Inépuisable quattrocento!
On peut adorer la perfection classique de Léonard, Raphaël,
Michel-Ange ou Véronèse, et c'est mon cas, et préférer le foisonnement qui a précédé, sans doute plus tâtonnant, mais aussi si riche d'invention, de formes et de couleurs.
C'est à la découverte d'un de ces peintres du nord de l'Italie que nous convie ce livre, chiné chez un bouquiniste de Bruxelles.
Entre Padoue et Mantoue, peu de distance, et l'essentiel de la carrière de Mantegna se déroule dans ce périmètre. Né à Isola di Carturo, entre Vicence et Padoue, Mantegna, d'origine modeste, fait son apprentissage et réalise ses premières oeuvres dans cette dernière ville. Dès le début, il montre deux caractères qui l'accompagneront toute sa vie: une puissance et une présence des personnages, et une passion pour la Rome antique, notamment son architecture.
Son premier chef-d'oeuvre, la chapelle Ovetari dans l'église des Eremitani à Padoue, a malheureusement été largement détruit par un bombardement en 1944. Il en reste certaines scènes et des reproductions, qui donnent une idée de sa force expressive et narrative.
Devenu peintre officiel à la cour des Gonzague de Mantoue, il réalise la Camera picta du palais ducal où il sait dépasser l'éloge convenu par l'invention, la vivacité, la couleur, la sensibilité, et même l'humour. L'oculus peint au plafond est célèbre pour sa fraîcheur et et sa joie de vivre.
Comme il se doit, il est aussi l'auteur de magnifiques peintures à sujet religieux, comme des saint Sébastien et un saisissant Christ mort.
Il a ressuscité le monde antique avec sa série de fresques consacrées aux triomphes de César, aujourd'hui conservées en Angleterre. Il a aussi décoré le cabinet d'étude (studiolo) d'Isabelle d'Este, duchesse de Mantoue, de grandes toiles à sujets mythologiques et moraux, que l'on peut voir aujourd'hui au Louvre. Enfin, il innova dans l'art et la technique de la gravure, ouvrant ainsi la voie à Dürer.
Un artiste essentiel donc quand on s'intéresse au quattrocento du nord de l'Italie.
Le livre de
Joseph Manca, traduit de l'anglais, nous fait découvrir toutes ces facettes de l'artiste et c'est son grand mérite. Il s'attarde davantage sur la signification des oeuvres que sur leur histoire, ce qui est appréciable. Malheureusement, l'auteur n'évite pas les clichés et le simplisme dans ses interprétations. Il n'est pas nécessaire, pour mettre ne valeur un artiste, de dévaloriser ce qui l'a précédé ou ce qui l'entoure, comme par exemple de déprécier les maîtres de la peinture gothique. On peut apprécier plusieurs périodes dans l'art!
Mais les illustrations sont abondantes et de qualité et la description de l'oeuvre très instructive, et c'est l'essentiel.