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Citations sur Aux origines du Goulag (12)

Les camps de concentration de Kholmogory et de Pertominsk furent créés par le gouvernement soviétique à la fin de 1919. On y déportait des gens de tous les coins de la Russie. Sur place, ils habitaient dans des baraquements construits à la hâte qui n'étaient jamais chauffés, même au comble de l'hiver (lorsque la empérature dans ces contrées nordiques descendait à moins cinquante ou moins soixante degrés).

Voici quelle était leur ration journalière : une pomme de terre pour le petit-déjeuner, des pelures de pomme de terre cuites à l'eau pour le déjeuner et une pomme de terre pour le dîner. Sans même parler de viande ou de beurre, ils n'avaient droit ni à une croûte de pain ni à quelques grammes de sucre. Portés au désespoir par la tourmente de la faim, ceux qui souffraient d'inanition rongeaient l'écorce des arbres. Sous menace de torture ou de mort, on les obligeait à accomplir le travail le plus pénible : essoucher, travailler dans des carrières, flotter du bois.
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Il serait fastidieux de rappeler toutes les exactions et les tortures infligées aux détenus des Solovki, depuis la fameuse "torture des moustiques", qui consistait, durant l'été, à exposer, des jours durant, les prisonniers dénudés, livrés en pâture aux moustiques, particulièrement nombreux et voraces dans ces îles septentrionales parsemées de lacs et d'étangs - jusqu'à l'enfermement des détenus punis dans des trous creusés dans le sol gelé, si exigus que le malheureux qui y était enfermé ne pouvait ni se tenir debout, ni allongé, et en ressortait irrémédiablement estropié. (...) le sort des femmes (qui constituaient environ 10% des détenus) était particulièrement atroce. Dans cet univers de non-droit absolu, elles n'étaient qu'un bétail sexuel pour les tchékistes. Une fois qu'elles avaient contracté une maladie vénérienne, les femmes contaminées étaient envoyées au mouroir installé dans l'église du Golgotha; si elles tombaient enceintes, elles devaient subir un avortement.
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La "loi des Solovki", c'était l'arbitraire absolu érigé en règle.
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En 1922, pour célébrer l'anniversaire de la révolution d'Octobre, le Conseil des commissaires du peuple de le RSFSR (la Russie est alors ainsi dénommée) proclama une amnistie totale de tous les adversaires du pouvoir soviétique. Cette amnistie signée par la fine fleur du Parti communiste était officiellement censée recouvrir d'un oubli total les "crimes" commis par les gardes blancs de tout rang.

Aujourd'hui encore, je ne parviens pas à comprendre comment j'ai pu croire en la bonne volonté de gens qui ont toujours menti. Ayant combattu à mort le pouvoir soviétique, je connaissais pourtant mieux que personne le prix des promesses bolcheviques. Cette bêtise impardonnable, je l'ai payée de mes souffrances dans les camps des Solovki. Que mon sort serve d'avertissement aux personnes crédules.
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(...) un certain nombre d'aspects de la vie des détenus tels que nous le rapportent avec force Malsagov et Kisselev-Gromov dans leurs témoignages sur les Solovki ne se retrouveront pas dans les camps du Goulag des années 1930-1950 : les bâtiments religieux désaffectés et autres ermitages dans lesquels ont été installés les détenus des Solovki auront été remplacés par d'immenses zones de baraquements ordonnés; plus important, le statut relativement privilégié dont bénéficiait, dans la première moitié des années 1920, une partie des détenus politiques (socialistes ou anarchistes) aura été supprimé; les tortures gratuites, les exactions sadiques et les violences sexuelles infligées aux détenus par les tchékistes pervers qu'aucune autorité n'encadre auront laissé la place à une savante gradation de punitions "normées", régies par un règlement bureaucratique. Comme le remarque justement Alexandre Soljenitsyne, dans le Goulag pleinement développé des années 1930-1950, "l'esclavagisme est devenu un système organisé et médité".
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Dans une conférence donnée en juillet 1945 devant les hauts responsables du Commissariat du peuple aux Affaires intérieures, le NKVD, Viktor Nasedkine, le chef du Goulag, expliqua que le système des camps soviétiques était né véritablement aux îles Solovki en 1923 (...).

Le camp des Solovki fut en effet une sorte de laboratoire où furent mises au point les méthodes qui allaient être appliquées par la suite dans les autres camps du Goulag. On y expérimenta en particulier les moyens d'améliorer la productivité des détenus, allant de la promesse de libération anticipée à la mise au cachot, voire à l'exécution pour refus de travailler, en passant par la réduction des rations alimentaires, si la "norme" n'était pas réalisée.

C'est aux Solovki aussi que le régime soviétique dissimula pour la première fois l'horreur concentrationnaire derrière une façade de propagande, claironnant sa volonté de "rééduquer les détenus par le travail".
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