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3,21

sur 166 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cela fait un petit moment que l'on m'avait donné ce livre. Intriguée par la couverture (comme d'habitude), je l'avais mis de côté, me disant que je le lirai plus tard mais retardant, je ne sais pas pourquoi, le moment de le lire et puis ça y est et, alors que je referme la dernière page, je reste sans voix ou plutôt sans mots pour décrire mes émotions.

Il est vrai, comme si bien dit en quatrième de couverture, que ce livre est inclassifiable, qu'il "transcende tous les genres" car c'est à la fois une autobiographie, un livre sur l'élevage des autours, un livre sur le deuil mais sur bien d'autres thèmes encore.

Helen, notre autrice protagoniste se retrouve dévastée suite au décès de son père et elle, qui depuis toute petite, s'est fascinée pour les autours, se lance le défi incroyable d'en élever un. Alors, autant être franche, avant d'ouvrir ce livre, je ne savais pas qu'il y a avait une espèce de rapace appelée autour, si bien que j'ai d'abord cru la première fois que j'ai rencontré le mot, qu'il y avait une erreur de grappe et que l'auteure voulait parler d'un vautour mais après vérification (il n'est jamais trop tard pour apprendre après tout), je me suis vite familiarisée avec cette nouvelle espèce pour moi, comme Helen avec son autour. Tout commence par un concours de circonstances car ce n'est pas celui-ci qu'elle avait commandé mais en le voyant -enfin en la voyant, elle savait que cette femelle autour était pour elle et arrangement avec le vendeur fut vite conclus. Mabel, comme elle l'appellera, sera désormais sa raison de vivre ou du moins de survivre suite à l'immense vide qu'a laissé son père dans sa vie. Désireuse d'apprendre, elle s'instruira beaucoup grâce aux livres de T.H. White qu'elle possédait depuis l'enfance et de la propre expérience de ce dernier avec Gos, son autour à lui, mais il s'agissait d'une autre époque et Helen devra sans cesse s'adapter, apprendre des erreurs de White pour ne pas faire les mêmes et surtout, et là et le plus dur, gagner la confiance de Mabel. C'est donc un parcours long et semé d'embûches qui se présente à Helen mais cela ne lui fait pas peur.

Un roman autobiographique bouleversant, extrêmement bien écrit et qui, chose que je redoutais un peu, n'est pas du tout lassant, bien au contraire. Bien qu'il n'y ait pas de sensations fortes, le lecteur (moi en tout cas) vibre avec Helen à chaque progrès qu'elle fait dans les liens qui se tissent au fur et à mesure des pages avec Mabel, tremble avec elle lorsque celle-ci se perd, espère lorsqu'elle la lâche pour la première fois et en ressort grandi et un peu frustré à la fin mais cela est une autre histoire ! Un ouvrage que je ne peux que vous recommander il va sans dire et bien que j'aurais aimé que l'aventure se poursuive, je referme cet ouvrage à regret mais ravie de cette lecture hors normes !
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L a fauconnerie, je n'y connaissais rien avant d'avoir ce livre en main. Je ne connaissais rien aux rapaces non plus. Désormais, mes lacunes en la matière sont un peu réduites. Car sans être rébarbatif, Helen Mcdonald nous donne la base des connaissances en la matière, que ce soit pour le vocabulaire, car il y a un véritable jargon lié à cet art, mais aussi sur le dressage et l'apprentissage de cette race d'oiseau qu'est l'autour.

Car oui, c'est un véritable art. Un art ancestral que celui de savoir dresser un animal aussi dangereux, imprévisible et féroce.

Attention, je ne parle pas ici de Monsieur tout le monde, qui veut s'accaparer un animal sauvage pour son plaisir propre et limité, sans savoir à quoi il s'engage. Des imbéciles, il y en a partout, et pas seulement avec des animaux "exotiques".

Non, ce n'est pas l'objet dans ce livre. L'auteur nous décrit sa propre expérience basée sur un amour profond qu'elle ressent envers les rapaces. Son histoire nous dévoile une symbiose totale entre elle et son animal.
Les rares personnes dont elle s'entoure sont d'ailleurs, comme elle, de véritables passionnés, des gens qui apprennent, qui lisent, qui échangent sur le sujet.

Détenir un rapace n'est pas donné à tout le monde. "On ne devient pas fauconnier, on né fauconnier".
Le dressage, qui se divise en plusieurs étapes, commence par la "socialisation" dans laquelle le fauconnier s'isole avec son oiseau pour parvenir, armé de patience et de douceur, à ce que le faucon accepte le dresseur.
Puis, comme pour un autre animal ou un petit enfant, il faut le sortir tous les jours afin qu'il s'habitue aux bruits et à tout ce qui l'entoure. car l'oiseau est craintif. Ensuite, viennent les exercices où l'oiseau doit revenir sur le poing du dresseur, chercher sa pitance. Sur des distances de plus en plus grandes. Pour enfin lui laisser la liberté de chasser lui-même son gibier, sans aucune entrave, et pouvoir s'en nourrir.
Si le dresseur est un bon dresseur, l'oiseau reviendra toujours de lui-même. S'il est un mauvais dresseur, l'oiseau ne reviendra pas et reprendra son indépendance.

Parce que le rapace est dressé, mais il ne sera jamais domestiqué. Après avoir lu ce livre, je suis sûre que ce n'est pas le but ni la volonté des vrais professionnels.

Bien sûr, le livre, raconté comme un roman, est autobiographique et n'est pas un ouvrage de vulgarisation sur la fauconnerie.
C'est un voyage dans le subconscient de l'auteur qui se dévoile. C'est avant tout l'histoire d'Helen Mcdonald qui fait un véritable travail d'introversion suite au décès de son père. Un travail de deuil, qu'elle relie avec l'acquisition de cet oiseau, Mabel. Son père qui avait une fascination pour les avions. Elle achète un oiseau. Veut-elle voler elle aussi ?
L'auteur se remet constamment en question, autant dans sa capacité à dresser un animal sauvage, que dans sa capacité à revivre après la perte de son père. A renouer des liens avec les siens. Car elle pensait que, pour élever un rapace, elle devait devenir elle-même rapace, loin des hommes et si proche de la nature.

Ce livre est un hommage au père qu'elle a aimé et admiré.
C'est aussi un hommage à la nature qu'elle a appris à connaître et à aimer grâce à son oiseau.
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A la page 61 de M pour Mabel, Helen Macdonald nous prévient :
«Le livre que vous lisez est mon histoire. Ce n'est pas une biographie de TH White. Mais White appartient à mon histoire quand même. Je dois l'y inclure parce qu'ily a été présent.»
Helen est une prof à Cambridge. Elle se passionne pour la fauconnerie et a lu de nombreux ouvrages sur le sujet. Son père, un photographe célèbre accompagne la passion de sa fille et lui permet d'accéder à ce monde fermé et surtout réservé aux hommes. Aux aristocrates. «Des hommes qui descendaient en costume de tweed de leurRange Rover cabossée ; des hommes de la haute société, qui me proposaient du tabac à priser et dont la prononciation trahissait le passage par Eton et par Oxford.»

A la mort de son père, elle décide d'apprivoiser une espèce particulière de faucon, un autour, dont on apprend qu'il a toujours eu mauvaise réputation auprès des fauconniers. Au 16ème siècle, le poète normand Gace de la Bigne n'écrivait-il pas :
« de bons ostours te faut avoir, mais ne gardez en la chambre des fauconniers ces malgracieux ostrucieux (...) ils sont maudits en l'escripture, car de compagnie n'ont cure»
Plus tard un fauconnier anglais, Baine dira de l'autour qu'il était : «...un scélérat : une brute meurtrière, difficile à dresser, maussade, indisciplinée.»
L'éleveur qu'elle contacte lui affirme :
«C'est très simple. Si vous voulez un autour bien élevé, il n'y a qu'une chose à faire. Lui donner l'occasion de tuer. Aussi souvent que possible; le meurtre, y a que ça pour lui remettre les idées en place.»

L'histoire raconte l'histoire de la relation entre Mabel, une jeune autour et Helen. de la difficulté de cette dernière à gérer une relation privilégiée avec l'oiseau qui, de fait, exclut pour un temps, tout compagnie humaine.
Et de citer ce vers de la poétesse américaine Marianne Moore :
«Le remède contre l'isolement est la solitude.»
Helen s'interroge sur l'attitude à adopter et, pour cela, fait souvent référence au roman de TH White «L'Autour» qu'elle a lu étant jeune et dont elle fait son livre de chevet.
La personnalité de White est complexe, c'est un prof, un homosexuel refoulé qui s'impose des obligations (comme la fauconnerie) pour être accepté dans la bonne société. Pour Helen il est à la fois un miroir et un repoussoir.
TH White affirme qu'il dresserait son oiseau sur les ruines de son ancienne vie.» Helen, elle, affirme : «Quand vous êtes brisé, vous vous mettez à courir droit devant vous...je n'avais pas les mêmes raisons que White mais je courais moi aussi.»

J'ai lu ce livre avec intérêt. Pour le sujet lui-même (une jeune femme qui apprivoise un faucon) et aussi pour Helen elle-même. Sa personnalité. ses efforts pour comprendre le monde. Ses interrogations. Ses tristesses. Ses hésitations.
Ce roman est très loin des romans que j'ai l'habitude de lire, une littérature d'évasion, de fuite, où l'on se confronte et s'identifie avec des personnages souvent très loin de soi. En un mot, des héros.
Helen Macdonald propose un récit où l'on se confronte avec soi-même. Où l'on partage les interrogations de la narratrice, mais il faut pour cela accepter le cadre du récit et cette relation, qui peut rebuter certains lecteurs, qui s'établit et s'amplifie au fil des pages, entre l'héroïne et son faucon.
A la page 21 du récit le lecteur peut lire :
« le simple fait qu'il y ait des autours en Grand Bretagne m'emplit de bonheur. Leur existence dément l'idée que la nature sauvage doive nécessairement être quelque chose qui n'a jamais été touché par la coeur ou la main de l'homme. La nature peut être l'oeuvre de l'homme.»
Après la lecture de cette phrase, les propos des premières pages,qui peuvent lui sembler décousus, se précisent. L'homme et le faucon sont tous les deux des prédateurs, exploitant la nature, chacun à leur manière.

L'écriture d'Helen Macdonald donne à ce roman, dont le thème pouvait apparaitre rebutant , une dimension humaine rare.

«Les livres qui racontent l'histoire d'humains se réfugiant dans la nature pour échapper à la douleur et au deuil appartiennent à un genre de récit très ancien, si ancien qu'il est devenu aussi inconscient et invisible que le fait de respirer.»

Finalement, Mabel ramène Helen vers les humains et lui en donne une vision sans concession, loin des artifices et des faux-semblants du folklore rural, de la chasse et de la fauconnerie :

«...les collines crayeuses possédaient leur propre histoire, une histoire nationale autant qu'une histoire naturelle. Beaucoup plus tard aussi, j'ai réalisé que ces mythes étaient dangereux. Qu'ils fonctionnaient pour effacer d'autres cultures, d'autres Histoires, d'autres manières d'aimer un paysage, d'y travailler et d'y exister. Plus tard encore, j'ai compris comment, imperceptiblement, ils avancent vers les ténèbres.»

Plus loin encore, alors qu'elle fait voler Mabel, elle croise un couple de voisins et tente d'établir le contact avec eux, l'homme a
«un large sourire qui soudain disparaît et se transforme en une expression que je ne comprends pas.
Ca donne de l'espoir, n'est-ce pas ? (...)
De l'espoir ?
Oui. N'est-il pas réconfortant que des choses comme celles-ci existent toujours, un vrai morceau de notre bonne vieille Angleterre, malgré tous ces immigrés qui nous envahissent ?
Je ne sais quoi répondre.

Brûlante actualité...

Ce livre reçu dans le cadre d'une masse critique (merci Babelio et les Editions Fleuve) est une véritable découverte que je recommande vivement. Helen Macdonald. Un auteur à découvrir.
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« Des clairières. Voilà ce qu'il me fallait. Peu à peu, mon cerveau retrouvait ses points de repère et reprenait possession d'espaces inutilisés depuis des mois. Je passais ma vie depuis si longtemps dans des bibliothèques et des salles des professeurs, à fixer des écrans d'ordinateurs, à corriger des essais et à traquer des références universitaires. Ceci était une tout autre chasse. Ici, j'étais un tout autre animal.»

J'ai adoré cette lecture passionnante, émouvante, surprenante.
C 'est en effet une histoire très étonnante que nous narre Helen MacDonald. Elle nous fait partager une période de sa vie pour le moins troublante, et aucunement banale. L'auteure, effondrée par décès soudain de son père, a tenté de se reconstruire en dressant un autour, Mabel. Avouez-vous que ce n'est pas banal du tout !

Elle nous embarque dans le monde de la fauconnerie, de part son histoire mais aussi, à travers l'histoire de la fauconnerie. Elle évoque nombreux écrits sur cet art, principalement ceux de T.H. White.

« Ce livre que vous lisez est mon histoire. Ce n'est pas une biographie de Terence Hanbury White. Mais White appartient à mon histoire quand même. Je dois l'y inclure parce qu'il y a été présent. Pendant le dressage de mon autour, j'ai mené en quelque sorte une conversation silencieuse avec les faits et gestes d'un homme mort depuis longtemps, un homme soupçonneux, morose et résolu à désespérer. Un homme dont la vie me perturbait. Mais également un homme qui aimait la nature, qui la trouvait surprenante, ensorcelante et sans cesse renouvelée. Un homme capable d'écrire "La pie vole comme une poêle à frire !" avec la jubilation d'avoir découvert quelque chose de neuf dans le monde. L'allégresse, le plaisir enfantin que White prend à observer la vie des créatures qui ne sont pas humaines, voilà ce que j'aime le plus chez lui. C'était un homme torturé et malheureux mais qui savait que le monde est empli de miracles tout simples.»

Je suis allée de découverte en découverte. A commencer par un autour. Vous le saviez, vous, qu'un autour était un redoutable oiseau de proie ? L'auteure écrit dans un passage qu'elle a l'impression de brandir un animal bâtard issu du croisement entre une torche enflammée et un fusil d'assaut.
Je ne savais pas non plus qu'un épervier était de la famille des faucons et qu'un «passager» était un oiseau emprunté à la nature sauvage alors qu'il savait déjà chasser.
Et puis, Mr White, le saviez-vous qu'il était l'auteur de L'épée dans la pierre (1938) , roman adapté au cinéma par Walt Disney sous le titre français de Merlin l'Enchanteur. Et bien, je n'en savais rien...

Je n'y connais pas grand chose en ornithologie, je n'ai jamais su reconnaître un merle, d'une bécasse ou d'une grive quand j'accompagnais mon père à la chasse... et pourtant, ce roman, porté par une écriture fluide et poétique, m'a passionné. Au-delà du travail de reconstruction de l'auteure, ce roman est un véritable retour aux sources, une reconnexion avec Dame Nature, une réconciliation avec la nature sauvage, qui fait un bien fou, et qui , par ailleurs alerte sur l'impact néfaste des hommes sur le monde naturel. Certains paysages ont vu disparaître de nombreuses espèces à cause des pesticides. Grrrrr !

« Dix ans auparavant vivaient encore ici des tourterelles des bois. Il y a trente ans, des bruants proyers et d'immenses concentrations de vanneaux huppés. Il y a soixante-dix ans, des pies grièches écorcheurs, des tourcols et des bécassines. Il y a deux cents ans, des grands corbeaux et des coqs de bruyère. Tous ont disparu. [...]Si seulement nous nous battions plutôt pour défendre les paysages vibrants de vie dans toute sa diversité !»

Helen MacDonald rend également un bel hommage à son père et témoigne de la profonde admiration qu'elle avait pour lui avec une sincérité touchante.

« Prendre une bonne photo, c'est ce que Henri Cartier-Bresson appelle le moment décisif : "Votre oeil doit voir une composition ou une expression que la vie elle-même vous offre et vous devez savoir intuitivement à quel moment appuyer sur le déclencheur. le moment ! Si vous le ratez, il disparaît à tout jamais." C'était à l'un de ces moments que je pensais, assise dans cette pièce à attendre que l'autour se nourrisse sur mon poing. Une photo en noir et blanc prise par mon père des années auparavant. Un vieil ébouer, barbe blanche taillée en bouc, chaussettes tirebouchonnées et chaussures éculées. Vêtu d'un pantalon de travail froissé. Une paire de gants. Une casquette en laine. L'appareil doit être tout proche du trottoir et mon père a dû s'accroupir sur la chaussée pour prendre ce cliché. L'homme se penche, son balai de bouleau appuyé sur son flanc. Il a enlevé le gant de sa main droite et, entre le pouce et l'index, il tend une miette de pain à un moineau sur le bord du trottoir. L'oiseau est surpris en plein envol, au moment même où il attrape la miette, et l'expression de l'homme est inondée de joie. C'est le visage d'un ange.»

Je remercie les éditions Fleuve, Babelio et Helen MacDonald, pour cette très belle découverte. Une aventure hors norme que je ne suis pas prête d'oublier. En refermant ce livre, une idée m'est venue, celle de partir en montagne avec un guide forestier observer rapaces et autres volatiles non identifiés, euh ...pardon, non identifiables, par moi-même ! Il ne me reste plus qu'à convaincre ma petite famille. J'en connais deux qui vont être ravis !

Lien : https://seriallectrice.blogs..
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J'avais été attirée par l'annonce de la sortie de ce roman (notamment sur Babelio^^) et le thème de la fauconnerie qui me rappelait des souvenirs d'enfance ("Le faucon déniché" de Jean-Paul Noguès mais aussi le film "Kess" de Ken Loach).
Il s'agit ici d'un roman d'un autre genre même si la fauconnerie et les rapaces sont omniprésents.
C'est l'histoire d'une femme, Helen, passionnée par les faucons, qui doit traversé un épisode douloureux de son existence après la mort de son père adoré dont elle ne peut faire le deuil.
Elle décide "d'apprivoiser" ou de "dresser" (mais aucun de ces termes n'est approprié pour le type de relation dont il s'agit) un autour, une femelle sauvage qu'elle baptisera Mabel.
L'une et l'autres vont évoluer au contact l'une de l'autre.
Ce qui est très original aussi ce sont les citations, extraits et commentaires sur toute la littérature de la fauconnerie, souvent datée et masculine et notamment de nombreux éléments biographiques sur T.H. White auquel Helen s'identifie dans sa mission avec son oiseau.
Un texte fascinant et très fort.
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Merci à Babelio et au édition Fleuve pour ce moment de lecture.

M pour Mabel nous fait découvrir la fauconnerie, son histoire (nombreuses références bibliographiques et surtout celles de T.H. White) et ses rites au travers du dressage de Mabel, une jeune autour. Mais c'est également la difficile acceptation d'un deuil. La douleur et la perte de repaires qui trouvent un chemin dans la relation qu'établie "Hélène" avec Mabel.
Nous apprenons qu'un autour est un rapace d'une rare violence, qui tue avec sauvagerie et pourtant, au travers de son dressage, l'oiseau nous apparaît sympathique grâce à une écriture fluide et détaillée. le parallèle entre cette expérience et celle de T.H. White lui permet d'accepter petit à petit la disparition brutale d'un père à très forte personnalité. Malgré tout l'auteure nous fait vivre son repli sur sa souffrance et son isolement du monde extérieur de manière subtile, jusqu'au moment ou elle s'identifie à l'autour et finie par reprendre tout doucement sa vie en main. Par ailleurs les descriptions des paysages anglais apportent beaucoup au récit.
Le récit plein de mélancolie est absolument fascinant. A conseiller pour son thème et son écriture.
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Helen est une toute jeune fille qui rêve de fauconnerie. Passion théorique au demeurant, qu'elle assouvit à travers les livres jusqu'au jour où elle découvre les Autours - rapaces altiers et impitoyables, et quasi impossibles à dresser.
Elle est devenue fauconnière lorsque son père décède brutalement. L'éprouvante douleur qu'elle éprouve vient à se cristalliser petit à petit autour d'une seule idée: dresser un Autour, ce rapace mystérieux qui la hante depuis l'enfance. le dressage est long et douloureux, semé de doutes et d'embûches, elle est quelques fois proche du renoncement. Mais ce voyage presque mystique qu'elle fait avec Mabel, son Autour, est surtout celui de son passé et du deuil de son père.
Ce roman est magnifique. Il m'a profondément parlé et touché. La façon dont l'autrice fait le parallèle entre le parcours du deuil et le dressage de l'oiseau sauvage est bouleversant.
Je n'ai pas réussi à m'en détacher et j'avoue qu'il est resté gravé en moi bien longtemps après que je l'ai eu terminé…
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J'ai adoré tout simplement.
Quel beau testament que nous livre l'auteur. Oui, testament de ce qu'elle lègue après son deuil, son autour, cette histoire.
J'aime la beauté de la métaphore de l'animal qui est sa réalité à vrai dire... passer les étapes du deuil à travers le dressage d'un autour rend si profond sa douleur, si compréhensible.
C'est vraiment bien écrit et si on arrive à lire entre les lignes de son histoire au delà de la "monstruosité" que représente le dressage pour certains, j'ai trouvé cela fascinant au contraire. Tout ce rapport entre proie, prédateur, dressage. Qui est la proie de qui ? L'humain ou l'animal ? de qui ? La liberté ou la captivité ?
Excellent en tout points.
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Une immersion émouvante, sauvage et poétique dans le monde des oiseaux.
Je n'étais pas particulièrement intéressée par le thème des rapaces et plus spécifiquement des fauconniers, ce livre m'intéressait surtout pour le processus de deuil vécu par la narratrice. Cependant, grâce à la plume lyrique et poétique de l'auteur, j'ai pu m'immerger complètement dans cet univers et l'apprécier.
J'ai beaucoup aimé le fait que ce livre ait plusieurs voix, plusieurs plumes, celles des différents experts de fauconnerie, de l'auteur elle - même et surtout celle de T.H.White. Ce roman m'a permit de découvrir cet auteur et ses nombreux ouvrages qui sont déjà sur ma liste d'oeuvres à lire.
La relation de la narratrice et de son père est établit de manière très pudique mais en même temps très intime, j'ai été très touchée par leur relation.
J'aime aussi bien entendu la relation qui s'installe petit à petit entre l'autour et Helen, une relation fusionnelle et aussi indispensable à l'auteur pour surmonter l'épreuve qu'elle affronte. Toutefois, je reste légèrement mal à l'aise devant les scènes de dressage de l'autour car pour moi, certainement un peu naïvement, l'oiseau reste un symbole de liberté et je ne vois pas l'intérêt de le programmer pour nous obéir. À part, procurer une sensation de puissance à la personne qui s'en charge. Un oiseau dressé perd toute sa magie à mes yeux. Je suis certes impressionnée par le savoir-faire, la dévotion et la patience qu'exige ce métier mais je ne vois pas trop l'intérêt de cette démarche.
Ce fut donc une belle aventure dans cet univers qui m'était inconnu, une découverte intéressante mais surtout la découverte d'une plume et de plusieurs auteurs : Helen Macdonald et T.H.White.
Lien : https://labullederealita.wor..
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M...comme Mabel. M....Comme magnifique....M ....Comme merveilleux. Je sors de cette lecture enchantée. C'est fou. Babelio a le sens de vous faire découvrir des livres que vous n'auriez même pas choisi dans une librairie ou une bibliothèque. Il faut dire déjà avec un autour sur la couverture. Cela ne donne pas très envie. Les premières pages sont compliquées. Il faut s'accrocher mais après quel bonheur quand on est entré dans l'histoire. L'histoire de cette jeune femme, passionnée de fauconnerie, professeur, célibataire sans attache. Elle a perdu son père. Et cette perte l'emmène dans une quête initiatique : apprendre à "apprivoiser" un autour. Mabel entre dans sa vie.
Déjà enfant, elle était passionnée : lecture, dessins, confection d'objets (jets, capuchons). Elle désire un autour depuis l'âge de douze ans mais cet oiseau lui fait froid dans le dois car réputé difficile à dresser. Elle préfère alors les faucons. Elle considère que le faucon pèlerin est le plus bel oiseau de la Création.
Puis elle reçoit son autour . Il vient d'Ecosse. C'est une jeune femelle avec qui elle accroche dès les premiers instants (ce n'était pas l'autour qui lui était destiné).
Pendant tout ce dressage, elle relie aussi des livres qu'elle a parcouru enfant comme le livre de White. Un dialogue s'installe parfois entre eux. Car White lui a échoué.
Ce dressage n'a rien à voir avec ce qu'elle attendait. Elle va de surprise en surprise. Mabel découvre tout tel un bébé. Et les étapes se suivent : la nourriture, la promenade du rapace (une étape cruciale pour avoir un autour bien dressé). Parfois, Mabel redevient sauvage, marginale, incompréhensible ou Est-ce le dresseur qui sent cela ?
Elle découvre que l'autour est joueur.
Mais elle craint son vol. Faire voler un autour librement a toujours quelque chose d'effrayant.
Mais ces différentes étapes cachent peu à peu quelque chose qui refait surface ; la mort du père ; le dresseur souffre d'une profonde dépression.
Peu à peu, le dresseur accepte cette dépression et aussi le côté sauvage de Mabel. Elle reprend place chez les hommes.
Finalement, l'autour l'a aidé à avancer dans la vie.
C'est un très, très beau roman. Et je crois que je connais déjà le prochain destinataire. Et maintenant, je ferais plus attention au petit faucon que je vois dans les champs. Ce sont des oiseaux merveilleux. Merci Mabel.
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