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Citations sur Pensées simples, tome 3 : Des livres mouillés par la mer (5)

Malgré les apparences, écriture et poésie sont deux termes dont l’association ne va pas de soi : comme l’eau et le feu, ils furent même opposés dans toutes les traditions où la poésie était orale. L’oralité ressemble à l’eau, perpétuellement fluide et renouvelée elle épouse la pente du temps, toujours vivante elle est fidèle à elle-même en prenant la couleur des terrains traversés, de la lumière changeante à toutes les heures, de la mémoire du récitant qui la détourne en improvisant. L’écriture ressemble au feu, elle laisse des traces aussi noires, aussi nettes que les ruines d’un incendie : c’est une éternité ambiguë qui permet au poème de vivre au loin, de se propager dans l’espace et dans le temps mais ce qu’elle sauve de l’oubli est en partie mort, comme une fleur séchée entre les pages d’un livre dont le charme est encore agissant et le poison infiniment subtil. (p. 40-41)
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Les poètes ont très peu écrit dans une autre langue que la leur. Leur langue maternelle, qu’on devrait plutôt appeler leur langue natale. Sans doute parce que cette langue ne demande aucun effort, qu’elle vient de l’intérieur alors qu’une langue apprise reste toujours extérieure à soi-même. La langue poétique est comme la langue de tous les jours : son rythme est aussi nécessaire, aussi volontaire et régulier que la respiration, ses sonorités sont aussi familières que les bruits quotidiens qu’on n’entend pas plus que le battement du sang, elle est le liquide amniotique où baigne le poème. Ce n’est pas seulement la langue de l’enfance, c’est une langue prénatale… et un surcroît de sens. (p. 29)
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Les sculptures de Giacometti sont des fantômes pris dans le plâtre. […] Ces hommes sans attributs ni costumes, ces femmes dénuées de tout artifice ont un pouvoir étonnant sur la prose de Jean Genet. Intimidé par ces statues qui font d’un atelier un temple, son style un peu chochotte est pour une fois débarrassé de ses habituelles joliesses et du parler trop fleuri de ses truands à l’eau de rose. Impossible, avoue-t-il lui-même, de dire de « gentilles conneries » devant ces momies debout, enveloppées dans la poussière du temps. (p. 99-100)
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Cernovik. C’est par ce mot que Chalamov désignait le brouillon invisible de ses écrits, rumination intérieure qui n’était pas un premier jet mais la version quasi définitive, inscrite en creux, des Récits de la Kolyma. (p. 28)
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Ce que Nadejda Mandelstam garde en mémoire, lorsqu’elle apprend par cœur un poème, c’est « le domptage artistique de l’effroyable ». La formule est de Nietzsche et c’est ainsi qu’il définit le sublime dans La naissance de la tragédie. (p. 28)
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