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Il y a d'abord la préface, une supercherie littéraire comme il y en a tant dans l'histoire, qui nous raconte la découverte fabuleuse des poèmes que l'on va lire grâce à un archéologue. Ce tombeau est déjà mystérieux et sensuel, avec un squelette qui a un certain charme. Pour nous faire douter, l'archéologue émet des hypothèses scientifiques, replaçant la poétesse dans son contexte, évoquant Sapho, et émettant même certains doutes sur l'identité de la poétesse. Certains poèmes ne seront d'ailleurs pas traduits, nous n'avons que le titre dans l'alphabet grec, comme pour suggérer que le texte n'a pas été retrouvé, ou de façon trop lacunaire pour être compris.
C'est donc les chants d'une femme venue de l'Antiquité lointaine qui nous parviennent, une femme qui s'écrit à tous les âges de sa vie mais avec des élipses : fillette qui court dans les bois et garde ses chèvres dans une jolie première partie élégiaque qui célèbre la nature, puis jeune fille qui jalouse ses compagnes déjà mariées, attend que ses seins poussent, et découvre les premiers émois amoureux. La tonalité bascule, puisqu'un poème décrit une scène de viol – sans s'y attarder, à demi-mots, mais elle pardonne puisque c'est son amoureux. On comprend toutefois que « cette première fois » attendue a été un traumatisme. Viennent ensuite des poèmes exprimant le désir de l'aimé et le goût des plaisirs.
De façon elliptique, Bilitis se présente ensuite comme mariée, à une femme, à son aimée, lors d'une véritable cérémonie – je ne sais pas si cela existait vraiment en Grèce. Elle a été abandonnée par son amant, a laissé son enfant, mais elle ne s'attarde pas sur ce qui pourrait être d'autres traumatismes. Mais elle vit simplement, semble-t-il de lait de chèvre et de galettes, mais surtout d'amour. Des poèmes très érotiques décrivent alors les plaisirs saphiques et l'amour lesbien. Elles vivent en couple, élèvent un enfant – une poupée, lui donnent le sein, l'habillent. Je comprends que ce recueil ait longtemps été diffusé au sein de cercles lesbiens, car c'est une ode au plaisir féminin, et à la façon d'y parvenir... Mais le charme de l'écriture est justement que ces descriptions ne sont pas voyeuristes, elles sont subtiles et délicates ; je n'ai pas eu l'impression de lire le fantasme d'un homme imaginant deux femmes faire l'amour, mais bien comme si c'était véritablement une femme qui avait écrit. Et comme dans de nombreuses histoires d'amour, les soupçons apparaissent, la jalousie s'installe, les disputes sont plus fréquentes, jusqu'à et la rupture
J'ai trouvé ensuite la dernière partie plus convenue, plus attendue, puisque Bilitis devient une courtisane sacrée au temple d'Aphrodite. Néanmoins, les poèmes où elle évoque le temps qui passe, les menaces sur sa beauté qui commence à se flétrir sont intéressantes, peut-être que j'aurais aimé en savoir plus sur ce qui pourrait être une forme de déchéance, dommage que les poèmes s'arrêtent lorsqu'elle arrête elle-même de donner du plaisir et d'en prendre avec son corps.
Des poèmes érotiques qui ne sont pas que ça, subtils et bien écrits, avec dépaysement exotique lié à l'évocation d'un contexte historique et lointain.
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Magique ! Beau à pleurer.
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Bien sûr que c'est un canular ! Mais combien de prétendus hellénisants et autres snobs littéraires s'y sont laissé prendre ?

En tout cas, canular littéraire génial dont le thème et le style n'auraient sans doute pas laissé Sapho indifférente. Pat
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Il s'agit d'un ouvrage issu d'une mystification de Pierre Louÿs. Ce dernier, passionné de romans érotiques et pornographiques, mais aussi d'hellénisme, eut l'idée de publier un ouvrage sous un prête-nom, où il décrirait, à la première personne, les moeurs saphiques d'une prêtresse de la Grèce Antique.
A la publication tout ceci est présenté comme la traduction d'un parchemin d'époque inédit. Plusieurs spécialistes se font prendre, et ce n'est que bien plus tard que Pierre Louÿs révèle la supercherie.
Au-delà de la mystification, l'oeuvre de Louÿs est d'une grande qualité littéraire intrinsèque, puisque son expression est à la fois osée et évocatrice. Par ailleurs, cette édition de la Chanson de Bilitis s'est vue adjoindre des poèmes de tout premier ordre de Pierre Louÿs.
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Pervigilium mortis, inspiré par la relation de Pierre Louÿs avec Marie de Régnier, s'inscrit parmi les plus beaux poèmes d'amour de tous les temps. Mais ce qui fait toute son originalité, c'est que la réflexion métaphysique sur la mort s'unit à l'évocation de la plus ardente sensualité.
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Les Chansons de Bilitis de Pierre Louÿs : Les Chansons de Bilitis est une oeuvre poétique publiée en 1894, publiée prétendument comme une traduction due à Pierre Louÿs de l'oeuvre d'une poétesse antique. En effet, les poèmes érotiques et passionnés sont attribués à celle-ci et constituent un véritable recueil de poèmes d'inspiration directement de la Grèce Antique. L'ouvrage est précédé d'une Vie de Bilitis, retracée par le traducteur et suivie de plusieurs pages de notes. Ainsi, dans ce recueil, Pierre Louÿs a véritablement fait un pastiche littéraire d'une oeuvre antique. Il pousse même la mystification jusqu'à insérer dans son recueil des pièces poétiques mentionnées comme « non traduites », et par donner des références bibliographiques, notamment des articles d'un archéologue allemand imaginaire, le Pr G. Heim (Geheim et Geheimnis signifient « secret » en allemand, et Heim, le « chez-soi »). Après sa publication, une partie de la critique se laissa abuser par cette supercherie littéraire jusqu'à ce que Pierre Louÿs révèle la mystification.
Outre sa polémique, ce recueil offre une panoplie magnifique de poèmes dépeignant l'amour lesbien. Je vous conseille chaudement cette oeuvre d'une grande poésie qui nous offre un sublime voyage dans la Grèce mythologique.
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