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Critique de Fleitour


Le monde de la voile est fascinant, surtout pour le néophyte. C'est d'instinct que j'avoue, monter sur un bateau dans la baie de Seattle est une expérience inoubliable. Je ne dirais pas la même chose d'une ballade dans le golfe de Gascogne avec ses aléas climatiques. Dans cette baie partiellement protégée des vents et des courants, on peut s'abandonner à la nature et à la mer, et par bravade s'amuser à prendre en chasse tous les bateaux grands et petits qui passent pour essayer de les gratter et leur passer devant.


« Face au vent », le dernier carnet de bord de Jim Lynch est une succession de nouvelles. Ce livre raconte mille et une aventures, qui déroulent la vie des marins et des bateaux, les Johos 32 et 39 de Grumps le père, ou ceux des constructeurs concurrents. Des nouvelles des bords de mer aussi, où les navigateurs restent vent debout à raconter les mêmes anecdotes avec des trémolos dans la voix.
Jim Lynch, que j'ai fini par assimiler, au lieu du winch, invite Albert Einstein à devenir la mascotte, ou le mouton à cinq pattes, des régatiers, enfin celui dont on se moquera plus facilement dont les bons mots sont soufflés par sa mère. Bordé de ses calculs, Einstein a développé un savoir-faire marin qui tendrait vers zéro, mais qui force les risées de maman Lynch vers l'infiniment grand des rires maritimes.


"La recherche de la vérité et de la beauté est une sphère d'activité dans laquelle nous avons le droit de rester des enfants toute notre vie", répliquait-elle à ses moqueurs.


Et sur la mer comme sur terre dans toutes fratries, il faut des capacités variées, il faut des besogneux, des surdoués de la navigation, des travailleurs de la mer et des déserteurs. En multipliant les situations chacun exprimait sa qualité première son charisme, ou ses talents. Il y a ceux qui restent et ceux qui s'en vont, et ceux qui restent sur le navire comme Josh et qui oeuvrent pour le collectif et les autres ceux comme Bernard qui a pris la fuite sur les océans et en Afrique.


La perle c'est Ruby qui a un sens inné du vent, des petits grains, des sautes d'humeur, qui sait le mieux jouer avec les voiles et qui rend ses frères impuissants, malhabiles, teigneux. Puis il y a le père qui a su distiller à cette famille le virus de la voile qui fait si bien rêver.


J'aurais tellement aimé écouter Sylvain Tesson raconter à sa façon ces courtes histoires, avec dérision et ce brin de folie, nous faire plus que saliver, à ses digressions impossibles et inutiles. Car dans le monde de la voile il y a ces bobos, ces m'as-tu vu insupportables, que l'on meurt d'envie de voir se liquéfier et se fracasser.
Globalement les premières nouvelles m'ont donné l'espoir de rencontrer un Tesson des mers, un tesson que l'on jette à la mer. L'auteur parle en effet avec dérision de tous ces termes maritimes incongrus, alors que le vocabulaire ne demande qu'à vagabonder pardon naviguer par tribord amure !


Alors si vous êtes conquis par une science où l'on découvre le jeu incessant du vocabulaire technique parfaitement maîtrisé, vous serez à la proue, et si vous adorez la voile, baignez vous dans les mots de Face au vent, qui décoifferont l'ardent skipper qui sommeille en vous.
Si vous adorez parler des heures et des heures de certaines manches de la coupe de l'América, vous pourrez lire goulument ces textes houleux


Mais si le langage maritime vous assure des aigreurs d'avoir à écouter inlassablement les mêmes discours pour se montrer fin tacticien et grand navigateur mettez vos palmes et alors fuyez ce livre.
Partageant des épisodes hilarants, depuis 10 années que JB affronte sur les pontons tous les idées farfelues des plaisanciers de passage, j'espérais trouver des comportements un peu plus déjantés comme ceux des bobos en pantalon lie-de-vin, se faire passer pour des loups de mer, nourrissant les rumeurs de Douarn' piquantes à souhait.
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