Je me suis lancé dans la lecture de ce roman parce que je pensais y trouver autre chose qu'une simple intrigue à suspense, mais aussi une réflexion sur le lien entre passé et présent, de la matière à méditer.
Raté.
Comme beaucoup de polars, celui-ci est un imbroglio de péripéties à multiples ramifications, et mélangées façon plat de spaghettis, avec chaque dix pages une allusion ou une interrogation laissée en suspens, destinée à attiser la curiosité et l'impatience du lecteur. Encore raté, car dans mon cas, cela a contribué à me rendre l'histoire confuse.
Pourtant, elle n'est guère compliquée, cette histoire, si on y regarde de près. Il y a une période début 1986, où un patron de grosse entreprise se voit acculé à la ruine et ne sait comment annoncer la triste nouvelle à son personnel. Autre époque, été 1986, le personnel en question se prélasse dans un centre de vacances organisé par la boîte (son chant du cygne), des enfants d'une douzaine d'années (deux garçons et une fille) se lient d'amitié et ne comprennent pas pourquoi les adultes sont si tendus. Ils devinent que les grands fomentent quelque chose. Brusquement, la fille « disparaît », je n'en dis pas plus. Enfin, en 2017, l'un des garçons est devenu écrivain à succès, le second est son éditeur. Une main anonyme leur adresse, sous forme de roman, le récit détaillé de ce qui s'est passé trente et un ans auparavant. Dans cette narration,
le douzième chapitre est crucial, il est la clé du drame de jadis, qui n'a jamais été élucidé de manière satisfaisante.
Je ne suis guère coutumier des intrigues policières et il n'est pas dans mes habitudes de tenter de deviner la fin d'un livre, ça ôte tout le plaisir. Pourtant là, sans réfléchir, j'ai trouvé évident le nom du mystérieux « anonyme » assez tôt dans le récit, de même que la réponse à la question de ce qui était arrivé à la fillette.
Au niveau du suspense, découvrir si aisément la chute enlève beaucoup de raison de lire. En plus, l'écriture n'est pas extraordinaire. Si
Jérôme Loubry se tire plutôt bien de la narration en trois époques, avec une histoire dans l'histoire, tantôt à la première personne, tantôt à la troisième, le style manque un peu de fluidité, et il est surtout alourdi par des clichés d'une laideur peu courante, tel que :
Les vagues m'ont toujours fait penser à des mains qui essaient d'agripper le présent, mais qui sont sans cesse ramenées vers le passé.
Bof… Je ne résiste pas à citer également :
Il rentra chez lui d'un pas lent et amnésique.
Un pas amnésique… mais bien sûr !
Le principal intérêt que j'ai eu à poursuivre ma lecture a été de savoir si j'avais bien deviné la fin ; j'avais presque tout juste.
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