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Critique de Lamifranz


Pierre Magnan, pour ceux et celles qui ne le connaissent pas, est un auteur de romans policiers ;
Pierre Magnan, pour ceux et celles qui ne le connaissent qu'imparfaitement, est un écrivain très attaché à ses racines de Haute-Provence ;
Pierre Magnan pour les heureux veinards qui ne le connaissent pas et vont le découvrir, est donc un auteur de romans policiers qui se situent dans les collines et la basse montagne des Alpes de Haute-Provence (ex-Basses-Alpes), c'est-à-dire qu'il cumule, en quelque sorte, le polar et le roman de terroir.
Nous sommes à Manosque. Ce nom ne vous rappelle personne ? Jean Giono, bien sûr. Nous sommes en plein dans son pays, celui qui a nourri son oeuvre, et qui nourrit maintenant celle de l'un de ses élèves, Pierre Magnan, qui, lui, a choisi plutôt d'ancrer dans ce décor des intrigues policières bien ficelées qui mettent en valeur le pays autant que ses habitants.
A Manosque, donc, cinq amis créent une association (pas vraiment caritative) où ils mettent en commun une somme d'argent. Si l'un des membres décède sa part revient aux autres. Et justement, c'est ce qui arrive à Paterne Lafaurie, un pomiculteur « à l'ancienne », adepte du pesticide intensif. Accident ? Suicide ? Meurtre ? Et ce n'est que le début… le commissaire Laviolette et le juge Chabrand, à nouveau associés dans un attelage insolite mais finalement efficace, vont se trouver devant une enquête du genre ardue et passablement mystérieuse. Les paysans, dans ce pays, sont rudes, et la terre et l'argent sont plus importants que tous les sentiments. Il est des vérités qui n'ont pas intérêt à être dites, et celles qui sont dites, eh ben, elles font rudement mal.
Les habitants ressemblent au pays (comme chez Giono, mais ce n'est pas surprenant). Il y a des drôles de gens : une mémé de quatre-vingt-quinze ans qui dit la bonne aventure… Un artiste, (c'est lui Hélios), « artiste lapidaire », prénommé Sidoine Apollinaire… Un mystérieux porteur de télégrammes en motocyclette, coiffé d'un casque rouge…
« L'an 19… le 12 octobre, ont comparu devant nous Jean-Baptiste Ambroise Chalgrin, notaire, docteur en droit, successeur de son père, etc., les nommés : Lafaurie Paterne Omer, cultivateur, etc. ; Dardoire Félicien Emile, viticulteur, etc. ; Armoise Etienne Lambert, officier ministériel, etc. ; Chantesprit de Gaussan Aubert Calixte Anne, propriétaire, etc. ;Hélios Sidoine Apollinaire, artiste lapidaire, etc. lesquels ont déclaré vouloir former entre eux pour la durée de trente ans… »
C'est dans cet ordre que les signataires les uns après les autres, passent de vie à trépas. Est-ce à dire que le dernier, Hélios, est l'instigateur et le maître d'oeuvre de cette monumentale machination ? Et les femmes, dans tout ça ? Ah ben oui, parlons-en des femmes. Elles sont, mais elles sont…je ne peux pas vous dire ce qu'elles sont, vous le verrez bien en lisant ce roman rustique, truculent, et en même temps tragique, portrait d'un monde de paysans, de propriétaires terriens et de petits bourgeois provinciaux, qui n'est pas sans rappeler certaines scènes De Balzac, de Zola, ou plus près de nous de Marcel Aymé
Le tout servi par la belle langue de Magnan, colorée, évocatrice, à l'occasion égrillarde, et toujours pleinement respectueuse du terroir qui a fait naître ces histoires…
A noter une excellente adaptation de Bruno Gantillon en 2011, avec toujours l'excellent Victor Lanoux dans le rôle de Laviolette
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