AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
750 pages
Werdet (01/01/1838)
5/5   1 notes
Résumé :
Nous n’avons pas encore dans notre base la description de l’éditeur (quatrième de couverture)
Ajouter la description de l’éditeur

Vous pouvez également contribuer à la description collective rédigée par les membres de Babelio.
Contribuer à la description collective
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'inconstance frappe Julien, une jeune âme dévorée par les passions et les ambitions. Si son coeur est bon, l'honnêteté souvent présente, la versatilité de ses caractères le fragilise et pervertit son esprit.

« Quelle terrible chose que le doute ! Il mène droit à l'abîme, le vertige vous prend et vous y tombez »
La constance dans la perfidie et le nihilisme fortifient au contraire durablement l'égo de deux monstres, deux génies du mal : Théodore et Lydie.
Les natures encore fragiles sont souvent fascinées par l'attraction des égocentrés comme Théodore « le plus élégant des dandys du boulevard, il brillait aux avant-scènes de l'opéra, cheveux bouclés comme ceux d'une femme, gants jaunes, canne fantastique à tête d'or et jouant gros au jeu contre des princes russes et allemands »

Et être si mal accompagné, c'est l'assurance d'être volé, de se faire siphonner.
Et que peut donc dérober Théodore, ce maître et filou de la finance, de l'escroquerie fine et organisée, à ce trentenaire bohème, Julien ?
Une rare et jolie fille ! Car c'était de l'or qu'avait ramassé Julien, du moins en apparence, cette fille qu'il a sauvé de la misère et surnommée par elle « mon protecteur ». Mais Lydie a bien vite préféré la parure de diamant aux doux alexandrins de l'homme d'imagination.
Cynique mais pragmatique ce choix, sans doute, mais ils auront au moins un peu de gratitude et de reconnaissance pour cet agneau siphonné ?
Non seulement ils n'en auront aucune, car Théodore et Lydie ont cette force d'être constants dans le mal, ils ne doutent jamais, toujours fidèle à leur infidélité avec les autres, mais en plus Théodore provoquera même en duel Julien pour l'avoir sermonné en public. Ce duel, Théodore le gagnera, et Julien, l'esprit trouble, rampant douloureusement au sol, apercevra même au loin Lydie nettoyant chaleureusement les plaies de Théodore sans le moindre regard ni scrupule.

Parfois le destin se prend de pitié pour ses victimes et lui consent des trêves aux guerres d'esprit et aux représailles.
La trêve est incarnée en Léa, la cousine de Lydie « elle me semblait un esprit de l'air, une fée protectrice et merveilleuse, faite pour être adorée, vénérée, respectée » une âme pure qui semble trop idyllique pour la réalité.
La dure réalité, c'est qu'en effet elle était destinée à s'évaporer brièvement. Affectée d'une maladie grave, elle décède et expire dans les bras de Julien.
En ce court laps de temps, Julien fut épanoui, détendu et constant… Mais ce n'était dû qu'à l'environnement, il était isolé du monde extérieur, de la cacophonie parisienne, dans un splendide château gothique avec la compagnie bienveillante de son fidèle ange-gardien.

Sentiments d'injustice et larmes passés, Julien se recentre sur ses ambitions artistiques, du moins il tente.
C'est encore l'inconstance, caractérisée cette fois-ci par une très forte susceptibilité à l'idée d'arracher quelques concessions sur son art.
Lancé dans la sculpture, art ingrat, il s'écoeure dès que lui est commandé 12 bustes des 12 maires de Paris et du roi. Monsieur étant farouchement républicain comme son père, il est inconcevable de dissocier son art de ses opinions politiques. Tant pis, il arrêtera tout sur ce coup de tête.
Dérouté vers la musique, il compose un opéra pour l'Académie Royale. Remarqué, on s'engage à le mettre en avant, du pain béni ! A la seule condition d'avancer une forte somme d'argent pour assurer les premières représentations et garantir les pertes sur ses fonds propres en cas d'impopularité. Hors de question ? Eh bien en ce cas, son oeuvre sera co-écrite avec un auteur en vogue, gage de sécurité. Plutôt tout arrêter une fois encore…
Son pain quotidien, il le trouvera dans la médiocrité du journalisme et des critiques. Cela lui assurera une certaine réputation qui va souvent, avec le journalisme vers la politique quand le talent suit. Bien évidemment, Julien se jettera dans la politique, la députation…

Sa petite notoriété lui fait renouer des liens avec ses anciennes compagnes, dont Lydie…
Figurez-vous que Lydie, très loin d'être rongée de remords, veut au contraire se venger de l'humiliation que lui a infligée Julien à la mort de sa cousine, Léa.
Tout un stratagème machiavélique de coquette sera monté avec patience.
Tellement ingénieuse et Julien si boulversé par ses sens, envoûté et soumis à sa beauté, qu'il se laissera arracher l'anneau de mariage par Lydie, sur la tombe même de son épouse, Léa, la cousine de Lydie…
Tissu d'horreurs ! Oui, mais extraordinairement conté, profond dans les pires noirceurs, et il y en a tant d'autres dans ce roman.

Ce roman offre une satire énergétique de son temps, mêlée à des intrigues d'amour assez originale dans les catastrophes.
Les coups durs renversent mais ne font pas saigner, l'auteur a un style brillant et coloré qui imprègne l'esprit sans le traumatiser.

De cette satire est tirée une conclusion par le père de Julien, sorte de réquisitoire contre la société, avec notamment cette idée plutôt intéressante « Il en est ainsi de toutes les époques de révolution, toutes les fois qu'une ère ancienne fait violemment place à une ère nouvelle, il existe un grand abîme dans les sociétés, les coeurs faibles s'y perdent et le comblent, la force manque aux ailes même du génie ! On a la mélancolie du passé, sans avoir les certitudes de l'avenir »

En 1830 dans ce roman, l'ère nouvelle égarée dans ce vide post-révolution est celle de Julien, né avec le terrible inconvénient d'être doté d'un coeur faible et bon qui chancèle et doute en permanence quand les coeurs secs de sa génération s'engouffrent dans ce vide et le font brillamment fructifier par leur nihilisme.

Un roman psychologique, un peu politique, des intrigues d'amour originales avec ces 1000 scènes de la vie réelle où est stigmatisé l'égoïsme et la corruption du monde privilégié.
Commenter  J’apprécie          40


Livres les plus populaires de la semaine Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Autres livres de Hippolyte Julien Joseph Lucas (1) Voir plus

Lecteurs (1) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1086 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}