Waldo, j'ai adoré cette BD étrange, saugrenue, que l'on doit à cette auteure, Lorraine les Bains. Je l'ai lu dans le cadre de l'opération du vent dans les BD, proposée à l'initiative de la médiathèque de ma commune et du réseau des médiathèques locales.
Il y a une sorte d'intrigue, un semblant d'enquête. Le meurtre d'une pseudo star, un enfant gâté de la chanson française, un chanteur populaire... C'est justement le fameux Waldo, Waldo Maelfait...
Et puis, que se passe-t-il alors ?
Je vous plante un peu le décor géographique : un van garé le long d'une rue, un rideau qui bat dans le vent d'une fenêtre, des façades de maisons anciennes, parfois austères... À aucun moment on ne voit un seul personnage de l'histoire, du début jusqu'à la fin. Génial, non ?
L'autre particularité est le côté exercice de style, façon Raymond Queneau... L'histoire est une sorte de puzzle, chacun des protagonistes apporte son regard, sa vision, son opinion sur le sujet sans jamais se montrer.
Nous voyons des images, des bulles, des mots, des rideaux qui volent dans le vent, des peaux devinées, effleurées au travers d'une fenêtre, des émotions...
Des lettres aussi...
Nous observons, nous guettons, nous suivons pas à pas ces personnages à la fois invisibles et réels, nous entrons dans l'intimité de leurs histoires, faisant de nous presque des voyeurs à notre insu...
Bien sûr j'oubliais, il y a une intrigue, puisqu'il y a un mort... Une intrigue se met dès lors en place au fil des chapitres.
Mais, je pense que tout ceci est un peu anecdotique, n'a que très peu d'importance au final. Le prétexte de l'auteure est de nous amener à un autre endroit.
Ici les personnages demeurent sans cesse derrière les façades des maisons, derrière les fenêtres, les rideaux, les murs, les silences, l'oubli peut-être...
L'absence visuelle des protagonistes est la force de ce récit. Elle permet aussi à chacun de se faire une idée de l'intrigue et des personnages, c'est l'imaginaire du lecteur, sollicité à chaque page, qui permet de poursuivre la construction de l'histoire...
Ce fut pour moi un véritable coup de coeur ! J'ai adoré ce côté original, proche de l'absurde dans la forme, mais aussi dans le propos. Un côté totalement décalé...
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Voici une BD très atypique, qui relève de l'exercice de style.
On n'y croise aucun personnages, les cases sont en fait des vues de maison d'où s'échappent des conversations. Chaque maison représente un lieu, chaque lieu est occupé par une personne, une famille, des visiteurs...
L'histoire démarre avec le meurtre sordide d'une star de la chanson. Nous rencontrons ensuite sa femme de ménage qui a un père - qui suit une thérapie parce que ses filles ne s'entendent pas - et une soeur, mère de jumeaux en décrochage scolaire qui a une liaison avec un écrivain célèbre. Puis une jeune fille qui s'installe en colocation avec d'autres jeunes...
Et tant d'autres personnages qui se développent tels les pièces d'un puzzle aux contours flous.
C'est intéressant, c'est bien fait mais, de par le fonctionnement même de cette BD, c'est souvent un peu nébuleux dans le développement.
On ne peut s'attacher aux personnages et il est parfois un peu compliqué de définir qui est qui.
Le final est un également un peu trop abrupte.
Une BD intéressante et unique.
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Coup de coeur !
Que l'on aimera ou que l'on n'aimera pas selon la lecture que l'on en fera en fonction de ses propres attentes et de ses préjugés.
Le dessin, magnifique, est tout à la fois étrange, beau et très lumineux à la façon des flamboyants vitraux en pâte de verre des maîtres verriers. Nous entrons ici dans un monde cathartique et tourmenté. Aucun personnage n'est représenté du début à la fin de l'histoire ce qui démarque franchement cette bande-dessinée et qui en fait sa force. De simples bulles de couleur appliquées en surimpression des vignettes mettent en place chacun des personnages aussi surement que si on les avait sous les yeux ! Les décors, en revanche, ont la part belle et les habitations, qu'elles soient masures, tombeau sépulcral, pavillon en meulière, maison de ville de type 1930, immeuble Art Nouveau, maison provençale, manoir ou simple bungalow sont toutes représentées avec une certaine magnificence. le suspense « Mais qui a tué Waldo ? » n'est qu'un prétexte à l'étude psychologique et sociologique de ces personnages haut en couleurs que l'on suit entre 1972 et 2019.
Yep ! Je dis tout pareil que Fabcaro qui signe la préface : « J'adore ! »
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Bande dessinée très étrange, l'histoire est raconté par des dialogues sans qu'on ne voit jamais les personnes. Chaque vignette représente la maison où la conversation se passe. J'ai mis du temps à entrer, mais les développement de l'histoire est parfaitement maîtrisé, la simple histoire de quartier prend au fil des pages une dimension de thriller sordide, sans qu'on s'y attende vraiment, et de façon pourtant inéluctable, c'est finement maitrisé. le graphisme à un côté reportage, d'une visite touristique ou d'étude sur le thème de l'architecture de villas du début du XXe siècle, ce qui crée un décalage avec le propos. Seul petit reproche qu'on pourrait y faire, la trop grand indépendance entre les deux fait que notre lecture se sépare en deux, ou on lit les dialogue ou on regarde les illustrations, mais pas toujours les deux en même temps. On retient plus l'exercice de style, la curiosité littéraire, que le récit en soit, mais rien que pour son côté expérimental, cette bande dessinée vaut largement le coup d'oeil.
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Lecture rappelant, toutes proportions gardées, les œuvres d’Eugène Ionesco ou de Samuel Beckett, Waldo surprend et séduit. L’exercice de style se montre abouti, équilibré et, le plus important peut-être, extrêmement amusant à parcourir.
Lire la critique sur le site : BDGest
Lorraine Les Bains réalise un album plein d'humour sur fond d'enquête policière, où les personnages principaux sont des maisons toutes plus fascinantes les unes que les autres.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Quel Talent ! Lorraine les bains nous attrape par le collet et ne nous lâche pas un seul instant, nous faisant pénétrer dans l’intimité des habitants de ces magnifiques demeures.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Oh mais tu sais, faut pas lire la presse people. Tous les artistes sont des connards, de même qu'on est tous un peu des connards quand on n'a pas envie de faire des efforts dans la vie. Faut savoir distinguer l'homme de l'artiste.
- Je sais p... Putain, mais c'est quoi ce vieux calbard, Tim ?
- Bah quoi ? J'ai trouvé ça dans les affaires des parents. Il paraît qu'il a appartenu à Waldo Maelfait !
- Eh mais t'es un gros malade ! Il paraît surtout qu'ils ont payé ça une fortune ! Ils vont péter un câble si ils voient qu'il a disparu !
Non, mais en fait, c'est que je ne suis plus très sûr de vouloir le faire, en fait, c'est pour ça... En fait.
Waldo - Lorraine Les Bains