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Citations sur Les Chansons de Bilitis (suivi de) Pervigilium Mortis (16)

CLV LA MORT VÉRITABLE


Aphrodita ! déesse impitoyable, tu as voulu que sur
moi aussi la jeunesse heureuse aux beaux cheveux
s’évanouît en quelques jours. Que ne suis-je morte tout
à fait !

Je me suis regardée dans mon miroir : je n’ai plus ni
sourire ni larmes. Ô doux visage qu’aimait Mnasidika,
je ne puis croire que tu fus le mien !

Se peut-il que tout soit fini ? Je n’ai pas encore vécu
cinq fois huit années, il me semble que je suis née
d’hier, et déjà voici qu’il faut dire : On ne m’aimera
plus.

Toute ma chevelure coupée, je l’ai tordue dans ma
ceinture et je te l’offre, Kypris éternelle ! Je ne cesserai
pas de t’adorer. Ceci est le dernier vers de la pieuse
Bilitis.

p.188
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8 — LE REVEIL

Il fait déjà grand jour. Je devrais être
levée. Mais le sommeil du matin est doux et
la chaleur du lit me retient blottie. Je
veux rester couchée encore.

Tout a l'heure j'irai dans l'étable. Je
donnerai aux chevres de l'herbe et des
fleurs, et l'outre d'eau fraiche tirée du
puits, ou je boirai en même temps qu'elles.

Puis je les attacherai au poteau pour traire
leurs douces mamelles tièdes; et si les
chevreaux n'en sont pas jaloux, je sucerai
avec eux les tettes assouplies.

Amaltheia n'a-t-elle pas nourri Dzeus?
J'irai donc. Mais pas encore. Le soleil
s'est levé trop tôt et ma mere n'est pas
éveillée.
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La Pluie


La pluie fine a mouillé toutes choses, très doucement, et en silence. Il pleut encore un peu. Je vais sortir sous les arbres. Pieds nus, pour ne pas tacher mes chaussures.

La pluie au printemps est délicieuse. Les branches chargées de fleurs mouillées ont un parfum qui m’étourdit. On voit briller au soleil la peau délicate des écorces.

Hélas ! que de fleurs sur la terre ! Ayez pitié des fleurs tombées. Il ne faut pas les balayer et les mêler dans la boue ; mais les conserver aux abeilles.

Les scarabées et les limaces traversent le chemin entre les flaques d’eau ; je ne veux pas marcher sur eux, ni effrayer ce lézard doré qui s’étire et cligne des paupières.
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Épigrammes dans l’île de Chypre
La robe déchirée


« Holà ! par les deux déesses, qui est l’insolent qui a mis le pied
sur ma robe ? — C’est un amoureux. — C’est un sot. — J’ai été
maladroit, pardonne-moi.

— L’imbécile ! ma robe jaune est toute déchirée par derrière, et
si je marche ainsi dans la rue, on va me prendre pour une fille
pauvre qui sert la Kypris inverse.

— Ne t’arrêteras-tu pas ? — Je crois qu’il me parle encore ? —
Me quitteras-tu ainsi fâchée ?… Tu ne réponds pas ? Hélas ! je
n’ose plus parler.

— Il faut bien que je rentre chez moi pour changer de robe. —
Et je ne puis te suivre ! — Qui est ton père ? — C’est le riche
armateur Nikias. — Tu as de beaux yeux, je te pardonne. »


/Ed. Librairie Charpentier et Fasquelle, 1949
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HYMNE A LA NUIT


Les masses noires des arbres ne bougent pas plus
que des montagnes. Les étoiles emplissent un ciel
immense. Un air chaud comme un souffle humain
caresse mes yeux et mes joues.

Ô Nuit qui enfantas les Dieux ! comme tu es douce
sur mes lèvres ! comme tu es chaude dans mes
cheveux ! comme tu entres en moi ce soir, et comme je
me sens grosse de tout ton printemps !

Les fleurs qui vont fleurir vont toutes naître de moi.
Le vent qui respire est mon haleine. Le parfum qui
passe est mon désir. Toutes les étoiles sont dans mes
yeux.

Ta voix, est-ce le bruit de la mer, est-ce le silence de
la plaine ? Ta voix, je ne la comprends pas, mais elle
me jette la tête aux pieds et mes larmes coulent dans
mes mains.

p.138
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Souvenez-vous qu'un soir, couchés sur notre couche,
En caressant nos doigts frémissants de s'unir,
Nous avons échangé de la bouche à la bouche
La perle frémissante où dort le Souvenir.
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Les noces


Le matin, on fit le repas de noces, dans la maison d’Acalanthis
qu’elle avait adoptée pour mère. Mnasidika portait le voile blanc
et moi la tunique virile.

Et ensuite, au milieu de vingt femmes, elle a mis ses robes de
fête. Parfumée de bakkaris, poudrée de poudre d’or, sa peau
frileuse attirait des mains furtives.

Dans sa chambre pleine de feuillages, elle m’a attendue comme
un époux. Et je l’ai emmenée sur un char entre moi et la
nymphagogue. Un de ses petits seins brûlait dans ma main.

On a chanté le chant nuptial ; les flûtes ont chanté aussi. J’ai
emporté Mnasidika sous les épaules et sous les genoux, et nous
avons passé le seuil couvert de roses.


/Ed. Librairie Charpentier et Fasquelle, 1949
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Ouvre sur moi tes yeux si tristes et si tendres,
Miroirs de mon étoile, asiles éclairés,
Tes yeux plus solennels de se voir adorés,
Temple où le silence est le secret d’entendre.
Quelle île nous conçut des strophes de la mer ?
Onde où l’onde s’enroule à la houle d’une onde,
Les vagues de nos soirs expirent sur le monde
Et regonflent en nous leurs eaux couleur de chair.
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Psyché, ma soeur, écoute immobile, et frissonne...
Le bonheur vient, nous touche et nous parle à genoux.
Pressons nos mains. Sois grave. Écoute encor... Personne
N'est plus heureux, ce soir, n'est plus divin que nous.
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Et toutes deux ont suivi ces hommes. Elles n'avaient pas de seins, Bilitis. Elles ne savaient même pas sourire. Elles trottaient comme des chevreaux qu'on emmène à la boucherie.
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