Dans un pays comme la Russie, les arts du bois auraient dû prendre un grand développement, malheureusement il n'en fut rien. Le mobilier civil était très rudimentaire, de plus dans les églises de rite oriental le mobilier ecclésiastique était réduit à sa plus simple expression. Ainsi les meubles en bois sculpté n'ont jamais dû être très nombreux; la fragilité de ces objets, l'action du temps et les incendies si fréquents en Russie les exposaient à une destruction presque certaine. Il n'est donc pas étonnant que très peu d'entre eux nous soient parvenus. Les exemples de meubles russes en bois du XVIe siècle n'existent pas et le XVIIe siècle ne nous en a laissé que quelques-uns.
Les villes russes sont comme les « oasis » au milieu du « glouch » et il est bien rare qu'il y ait eu plusieurs centres artistiques à une même époque. Après la chute de Kiev, l'art émigré à Vladimir, puis à Novgorod, Moscou et récemment à Pétersbourg. L'état social de la Russie s'opposait au développement d'une vie artistique aussi intense qu'en Europe occidentale. Pays essentiellement rural, l'art paysan y a pris un certain développement et s'est presque exclusivement limité au bois sculpté et aux étoffes. C'est l'art d'un peuple réduit à l'esclavage, besognant sans émulation, avec un outillage des plus rudimentaires.
Depuis le moyen âge, la Russie, cet immense pays s'étendant des places nordiques aux pays ensoleillés du Sud, a provoqué l'émerveillement des voyageurs par son étrangeté, l'imprévu de ses coutumes et de ses moeurs, l'originalité de son art, l'âme ardente et mystique de ses habitants.