression énorme. Mais quand l'amour est là…

L'Année des volcans raconte tout ça, un pan de l'histoire du Hollywood de la grande époque, des studios tout puissants, le cinéma italien, les deux tournages en parallèle et un triangle amoureux infernal. Les protagonistes reprennent vie sous la plume romanesque de François-Guillaume Lorrain pour notre plus grand plaisir.

Bien que très déterminée, Ingrid Bergman apparait douce, calme, un peu naïve même et blessée par le déferlement médiatique dont elle est victime. Roberto Rossellini en ressort manipulateur, menteur, parfois même un peu lâche mais toujours séducteur. La Magnani elle, explose dans toute sa démesure, dans toute sa fureur, dans toute sa douleur, meurtrie, le coeur à jamais endolori.

L'année des volcans, un hymne à la passion à l'ombre du Stromboli…


Merci à Babelio et Flammarion pour cette belle découverte.

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Pour les amateurs de cinéma, « L'année du volcan » est incontournable.
Voyez plutôt l'affiche : Anna Magnani, Ingrid Bergman, Roberto Rossellini. Trois monstres sacrés. Tandis que la volcanique Magnani assiste impuissante à la perte de son amour, Ingrid Bergman tombe à son tour sous le charme du réalisateur italien.
Le roman de François-Guillaume Lorrain est un pur bonheur tant l'histoire romanesque à souhait est incroyable. Une immersion dans le monde du cinéma , et dans une époque ou la morale bien pensante et l'anti communisme pointaient leur nez. Deux tournages épiques, Stromboli pour Bergman et Roberto, Vulcano pour La Magnani réalisé par l'allemand Dieterle. Bourrés d'anecdotes, la chronologie de cette « guerre » à distance suffisait à elle seule. Mais Lorrain y ajoute deux magnifiques portraits de femmes prête à tout par amour pour un homme manipulateur et charismatique. Bien loin du quand dira-t-on et de tout carriérisme, leur duel à distance n'en n'est que plus émouvant.
Un grand merci à Babelio, aux Editions Flammarion et à François-Guillaume Lorrain pour ce très beau roman.
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Stromboli. Rossellini. Bergman. Magnani. Quatre mots sur une quatrième de couverture qui m'ont donné des frissons et l'irrésistible envie de lire L'année des volcans de François-Guillaume Lorrain.
Ces quatre mots ont la saveur d'un cinéma qui ne volait pas son nom de Septième Art et qui n'existe plus.

Stromboli est un film magnifique où Rossellini excelle dans la mise en scène. Dans ce portrait d'une jeune femme désespérée prête à tout pour fuir sa condition, Ingrid Bergman y est stupéfiante et totalement habitée par son rôle. Au départ ce rôle devait revenir à la maîtresse du cinéaste, Anna Magnani. La Magnani au regard de feu sachant jouer le désespoir mieux que n'importe quelle actrice et que j'ai pour ma part découverte dans L'Homme à la peau de serpent de Sydney Lumet. La Magnani, fabuleuse, volait la vedette à Marlon Brando dans ce film dramatique.

Je ne pouvais donc pas passer à côté du roman de François-Guillaume Lorrain qui raconte l'histoire vraie de la rencontre entre Roberto Rossellini et Ingrid Bergman et du tournage de Stromboli. Ingrid Bergman est alors mariée avec Petter Lindström qu'elle n'aime plus et se laisse très vite séduire par Rossellini. Leur liaison provoquera un raz-de-marée aussi bien en Amérique qu'en Italie où les ligues de vertu s'acharneront sur le couple. En parallèle Anna Magnani, meurtrie d'avoir été abandonnée pour la belle Suédoise, décidera de se venger en tournant un film identique : Vulcano. L'année 1949 sera celle des volcans.

L'année des volcans est un document romanesque qui nous conduit dans les coulisses de deux tournages difficiles et tumultueux. Truffé d'anecdotes, il se lit avec gourmandise bien que le style de l'auteur soit plus journalistique que littéraire.

On y découvre la difficulté de monter le projet, la roublardise de Roberto Rossellini, la naïveté d'Ingrid Bergman, la clairvoyance de Anna Magnani et surtout la stupidité des dirigeants de studios. Voir Howard Hughes accepter de débourser des sommes folles pour produire un film sans en connaître l'histoire dans le seul but de séduire Ingrid Bergman est hallucinant. de même que Selznick qui produisit Vulcano uniquement pour se venger de Rossellini qui s'était moqué de lui. La production d'un film tient à peu de choses et ce n'est pas reluisant.

L'histoire d'amour qui se noue au pied du Stromboli est passionnelle et fera pas mal de dégâts. J'y ai découvert Ingrid Bergman : je la pensais timide et réservée, je l'ai découverte obstinée et passionnée. La réaction hystérique d'Anna Magnani n'amuse pas, au contraire, elle est bouleversante. le parcours de ces deux femmes est touchant et digne d'un film de Fellini ou de Visconti.

A travers ces histoires passionnées, François-Guillaume Lorrain en profite pour brosser le tableau de l'Amérique et de l'Italie des années 50. L'Italie d'après-guerre aux blessures encore vives et pas totalement remise du fascisme et l'Amérique puritaine bientôt anéantie par le maccarthysme.

L'année des volcans est un livre passionnant qui devrait plaire à tous ceux qui aiment le cinéma et les histoires d'amour romanesques.


Merci à Babelio et aux Éditions Flammarion pour la découverte !
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« L'année des volcans » est l'incroyable histoire de ce trio infernal qui en moins d'une décennie aura fait plus de gros titres dans les médias que la guerre froide et la création de l'Europe réunies. Rossellini, Magnani, Bergman… trois noms dont on ne retient à ce jour que l'immense talent devenus une sorte d'icônes du 7ème art quelque peu poussiéreuses. A l'époque pourtant il en était tout autrement. Rossellini, un être ambigu, est le réalisateur fer de lance du néoréalisme italien. Anna Magnani, son interprète, sa muse, sa maitresse attitrée est une actrice au caractère trempé à la nitroglycérine. Quant à Ingrid Bergman, l'actrice proprette, la star venue tout droit de Suède a su, avec l'appui d'un Selznick, bouter la Divine Garbo hors de Hollywood, la précipitant dans une retraite presque forcée à la Miss Havisham…
C'est d'ailleurs Bergman qui, sans avoir l'air d'y toucher, déclenchera les hostilités. Las des grands studios, elle se manifeste auprès de Rossellini lui quémandant un rôle, tout en rêvant d'ailleurs et surtout d'une autre vie. Ce film sera « Stromboli » promis un temps à la Nanarella (Magnani). La guerre des volcans est déclarée, donnant naissance à deux films presque identiques, puisque la maîtresse bafouée décide pour se venger, et avec l'appui de l'appareil hollywoodien, tourne « Volcano » sur l'île du même nom située à quelques encablures de « Stromboli ». Les vies vont alors basculer…
En 2013, dans son documentaire « La guerre des volcans », Francesco Patierno retraçait déjà ce combat très « people », pas si anecdotique que cela. Ici, François Guillaume Lorrain s'en délecte, mais surtout l'utilise pour recomposer une société d'après-guerre de Hollywood à l'Italie, à travers ses mécanismes moraux, spirituels, sociaux voire sentimentaux. le maccarthysme naissant, l'Italie pas tout à fait remise de ses blessures de guerre ni de ses vieux démons, le rôle prépondérant que prendront les médias sont autant de sujets traités en filigrane. A cela, il faut ajouter une approche fine des « acteurs » de ce drame. On sent un travail de recherche en profondeur pour coller le plus possible à la réalité de l'époque.
Enfin, ce roman traversé par la passion, est extrêmement bien construit et d'une écriture très fluide. le suspens y est ménagé et l'on à peine à quitter un chapitre sans vouloir entamer l'autre dans la foulée, ce qu'on ne manque pas de faire. Et l'on se surprend à le finir très vite, à regret.

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