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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Triste naissance, signification curieuse pour un prénom de héros, présage d'un destin funeste, ainsi commence la légende de Tristan et Iseult. Vainqueur de monstres, chanteur talentueux, le jeune guerrier réclame, au nom du roi Marc de Cornouailles, la main de la princesse d'Irlande Iseult. Mais la belle, aidée par la magie, en décide autrement, et un philtre d'amour l'unit pour trois ans à celui qu'elle aime. Aidés par leurs fidèles serviteurs, les amants multiplieront les ruses pour échapper à la vigilance de l'époux trompé et des barons félons. René Louis signe avec cette adaptation un retour aux origines celtiques du conte tant de fois remanié, et nous emporte dans une histoire inoubliable.

Tristan et Iseult dévoile une galerie de personnages faussement classiques, en proie à une lutte permanente entre un amour surhumain et une loyauté plus conventionnelle. Ainsi Tristan aime-t-il sincèrement son oncle Marc, qui le lui rend bien, et se retrouve-t-il déchiré entre sa passion et sa raison. Iseult surtout, loin d'être une innocente passive, fait montre d'une duplicité à toute épreuve et se livre volontairement à un amour interdit. Marc est celui que j'ai le moins apprécié, trop influençable, oublieux de ce qu'il doit à Tristan, et pourtant d'un bon naturel, il est un mari trompé que l'on voudrait mieux connaître. Brangien, Périnis et Gorvenal s'avèrent être les protagonistes les moins originaux, serviteurs sans faille des amants.

L'amour qui unit Tristan et Iseult est une force magique, avant tout dominé par les femmes, qui reprennent dans cette version une prépondérance effacée par des siècles de christianisme et de domination masculine. Histoire amorale que cette fable où le malheur résulte en grande partie d'un hasard défavorable ; magie non dénué de justesse que celle qui, non contente de provoquer l'amour chez les jeunes gens, les préserve de la souffrance inhérente à la vie sauvage et à la jalousie. Les femmes font peur, leur liberté intime fascine autant qu'elle effraie, de même que leur pouvoir de mort et de guérison, reliques d'un temps en voie de perdition. C'est leur présence et leur mystère qui contribuent à l'originalité de ce récit.

Plus que dans l'acte de tomber amoureux, la magie du « vin herbé » réside dans la durée de ce sentiment, qu'elle préserve des soupçons et des mouvements d'impatience. Ce sont ceux-là mêmes qui finiront par venir à bout des amants une fois les trois ans écoulés : telle pourrait être la sagesse cachée de Tristan et Iseult. J'ai adoré me plonger dans cette légende, baignée de magie, d'exploits et de ruses plus étonnantes les unes que les autres. La modernité voudrait que l'honneur soit oublié pour faire place à l'amour, mais l'expérience des amants dans la forêt, d'un réalisme étonnant, rappelle qu'en dépit de son envie, l'homme ne peut survivre seul dans la nature sans sacrifier un confort auquel il est difficile de renoncer (petite pensée pour les Ingalais de Vivre !). Fantasme et réalité s'affrontent ici encore, et l'issue du combat est malheureusement la même que dans Les contes d'Eva Luna d'Isabel Allende. Et vous, qu'elle version de cette légende millénaire préférez-vous ? »

Émilie – Apprentie Bibliothécaire
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
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L'intérêt de cette version de Tristan et Yseult est qu'elle rompt avec la version de Joseph Bédier (1900) qui a imprégné plusieurs générations, leur faisant croire qu'il s'agissait d'une histoire d'amour romantique, comme on a su tant en écrire au XIXème siècle.
Or, il n'en est rien. René Louis ne réécrit pas une version romantique de l'histoire (comme Bédier l'avait fait), il revient aux sources et traduit en français moderne les textes du XIIè et XIIIè siècles. Et là, en plein Moyen-âge, nous sommes vraiment loin du romantisme du XIXème. René Louis tente aussi, au delà du décor chevaleresque et courtois du Moyen-âge, de revenir à l'origine du conte celtique, oral bien sûr avant d'être écrit. Non pas qu'il ait la prétention de retrouver les sources du début de ce conte datant du VIIIème siècle, mais d'atteindre au moins son essence, sa substance primitive.
Le résultat est étonnant. Et les différences sont nombreuses avec la version devenue un peu officielle de Bédier. Il ne s'agit plus de deux amants innocents dont l'amour impossible s'achève tragiquement, mais de deux êtres retords et manipulateurs, très loin d'anges d'une blancheur céleste immaculée. Bien au contraire.
L'une des différences fondamentales avec la version de Bédier est que c'est Iseult qui sciemment verse le filtre d'amour dans la coupe de Tristan, coupe qu'elle boit aussi en toute connaissance de cause. Il ne s'agit pas de l'erreur d'une servante inconséquente qui se serait trompée de boisson. le ton est donné. Iseult désire et veut Tristan et elle fera tout pour qu'il soit son amant (trompant ainsi le roi Marc sans vergogne aucune). Tristan de son côté, une fois le filtre bu, sera au diapason de sa belle.
Voilà qui change la donne, et nous éloigne de ces soupirs romantiques à la Bédier et de la tragédie du destin non choisi.
S'il y a une version à lire de Tristan et Iseult, c'est celle-là, la plus proche certainement de son origine.


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Livre lu par un grand hasard et choisi pour changer des thriller. Je ne pensais pas accrocher à ce genre de littérature que l on impose souvent aux collégiens et pourtant je me suis prise au jeu. Il vaut le temps passer à le parcourir. Très bonne lecture
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