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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans certains cas, L Histoire oblige à faire des choix.
Douloureux comme dans une tragédie grecque.
Partant de ce choix douloureux Marco Magini compose un roman qui raconte le plus grave des faits historiques survenu en Europe à la fin de la deuxième guerre mondiale : le carnage de Srebrenica.
Le drame de consciences contraintes de renoncer à une voie de justice. le choix d'un des plus dramatiques moments de l'Histoire européenne récente.
Un an après les faits a lieu le procès au Tribunal pénal international.
Trois voix alternent dans une partition bien rythmée.
Deux voix qui nous ramènent en arrière et une troisième, extérieure, celle du juge Romeo Gonzales, venu d'Espagne, pour le procès.
Dirk, hollandais, casque bleu de l'ONU, sans arme, assiste impuissant à l'inertie de l'OTAN et au massacre d'un peuple.
Drazen, bosniaque de parents croates n'adhère pas à l'idéologie serbe mais n'a pas d'autre possibilité. "Pas un fanatique, pas un jeune qui a subi un lavage de cerveau, mais un des derniers à prendre part au conflit, quand toutes les autres options étaient épuisées, pour nourrir sa femme et sa fille".
A la page 223 le juge se pose une question : "La justice des hommes peut-elle exister"?
Quand on connaît la suite, on peut affirmer que non.

Un premier roman d'une puissance bouleversante.
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Il est des romans passés sous les radars de l'actualité dont la lecture vous secoue durablement. Comme si j'étais seul est l'un de ceux-là.
La guerre en ex-Yougoslavie n'est plus qu'un vague souvenir pour beaucoup et le sujet n'intéresse plus les télés qu'aux heures creuses de la nuit sur des chaines confidentielles. J'ai lu et vu nombre de documentaires, de livres d'histoire, de mémoires sur le sujet mais je n'avais pas encore lu un roman si proche du terrain et dont le ressenti pouvait sonner si juste.
Parti pris est de donner à tour de rôle la parole à trois personnages : deux acteurs du conflit et un juge du TPI.
Dražen le soldat croate enrôlé dans l'armée serbe va participer au massacre de Srebrenica, Dirk, personnage de fiction, faisait partie du contingent des Casques bleus hollandais travaillant sous mandat de l'ONU.
Le titre si bien choisi Comme si j'étais seul rend compte du désarroi des témoins enrôlés malgré eux dans ce tourment. Ils n'avaient pas choisi ce destin. le « Yougoslave », comme il se définit, est essentiellement soucieux du bien-être de sa famille, le Hollandais, à la dérive dans « cette région de merde », « ce coin oublié de Dieu » qu'est la Bosnie en 1995 est frustré par son impuissance. Tirer serait prendre parti dans le conflit. Il est là pour faire respecter la résolution 836 de l'ONU. Triste farce.
Jusqu'à ces jours poisseux de juillet 1995 où à Potočari, proche de Srebrenica, les Casques bleus sépareront, sous le regard des Serbes, les hommes des femmes et les feront monter dans des bus. Quelques kilomètres plus loin les Serbes extermineront 6 à 8000 hommes musulmans jeunes et vieux compris. Dražen, sera à son corps défendant l'un des assassins. Il sera le seul à répondre de ses actes au TPI et plaidera coupable.
L'intelligence du jeune auteur est d'avoir introduit le juge Romeo Gonzales, un juge espagnol mal à l'aise, effacé et en fin de carrière. Il n'a rien à gagner ici et va porter sur le TPI de la Haye mais aussi sur ses collègues un regard sans concession. Plus intéressant encore sa condamnation de l'accusé Dražen sur des motifs qu'il reconnaîtra futiles. On a jugé un lampiste. Les vrais coupables n'étaient pas sur le banc des accusés lors du procès de Dražen Erdemović.
Il est difficile de démêler la part du vrai et de la création romanesque dans ce roman. Dražen, personnage réel, n'était pas un psychopathe assoiffé de sang comme pouvaient l'être d'autres personnages du roman, le Hollandais fictif a certainement un double quelque part qui doit aujourd'hui vivre avec le souvenir de la terrible complicité de son régiment.
On a l'impression d'un terrible gâchis des belligérants eux-mêmes et de la communauté internationale. «Communauté internationale ? Il n'avait pas fallu longtemps à Romeo Gonzalez pour comprendre que lorsqu'une chose est supposée intéresser tout le monde, elle finit par ne plus intéresser personne. »
Retour réussi sur une guerre absurde. Un roman peu connu en France mais qui s'est vu discerner plusieurs prix mérités en Italie.

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Trois hommes,
Trois voix
Une seule question :
Que fais-je donc là ?



1995, Ex-Yougoslavie.
-Drazen vient de s'engager dans l'armée serbe. Lui qui est le multiculturalisme même de ce pays, se voie obliger en ce temps difficile à trouver du travail pour nourri sa fille et sa femme. Il n'a pas le choix ! C'est ça ou crevée de faim.
-Dirk, solda néerlandais, casque bleu de l'OMU est présent sur le fond de ce génocide humain. Il doit protéger la population musulmane des serbes.
-Romeo Gonzales vient d'être nommé juge au tribunal pénal international de la Haye. Il s'apprête un an après les faits à rendre son verdict concernant Drazen.

Trois hommes présent dans cette guerre dans différente position voient, jugent ce massacre humain. Leur point commun : ils n'ont rien à faire dans ce conflit qui les dépasse. Dans ce conflit meurtrier et inutile.

Dans son roman, Comme si j'étais seul, Marco Magini fait ressortir avec talent toute l'horreur de cette troisième guerre mondiale injustifiable.
Profond, réfléchit, ce roman est une oeuvre philosophique invitant sin lecteur au questionnement : un homme est-il coupable d'avoir tué sous la menace pour sa propre vie ? Quelles sont les réelles motivations poussant des hommes à tuer ?

Comme si j'étais seul, Marco Magini, édition HC, troisième trimestre 2016, 197 pages.
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WAOUFFF ! Ce livre sur le massacre de Srebrenica est comme une forte vague qui vous renverse, vous terrasse et vous laisse sonné un bon moment. Lorsque l'on se relève enfin, il n'y a plus de haut, plus de bas, on est heureux d'avoir échappé à la noyade mais le retour est difficile.
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Un livre dur, magnifiquement écrit. Trois protagonistes relatent leurs quotidiens, leurs craintes, leurs doutes, leurs rôles dans ce conflit abject et inimaginable dans les Balkans. le massacre de Srebrenica est considéré comme le pire perpétré en Europe depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Comment l'ONU a-t-elle pu être aussi ridicule de lâcheté ?
J'ai fermé ce livre abasourdi.
Un très bon livre de Marco Magini.
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Il s'agit d'analyses et de jugements autour du massacre de Srebrenica. Il y a des juges, des militaires des forces internationales. Il y a ceux qui élaborent le massacre et le mettent en oeuvre, il y a les victimes.

Très marquant et bien écrit. En allant lire en complément des récits historiques correspondants j'ai été bouleversé. En essayant d'aller jusqu'au bout de la réflexion sur la culpabilité, réflexion à laquelle nous engage le livre, on comprend encore mieux les atermoiements, les actes et les sentiments "obligés" des acteurs et des juges.
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Un roman qui reprend trois témoignages durant un procès au tribunal de la Haye.

Celui d'un soldat Serbe.
Celui d'un juge de la cour pénale internationale.
Celui d'un ancien casque bleu.

Le procès est celui du massacre de Srebrenica, durant lequel les Serbes ont abbatu 8372 Bosniaques en juillet 1995.

La question autour de ce roman est la suivante:
Qui est vraiment le coupable ?

Est-ce Drazen, soldat Serbe, enrôlé de force, qui a été contraint d'appliquer les ordres ?

Est-ce l'organisation des casques bleus, qui n'a osé agir ?

Ou est-ce la cour internationale qui n'a osé prendre de parti ?

C'est autour de cette intrigue que nous aurons la version des trois protagonistes, témoins d'un déferlement de violence; dans ces pays, longtemps opprimés sous l'union Soviétique, qui ont voulu revendiquer leurs frontières, leurs libertés, mais surtout régler leurs comptes après tant d'années de cohabitation forcée.

Un roman violent, mais d'un intérêt énorme, nous rappelant que la paix en Europe n'est pas acquise depuis 1945, et que des exactions aussi violentes avaient encore lieu il y a à peine plus de 25 ans.
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J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une Masse critique de Babelio, intéressée par ce premier roman de la rentrée littéraire dont on a peu entendu parler. C'était l'occasion de découvrir un auteur mais aussi d'en apprendre un peu plus sur ce conflit qui fut si proche de nous mais dont nous connaissons peu de chose. Autant La Jeune fille et la guerre portait sur l'identité, la culpabilité mais se centrait beaucoup sur une histoire individuelle sans trop s'attarder sur le conflit lui-même, autant ce roman nous plonge au coeur du génocide. Je vais être honnête, ce fut une lecture parfois éprouvante mais avec un tel sujet, il me semble difficile de faire dans la dentelle. Éprouvante pour plusieurs raisons : deux scènes le sont par l'horreur qui s'y produit. L'armée serbe se comporte en conquérant avec haine et bestialité. L'ensemble du roman est aussi violent politiquement. La gestion par l'ONU est désastreuse et les casques bleus en seront également les victimes. Certaines scènes de passivité totale semblent complètement irréalistes. L'auteur a ajouté à la fin quelques notes sur « l'après-conflit » et ces dernières finiront de me sidérer. de même, les coulisses de la Cour pénale internationale ne feront pas remonter le baromètre du moral.

L'alternance des points de vue des trois personnages est vraiment intéressante et permet d'appréhender les différents angles d'approche de la situation. Ces trois hommes font preuve de beaucoup d'humanité malgré le contexte et leurs actes, dans le sens où nous n'avons pas affaire à des héros mais à des personnes tout à fait communes. Cela ajoute encore à l'émotion parce qu'il est évident que nous pourrions être à leur place. Dražen n'est pas un soldat de carrière, il cherche simplement un travail pour nourrir sa famille. Celui qui m'a le moins touchée est sans doute le juge du fait de sa distance par rapport à l'affaire au début du roman et de ses réflexions assez égocentriques. Mais je pense que c'était le but recherché par l'auteur aussi : montrer que nous restons tous des hommes et que beaucoup de détails peuvent influer l'Histoire.

À la fin de cette lecture, je me suis faite la réflexion que nous en savons très peu sur cette guerre. Je n'ai pas souvenir de l'avoir abordée en cours d'histoire et cela ne fait plus l'actualité. Elle fait pourtant partie de l'histoire de l'Europe et elle révèle beaucoup sur la politique, la diplomatie, la justice internationale mais aussi sur les hommes pris dans des engrenages qui les dépassent. Ce roman ne peut pas vous laisser indifférent. Il vous bouscule, vous questionne, vous choque. C'est une lecture qui m'a beaucoup marquée et qui me semble essentielle si l'on souhaite en apprendre davantage sur notre histoire.
Lien : https://lecturesdemistinguet..
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1995, le conflit en Yougoslavie autour de trois de ses acteurs.
Un casque bleu néerlandais, un juge du Tribunal International de la Haye et un soldat qui s'est engagé pour faire survivre sa famille mais qui se veut avant tout Yougoslave. le tout basé sur une histoire vraie.

Une histoire dure et crue. En particulier les scènes
de viols et de massacres. Qu'il était nécessaire d'évoquer pour ne pas passer à côté des faits.

Le casque bleu est passionnant : son désespoir, sa volonté inassouvie d'être différent, son état psychologique à son retour chez lui.

Le soldat l'est tout autant : son engagement, les terribles actes qu'il commet contraint et forcé, son auto-dénonciation et donc sa morale, son amour profond de la Yougoslavie.

Le juge m'est apparu comme un personnage plus en retrait et moins profond du fait d'un excès de digressions sur sa vie privée. Mais peut-être est-ce là une volonté de l'auteur afin de montrer que la Cour Pénale Internationale est là pour donner le change sans avoir de réelle fonction de dissuasion voire même sans aboutir à des sanctions cohérentes et faisant sens.

C'est donc une oeuvre prenante et factuelle qui permet de comprendre ce qu'il s'est passé au cours de ce conflit quasi-oublié. Et, en particulier, l'inefficacité totale de l'ONU. À lire, vraiment!
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