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4,32

sur 4187 notes
Voici un roman qui m'a séduit dès les premières pages et n'a jamais perdu ni de son intensité ni de son intérêt jusqu'à la fin .
Je " lorgnais " sur lui depuis un certain temps en raison d'une couverture plutôt " attirante " car chargée de symbôles , et d'un titre simple et lui aussi marquant puisqu'en rapport avec un événement d'une importance capitale survenu aux États Unis à cette époque . Un événement de nature à me ramener vers mon enfance puisqu'en 1963 , la tragédie en question allait provoquer un séisme mondial , pensez- donc , une secousse ressentie jusqu'aux fins fonds du petit département de la Creuse où je passais une enfance heureuse : l'assassinat de Kennedy .
Certes , l'objet du livre ne concernera pas spécialement la disparition de ce président même si on en parle , mais y puisera son décor, décrivant les années où , pour un temps encore , Blancs et Noirs vivront dans le même monde , mais bien à part . . Et c'est particulièrement " parlant " de voir évoluer dans une même cité des hommes et des femmes que la différence de couleur de peau oppose jusqu'à la haine . Une foule d'exemples pris dans la vie quotidienne traduisent de fort belle manière ces différences atroces qui soumettaient les plus " faibles " au seul profit des plus " forts " . A faire lire à nos ados pour leur montrer que toutes les vies n'avaient pas le même prix.
C'est dans ce contexte particulier que va se " constituer " un " duo improbable " , suscitant toutes les critiques , moqueries , menaces : l'association de Buď ,le détective privé alcoolique MAIS blanc , avec Adela , courageuse domestique MAIS noire . Un duo qui devrait rester bien présent dans la mémoire des lecteurs longtemps après qu'ils ont tourné la dernière page ...Il y a bien sûr d'autres personnages mais , sans leur faire offense , aucun ne pourra faire " de l'ombre " à ces deux - là, même si leur rôle n'est pas négligeable et soulève des faits et attitudes surprenants ou non , pour l'époque , faits et attitudes du reste porteurs d'espoir pour certains ...
Oui , mais vous attendez l'essentiel , hein ? C'est un polar !!! Bof , pas vraiment , non .Quoi ! Mais on m'aurait fait acheter un livre à l'insu de mon plein gré ? Y'a des cadavres tout de même ? Oui , et même pas mal , des fillettes noires enlevées et ..... Alors , la police doit s'activer ? Pas plus que ça non ...Les fillettes sont noires , les policiers sont blancs ...Vous me suivez ? Alors l'enquête...Comment ça , dég.......?.Oui , bien sûr, mais en Alabama , en 1963....C'est bien pour ça que Bud et Adela....Il faut vraiment tout vous dire .Ce livre , c'est pas vraiment un polar , l'enquête, elle est plutôt là pour ......Non , c'est plutôt un roman noir , mais aussi et surtout le miroir d'une époque et ...il est superbe . Ne soyez pas rebutés d'avance par la violence malgré la dureté du propos . Les auteurs ont fait preuve , à ce sujet , d'un extraordinaire doigté, d'une grande et belle maîtrise.
Et puisqu'on parle des auteurs , disons tout de suite que ce livre est bâti en grande partie sur des dialogues , un art pas forcément facile . Et bien , je vous l'assure , ils ont accompli l'immense prouesse de traduire des tonnes d'émotions par ce biais là. C'est extraordinaire . Drame , colère, menaces , humour , ironie , tendresse , invectives ....On a l'impression de voir des acteurs se donnant la réplique sans coup férir. Un échange de " coups de lame " voire de " scalpel " . Ce n'est pas courant mais le " rendu " est génial.
Vous l'avez compris , j'ai A DO RÉ et j'ai vraiment passé un bon moment dans un roman noir . Étrange, non ? Comme d'habitude , c'est mon ressenti , tout mon ressenti et rien que mon ressenti ( je suis comme vous lorsque vous écrivez vos commentaires ) et vous n'êtes pas obligé(e)s de me croire .Je ne suis qu'un lecteur à qui sa chère épouse a fait un beau cadeau.
Un dernier mot ...Dans le cortège mortuaire de Kennedy , on pouvait voir , près du cercueil ...deux soldats noirs .....
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Un vrai bon moment de lecture que ce Alabama 1963.
Années soixante, au coeur d'une Amérique ravagée par la ségrégation, Bud est un détective alcoolique, souillon et mal en point. Adela est noire, domestique pour blancs renfermés dans leurs préjugés, sauf quelques exceptions. Quand on signale la disparition d'une enfant noire, la police n'en a que faire. Il faudra attendre la seconde ou la troisième disparition pour que Bud s'en inquiète. Surtout depuis que Adela vient nettoyer chez lui. Deux univers opposés et qui pourtant ont tant à s'apporter. C'est ce que ce livre dégage, un condensé d'humanité, de tendresse, de clichés qui valdinguent. Résonne au loin la voix de Martin Luther King, j'ai fait un rêve…

L'histoire est passionnante à suivre, elle se dévore avec ses nombreux passages qui font sourire, l'écriture cinématographique à souhait se voit et se vit avec entrain. Pas l'ombre d'un ennui ici. Moi qui ne suis pas férue de littérature américaine, j'ai repensé à ce si beau film qu'est La couleur des sentiments (je n'ai pas lu le livre) avec ses protagonistes tout en couleur. Les patronnes d'Adela sont aussi très bien campées, l'une clouée a son lit perdue dans ses rêves et visions de médium, l'autre qui préfère astiquer sa maison pendant que Adela sirote son thé.

L'enquête est selon moi prétexte à faire la part belle a ces deux antagonistes que sont Bud et Adela, une manière de faire rencontrer deux mondes qui se comprennent mal, se fuient, se rejettent. Une manière dans ces temps blessés par des préjugés ancestraux de laisser passer la lumière, de vivre auprès de la peur et des idées préconçues afin d'avancer main dans la main, blanc et noir.

Un très beau roman pétri d'espoir, d'humour, de tendresse et d'intelligence. Je recommande sans hésiter.
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Je comprends l'engouement pour ce livre! Des personnages attachants, une intrigue policière haletante et surtout un duo d'enquêteurs insolite et irrésistible à l'alchimie inattendue dans l'Amérique ségrégationniste des années 60 font de ce roman un très bon moment de lecture! J'avais peur que les personnages soient trop caricaturaux, peur des clichés sur les inégalités sociales et la discrimination raciale mais ça fonctionne! Tout est gommé par la force et l'humanité des personnages principaux, les dialogues truculents, l'humour qui donne une légèreté même si le sujet reste obscur et l'ambiance délétère.
L'intrigue prend place à Birmingham en 1963, année qui fut riche en événements marquants comme l'assassinat de JFK et les actes terroristes du Ku Klux Klan. Adela est une jeune veuve afro-américaine mère de trois enfants qui fait des ménages pour survivre. Elle croise le chemin de Bud ancien flic désabusé reconverti en détective privé, un alcoolique bougon, désordonné et raciste plus par conformisme que par conviction. Bud investigue tant bien que mal sur la disparition d'une jeune fille de couleur, à la demande de la famille, qui sera retrouvée morte quelques jours plus tard. D'autres disparitions de fillettes noires suivront, la police s'investit peu. Embauchée comme femme de ménage, Adela nettoie chez Bud pendant qu'il se pochtronne sans vergogne. Petit à petit au sein de ce binôme singulier naîtront, entre deux piques bien envoyés, une affection et un respect mutuel. Adela deviendra alors sa coéquipière en l'aidant à infiltrer la communauté noire qui oppose au détective blanc un silence de plomb. Les dérives du suprémacisme blanc et du séparatisme sont bien retranscrites et donnent lieu à des scènes révoltantes.
Les relations qu'Adela entretient avec ses patronnes ne laissent pas indifférent ces dernières sont parfois attachantes comme Miss Gloria et ses visions, parfois odieuses comme Dorothy à laquelle elle répond avec intelligence et autodérision. Femme courageuse mais analphabète Adela fera tout pour s'émanciper.
L'enquête est lente, les indices livrés au compte goutte mais elle captive de bout en bout, la fin est inattendue.
Addictif et savoureux.
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Le titre est sans mystère : nous sommes en Alabama en 1963. le cadavre d'une petite fille, violée avant d'être assassinée est retrouvé quelques jours après sa disparition. Les parents éplorés font appel à la police locale, que l'affaire intéresse peu ! En effet, la petite victime est noire. le ton est donné pour la suite, lorsque l'on fait connaissance avec Adela, qui vend ses services de femme de ménage à de riches blanches. On ne s'étonne pas de la façon dont elle est traitée. Elle a pourtant de la chance, Adela, car l'une de ses patronnes est une vieille dame fantasque qui semble douée d'une lucidité paranormale, et qui la traite presque en égale.


La situation se corse lorsqu'une deuxième famille signale la disparition de leur fille, et fait appel à un détective, exaspérée par la nonchalance de la police. Seulement voilà, le détective en question est une caricature d'enquêteur, alcoolique, vivant dans une bauge en compagnie d'un chien et d'un chat et passant le clair de son temps au bar voisin. C'est une blague d'une de ses compagnons de beuverie, flic, qui sera à l'origine de la rencontre avec Adela…

La première qualité de ce roman réside dans la précision de l'écriture. A quatre mains les auteurs ont réalisé un bijou de dialogues savoureux, qui mettent en scène la malice d'Adela et les restes de bon flic qui sommeillent encore en Bud.

On adore aussi les personnages secondaires, les copines d'Adela avec leurs remarques ironiques à l'égard des blancs, et qui montrent bien que les blagues racistes fonctionnent aussi dans l'autre sens. Pas de manichéisme : les imbéciles sont répartis sans distinction de couleur !

Si on rit sans retenue en parcourant les échanges entre Adela et Bud, on est aussi cueilli par l'émotion , pour des raisons que je ne peux révéler sous peine de divulgacher.


Merci donc aux auteurs pour cette histoire superbe

Et à Bruno de la librairie Ar Vro à Audierne de m'avoir convaincu grâce à ses arguments de découvrir ces deux nouveaux talents.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Deuxième coup de coeur de l'année avec cette histoire aussi improbable qu'addictive, j'ai rarement dévoré un livre avec autant de gourmandise, impossible à lâcher, simplement génial.
Parler de ce livre, c'est parler d'alchimie voire de magie car arriver à ce résultat avec un tel scénario et un tel contexte est un pur numéro d'équilibriste et ce n'était pas gagné d'avance.
Pour le contexte, il s'agit des Etats-Unis dans les années 60, dans le Sud en Alabama, la ségrégation raciale, une police raciste, le Klu Klux Klan...
Pour le scénario il va s'agir de disparitions de jeunes filles noires et d'une police d'une rare incompétence à la motivation douteuse, bref vous l'avez compris, l'auteur n'a pas choisi la facilité.
Cette histoire c'est la rencontre de deux mondes irréconciliables et que tout oppose, c'est aussi une association improbable entre deux personnages qui n'étaient pas censés se rencontrer et encore moins se comprendre, Adela et Bud.
Il y a des histoires qui dégoulinent de bons sentiments auxquels on peine à croire et qui ont le mérite d'essayer de nous convaincre, et il y a ce livre aux dialogues incroyables de vérité, au langage "border line" qui sonne si vrai quitte à choquer parfois.
Un récit sans fard, une galerie de personnages pittoresques et à la limite de la caricature pour certains (quoique...) et d'autres simplement "normaux" dirait-on aujourd'hui mais qui font dans ce contexte figures de héros.
Une histoire dure et tendre, triste et joyeuse, pessimiste et pourtant positive, c'est l'alchimie dont je parlais plus haut et qui nous donne ce livre incroyable de justesse et d'émotions.
J'ai bien sûr adoré cette lecture qui m'a fait passer du rire aux larmes et franchement croyez-moi, c'est à lire absolument !
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Cette année 1963, Birmingham, en Alabama, est une poudrière. C'est dans cette métropole, que Martin Luther King considère alors comme « probablement la ville où la ségrégation est la plus rigoureuse de tous les États-Unis », que le mouvement américain des droits civiques a choisi de concentrer son action en faveur de la déségrégation et de l'égalité des droits, pas seulement dans la loi, mais dans la réalité. Les protestations non violentes tournent à l'émeute quand le Ku Klux Klan répond par un attentat à la bombe contre une église exclusivement fréquentée par les Noirs. L'effervescence monte encore lorsque King prononce son discours historique I have a dream à l'occasion de la grande Marche sur Washington. La crise atteint un paroxysme quand John F. Kennedy est bientôt assassiné.


Pendant ce temps, et quoi qu'il en soit, Adela Cobb continue à se serrer avec les autres Noirs dans la section des bus qui leur est réservée. Lorsqu'elle sort le chien de l'un de ses employeurs, elle ne peut l'accompagner dans les parcs qui lui sont interdits. Veuve et mère de famille, elle survit d'un aléatoire salaire de misère en trimant comme femme de ménage pour des familles qui, bien souvent, la tolèrent à peine chez elles. Et si la police est contrainte de protéger les fillettes noires qui tentent de se rendre dans les écoles déségréguées, aussitôt boycottées par les élèves blancs, elle ne va pas jusqu'à s'émouvoir de la disparition de l'une d'entre elles, ni, ensuite, de la découverte de son corps sans vie.


Les assassinats de petites filles noires se multipliant, Bud Larkin, détective privé alcoolique en mal de clients, accepte sans enthousiasme d'enquêter pour le père d'une des victimes. Raciste par défaut plus que par conviction, dans un contexte où l'immense majorité de la société blanche n'envisage les Noirs que comme des sous-hommes, cet ours mal léché, cabossé par ses propres malheurs, se voit pour la première fois confronté aux implications concrètes de cet état d'esprit. Ses investigations ne vont pas seulement le mener sur les traces d'un insaisissable tueur en série, au coeur d'une affaire aux multiples rebondissements. Elles vont aussi lui ouvrir peu à peu les yeux sur l'ignominie de certains de ses semblables et sur les injustices supportées par ses nouvelles relations noires, pourtant bien compliquées à côtoyer. Car, s'il n'est pas évident de franchir le fossé d'incompréhension, de peur et d'hostilité mutuelles entre les communautés noire et blanche, y prétendre expose à la réprobation générale, voire à de terribles représailles.


Au-delà de l'enquête criminelle et de son suspense addictif, ce roman aux personnages attachants, restitués dans toutes leurs complexités et ambiguïtés, est une plongée puissamment réaliste au coeur d'une Amérique raciste au bord de l'implosion en cette année 1963. Sa lecture pourra trouver un prolongement dans celle du plus récent Un long, si long après-midi d'Inga Vesper, à mon avis moins percutant, mais assez complémentaire dans son approche plus féministe de la société blanche et raciste de l'Amérique de cette époque.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Je m'attendais à un récit sombre, mortifère et terriblement plombant.
Il le fut, mais pas que.

Point de départ, la disparition d'une fillette. Noire.
Pas de quoi mettre sur le pied de guerre la police du comté.
Puis d'autres absences de survenir.
Faudrait p'têt s'affoler, les gars, avant d'être taxés de justiciers laxistes à tendance légèrement ségrégationniste.

Raciste, Bud Larkin l'est, assurément.
Ajoutez irascible et têteur de boutanche H24 et vous obtenez ce qui se fait de pire en matière de détective à 100 bornes à la ronde.
C'est pourtant vers lui que se tournera une famille noire en plein désarroi, faute de biffetons à allonger à un privé digne de ce nom.
Adela Cobb est femme de ménage.
De celles qui souffrent en silence les réparties majoritairement foireuses de ses patronnes blanches alors que de répondant et d'esprit, elle ne manque point.
Adela et Bud.
Aussi dissemblables que l'eau et le feu.
Mais ne dit-on pas que seules les montagnes ne se rencontrent jamais ?

L'air est vicié en cette année 1963, sise en Alabama.
La chanson qui nous est déclamée est empreinte d'injustice séculaire même si les lignes tendraient à bouger, tout doucement. Merci Bibi.
Le KKK s'épanouit sur le terreau fertile de la haine de l'autre.

Ce récit est celui de l'espoir.
Malgré moult portraits gerbants, idéologiquement gavés au white power, assortis de disparitions en série quelque peu alarmantes, il tendrait à prouver, sur un ton faussement léger, que le contact de l'autre grandit bien plus qu'il n'avilit, nourrissant ainsi l'idée d'une possible évolution des mentalités à un train de sénateur sur les pentes escarpées du Tourmalet, vent de face.

L'enquête est captivante.
L'interaction entre les personnages que tout oppose jubilatoire.
Le tout dépeint avec un sens de la formule certain et un humour salvateur au regard de la gravité du sujet abordé.

Alabama 1963 est à dévorer en se gavant d'Alabama, chantée par Neil Young en 1972, et parfaitement dans l'esprit de l'oeuvre précitée.
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En ce mois d'août 1963, la population noire de Birmingham est en émoi depuis que Dee Dee Rodgers, âgée de 11 ans, a disparu. Des parents démunis depuis des jours, d'autres inquiets pour leurs propres enfants, une police locale qui n'a pas l'air de chercher ni de s'inquiéter, des battues organisées ici et là mais restées vaines. Neuf jours après la disparition de la fillette, le corps d'une enfant noire est retrouvé par deux adolescents dans une clairière. Étonnamment et pour son plus grand soulagement, Ellis Rodgers en est certain : il ne s'agit pas de sa fille. Qui est donc cette petite fille ? Un tueur en série sévirait-il donc dans la ville de Birmingham ? Voyant le peu d'intérêt accordé à l'enquête sur leur fille, les Rodgers font appel à un détective privé, Bud Larkin, renvoyé de la police deux ans auparavant...
Adela est une jeune mère de trois enfants qui se démène pour tenir à flot son foyer, son mari étant décédé et son beau-frère n'en foutant pas une pour l'aider. Elle accumule les heures de ménage chez des particuliers blancs. Suite encore à un différent avec l'une des maîtresses de maison, elle décide de la quitter et s'empresse aussitôt de rechercher des ménages. C'est ainsi qu'elle fait la connaissance de Bud Larkin qui l'engage, non sans une certaine méfiance...

À quelques jours d'intervalle, deux petites filles disparaissent à Birmingham. La police, peu encline, visiblement, à déployer des hommes et des moyens pour démasquer le ou les coupables, Bud Larkin décide de mener sa propre enquête. Et alors qu'Adela, sa femme de ménage, fait irruption dans sa vie, leur rencontre va les bouleverser, aussi bien eux-mêmes que la population apparemment pas encore préparée à voir un noir et une blanche arpenter les rues de la ville. D'autant que tout semble opposer le détective alcoolique, grossier, grognon et raciste et la femme de ménage volontaire, affirmée et au fort caractère. Écrit à quatre mains, ce roman nous offre une peinture réaliste et passionnante de l'Amérique ségrégationniste, les auteurs s'étant fort documentés aussi bien sur les lieux, le temps, les dates que la religion, et une enquête policière captivante. Doté d'une écriture précise et concise, de dialogues savoureux, d'un certain humour et de personnages hauts en couleurs, Alabama 1963 se révèle un roman fort, percutant et émouvant...
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Coup de coeur !
Ce roman est un bijou, une petite pépite....

On est à Birmingham aux USA, en 1963, et le cadavre d'une petite fille noire est retrouvé. il sera suivi d'autres disparitions, le meurtrier ayant trop pris la confiance...
La police (blanche) ne fait pas grand choses, les "négres" peuvent bien s'entretuer, pour ce que ça leur fait...
Mais les parents d'une fille disparue décident d'engager un détective privé, et comme ils n'ont pas beaucoup d'argent, ce ne sera pas le meilleur des détectives privés... Plus souvent bourré que sobre, Bud peine à gérer sa vie, alors enquêter...
Au même moment, Adela Cobb, jeune femme noire, la trentaine et veuve, cherche des heures de ménage, elle en trouvera chez Bud qui habite un taudis. Et de fil en aiguille, pour pénetrer dans la communauté noire, poser des questions, il s'avére qu'Adela est indispensable. Sans elle, aucune porte ne s'ouvre.
On est en 1963, en Alabama, et rien que se tenir à côté d'une noire, quand on est blanc, est considéré comme un affront aux bonnes moeurs. le Ku Klux Klan a des yeux partout...
On est en 1963, le président Kennedy vit ses derniers jours, la religion est omni présente dans la vie d'Adela.
Mais pour l'heure, Bud essaie de mener une enquête, et Adela fera tout pour l'aider.
Deux couleurs opposées, deux façons de vivre opposées, l'un diminué par son alcoolisme, l'autre freinée par sa couleur de peau, mais la même volonté de trouver ce "sale type".
Un roman policier historique, avec un duo improbable d'enquêteurs, sous fond de ségrégation , de religion et malgré le thème , qu'est ce que j'ai pu sourire !
Des petites phrases et des réflexions, pleine de bon sens sur le racisme et la religion qui sont des petites pépites d'humour.

Intelligent, captivant, tendre, drôle, pétillant, rageant, révoltant, jubilatoire, profond , intéressant, une fin surprenante :
ce roman est un petit bijou !

Ne passez pas à côté, c'est un vrai bonheur de lectrice !

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Petit retour rapide sur une fiction qui a déjà bénéficié de plus de trois cent quatre vingt critiques. Lecture plaisante qui se dévore sans temps mort. L'enquête policière concerne la disparition et l'assassinat de petites filles noires dans l'Amérique ségrégationniste. En réalité, le sujet sert plutôt de toile de fond à une étude sociologique de cette Amérique des années 60 où il est difficile de mettre un terme à cette ségrégation qui gangrène les relations humaines. Tout ce séparatisme y est parfaitement mis en évidence sans que la violence ne soit mise en exergue. Au contraire, la plume se veut légère, drôle tout en démontrant les mécanismes relationnels bien ancrés dans les rapports entre blancs et noirs et la discrimination qui permet à un chien de pouvoir se promener dans un parc réservé aux blancs alors qu'une personne noire ne peut y accéder ! Néanmoins, ce livre traite aussi de l'amitié et parle aussi d'espoir, que l'Histoire n'est jamais figée, qu'elle n'est que mouvement ! de cette étrange association pour l'époque, entre Bud, détective blanc, raciste, alcoolique et Adela, femme de ménage noire, va naître au fur et à mesure de la lecture une compréhension mutuelle doublée d'un sentiment amical. C'est le côté naïf du récit.
Mais j'ai surtout apprécié ce coup de projecteur sur cette période où la marche pour les droits civiques des noirs est évoquée ainsi que l'assassinat de Kennedy, l'horreur que représente la ségrégation pour celui qui est universaliste. En un mot, c'est un roman policier parfait pour des adolescents quelque peu avertis (viol, inceste) et qui aiment les romans policiers ! Ma petite fille de seize ans a déjà mis une option et je lui ai fortement conseillé !
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