L'essentiel a été dit, ou s'est compris finalement : les deux partagent une culpabilité sourde qui ajoutera une casserole à la batterie qu'ils trimbalent déjà comme ils peuvent sans qu'elle fasse trop de bruit dans leurs vies respectives.
Toute sa vie, cette femme a dû parcourir autant de distance à se pousser, se décaler, changer de place, « se mettre là, c’est pas grave », qu’en déplacements nécessaires.
Sur les réseaux sociaux, le conte tragique de Françoise ne cessait de se commenter, encore et encore, de se refaçonner et il y naissait chaque jour des armées grandissantes de spécialistes indignés d'une histoire qu'ils avaient parfois prise en cours. Le monde des hommes va si vite qu'ils semblent, dans une même phrase, dans l'expression d'une même émotion, devoir être capables d'en rire au début, d'en ressentir le drame au milieu et de savoir s'en indigner à la fin. Les choses de leur vie ne se suivent plus, mais se superposent, avec chaque couche qui tente de s'extraire violemment de l'ensemble pour trouver à respirer un peu, exister dans un souffle, avant d'être immédiatement happée par tout le reste. (p.129-130)