Karel commence par se rappeler les paroles de son père, son affirmation rageuse et inflexible que tout est toujours de la faute de quelqu'un que le blâme doit finir par tomber sur le coupable.
Il vit ses trois fils devant la porte grande ouverte, en chemise de nuit, les joues baignée de larmes.
Le plus grand stanislav, n'avait que cinq ans, mais il tenait ses cadets comme l'aurait fait un père.
Au dehors, la nuit tombait, et elle ferma les yeux quand le bébé leva la main, ses tout petits doigts se pliant avant de se relâcher contre la courbure de son sein. C'est alors qu'elle sentit son lait descendre, cette cascade fraîche qui tombait à l'intérieur d'elle-même et se réchauffait immédiatement, comme sous l'effet d'un mouvement propre ou grâce à la soudaine proximité de son coeur. Le flot lui semblait si puissant qu'elle eut l'impression de l'entendre, qu'elle s'imagina cette houle brûlante envahir tous les chenaux de son corps, et l'espace d'un instant, alors qu'elle changeait le bébé de sein, elle choisit de croire que cette paix et ce soulagement étaient les siens.
Un homme doit toujours tenir sa parole, gamin. Qu'il la donne à un homme, à une bête ou à lui-même, c'est pareil.
Il se demande si un homme peut prendre feu tout seul, juste à cause de la friction produite par ses propres peurs.
Il ouvrit sa braguette, et quand il arrosa le tronc à l'écorce épaisse d'un vieux pacanier, l'odeur faillit le renverser : non pas celle, ammoniaquée, de l'urine, mais les remugles fermentés des rapports qu'il avait eu avec Elizka, les senteurs âcres du corps de la jeune femme aigries par celles, musquées, de sa propre sueur.
Jusqu'où peut-on se fourvoyer le long de son funeste chemin?
Et bien souvent, quand nous prions pour les morts, nous tombons dans le piège de croire qu'ils doivent tellement regretter leur vie terrestre et ceux qu'ils ont laissés derrière eux, c'est à dire nous, alors qu'en fait, il est certain qu'auprès du Seigneur ils ne regrettent rien du tout. Alors ne priez pas en pensant qu'ils sont peut-être en train de souffrir. Priez pour eux parce qu'ils ont été délivrés de cette existence provisoire, parce qu'ils ont été libérés du joug du temps alors que nous avons encore à le faire. Priez parce que, pour eux, il n'y a ni passé ni avenir, et parce que nos prières peuvent apaiser les souffrances qu'ils ont connues quand ils étaient sur terre parmi nous, pauvres pécheurs.
Dans le ciel, flottant paresseusement au-dessus des champs situés le plus au sud, un nuage isolé portait sur ses franges une touche de couleur telle que Karel se demanda s'il ne s'était pas enfui en emportant discrètement quelques rayons du soleil couchant peu méfiant.
Les femmes, elles sont jamais assez payées pour tout ce qu'on leur prend.