C'est ça aussi, la distance de classe, la violence de classe: ne plus pouvoir chanter à deux dans une voiture, ne plus pouvoir rire ensemble dans les rayons d'un supermarché.
A travers elle, j'ai découvert le plaisir d'écrire au service d'un autre, d'une autre.
J'ai appris l'enchantement que procure la disparition, l'effacement, le fait de ne devenir qu'un regard dans l'histoire d'un autre destin que le mien.
Ce livre que vous lisez est, en un certain sens, le résultat d'une commande de ma mère.
Je ne l'ai pas décidé, pas programmé.
Je n'en ai pas eu l'idée le premier.
- et pour la première fois j’éprouvais l’importance de cette expression, vivre quelque part, et pas seulement habiter, trouver un lieu dans lequel sa vie serait vivable, et pas seulement un toit ou un abri.
Toutes ces choses qu’on s’apprêtait à faire ensemble seraient pour elle une succession de Premières Fois. Une guerre contre une armée de Jamais.
La honte est une mémoire.
La honte est une mémoire.
Toutes ces choses qu'on s'apprêtait à faire ensemble seraient pour elle une succession de Premières fois. Une guerre contre une armée de Jamais.
(...) [ma mère] ce qu'elle avait vu comme une trahison était ce qui nous permettait d'affronter le présent. Ce qu'elle avait vécu comme une violence [son premier roman] à son égard était aujourd'hui ce qui allait lui permettre de se libérer de la violence.
(...) celle de ma mère dans le silence de mon appartement, entre deux vies, quelque part entre le passé à fuir et un futur inconnu. Je ne sais pas si je trouvais pas cette image belle ou tragique, belle parce que ma mère venait de se libérer, ou tragique du fait qu'il fallait tout recommencer, se libérer encore une fois.