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Critique de le_Bison


Dans un pays lointain coule un long fleuve, un fleuve qui se nomme Amour où les âmes suivent le flot tranquille du clapotis de l'eau. Parfois sereines, parfois rugueuses, ses eaux lèchent le rivage de l'Amour. Et l'Amour, je connais un gars qui en parle très bien. Pas moi, je te rassure. Dans un coin immensément loin de cette Sibérie, j'ai croisé ce gars aux yeux immensément clairs, Andreï Makine qui m'avait émerveillé lors d'une première rencontre, comme quand on croise le regard d'une femme sublime sur un quai de gare, transsibérien oblige... Je m'étais donc mis en condition, chapka et caleçon molletonné, vodka au frais, Tchaïkovski sur la platine.

Andreï Makine écrit des histoires d'amour qui se joue en un regard ou un silence. Elles sont certes brèves mais elles deviennent éternelles. du genre qu'on n'oublie pas dans une vie, même et surtout dans les putains de vie. A tout âge, aussi. Des bribes de souvenirs reviennent à la surface. Dans une chambre, à la terrasse d'un café, au pied d'une colline… Une rencontre d'un jour mais qui devient celle d'une vie. Une rencontre, un souvenir, vivre dans cette rencontre, mourir dans ce souvenir.

Je m'assois donc sur un banc, le regard posé sur ce lac où un cygne s'ébat dans la calmitude de cette fin de journée. le silence en impose, je l'écoute. le ciel pleure ses flocons de neige, les histoires d'amour sont souvent tristes. Je contemple le vide qui s'avance devant moi, le livre à la main. Des brèves histoires de vie, d'hommes et de femmes, de rêves aussi. Un livre sur les brèves amours éternelles. Chut. le silence enveloppe la tristesse de ce banc, de ce pauvre type assis sur ce banc, de ce cygne qui regarde un pauvre type assis sur un banc. le silence d'un amour, le fil d'un roman au fil des saisons. Insaisissable Amour.

Quelques fulgurances toujours aussi magiques sortent de la plume de l'auteur. C'est pour vivre ces moments-là que je poursuis mes lectures. L'Amour par procuration. Même si ses brèves sont trop brèves et que l'ivresse des grandes steppes ne m'a pas autant enivré que lorsque j'ai traversé l'archipel d'une autre rive le regard lumineux d'Andreï attire toujours mon regard de lecteur, du moins tant que la bouteille de vodka ne s'est pas totalement évaporée de la chaleur de deux corps nus dans la taïga.
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