AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Seraphita


Alexandre Astrid n'est pas un homme bien équilibré, loin s'en faut. le manuscrit sibyllin qu'il reçoit ce jour-là dans sa boîte aux lettres ne va pas l'aider à se remonter le moral. le titre, déjà, paraît bien énigmatique :
« So I turn'd to the Garden of Love
That so many sweet flowers bore… »
L'écrit va résonner douloureusement puisqu'il le convie à remonter le fil de son existence, d'un passé bien tordu, et à se poser une question ultime : qui manipule qui ?

Je ne connaissais pas Marcus Malte. Afin de découvrir son oeuvre, j'ai choisi « Garden of love », en raison de l'édition : Zulma. J'avais déjà pu apprécier la qualité de mise en page et de typographie de cet éditeur avec certains livres de Pascal Garnier, notamment « Lune captive dans un oeil mort », un véritable coup de coeur. Marcus Malte – Pascal Garnier, voici un rapprochement qu'il est facile d'opérer après la lecture du magistral et saisissant « Garden of love » : la noirceur semble bel et bien au rendez-vous chez ces deux auteurs. Alexandre Astrid semble condenser tout le potentiel de noirceur que la couverture du livre promettait. L'auteur d'ailleurs le lui fait dire, « l'heure mauve » est son heure préférée :

« Puis je me suis retrouvé dehors à cette heure qui m'était familière : l'heure mauve. Est-elle la première du jour ou la dernière de la nuit ? » (p. 238.)

Coup de coeur, donc, pour la noirceur. Mais pas seulement : le style de l'écriture, en second lieu, m'a conquise : Marcus Malte emploie un langage métaphorique, par allusions, ellipses. Il sait dire, sans dire. A-t-il su retranscrire le langage des rêves ? La réalité semble ici mouvante sous les pas d'Alexandre – ou bien Matthieu ? Matthieu ou Ariel ? « Suis-je éveillé ? Suis-je endormi ? au pays des rêves ? des cauchemars ? ». Ainsi pourrait se questionner Alexandre.

Le lecteur s'accroche aux pas chaotiques et ténébreux de cet ancien flic, en quête d'une vérité, de lumière là où les zones d'ombres ont envahi la mémoire, le temps qui a passé : « - le temps met du temps à passer… » (p. 290.)

Noirceur des thèmes : perversion, manipulation - qu'on aurait pu voir sous la plume d'un Pascal Garnier ou d'un Thierry Jonquet (dans le magistral « Mygale », par exemple), dans un langage métaphorique, sibyllin, à l'image du manuscrit. Un langage poétique ? Au fait, le titre : « Garden of love » ? Un poème de William Blake

Qui manipule qui ? Telle est la question qui taraude Alexandre à la lecture du manuscrit. Au final, peut-être que c'est le lecteur qui est manipulé, … par la plume talentueuse de Marcus Malte ? Une expérience à renouveler !
Commenter  J’apprécie          160



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}