Elle a l’air heureuse et j’aimerais bien me réjouir avec elle. Les amis sont aussi faits pour ça, non ?
Je regarde mes pieds. Tout est de ma faute. J'aurais dû me mêler de mes affaires, j'aurais dû rester à ma place au lieu de vouloir jouer les espionnes au rabais. Je prétends m'épanouir dans mon travail d'auxiliaire de vie et pourtant, à la moindre occasion, je me lance dans un plan marketing d'envergure pour sauver la boîte de mon jules qui ne m'a rien demandé. C'est tout moi ça, Morgane, la Fée tout foirer.
– Morgane, je t’aime. J’aime ton imagination débordante. J’aime tes jeux de mots lamentables.
J’aime tes coquillettes-jambon. J’aime ta mauvaise foi assumée, ta jalousie mal dissimulée. J’aime ta joie de vivre, ta générosité, tes valeurs, ta spontanéité. J’aime tes forces agaçantes et tes faiblesses
attendrissantes. Tu m’as sorti de ma torpeur, redonné l’envie, redonné l’espoir. Grâce à toi, je n’ai plus peur de l’avenir, ma Fée battre mon cœur.
Je me redresse sur les coudes pour mieux savourer le moment où il va me pénétrer, me posséder et me libérer enfin de ce désir qui me brûle tout entière. Sans me quitter des yeux, il fait glisser son arme fatale entre mes lèvres impatientes. Il entre enfin, mais se retire aussitôt pour effleurer mon clitoris avec l’extrémité de sa verge. Je pousse un râle de frustration avant de gémir de plaisir en goûtant à ce délicieux traitement. Il recommence ce petit jeu d’allers- retours plusieurs fois et je suis au bord de l’hystérie. Quand il est à nouveau sur le point d’entrer en moi, n’y tenant plus, je me redresse et pousse le bassin en avant pour qu’il me pénètre entièrement.
C’est étrange, j’ai presque l’impression de devoir lui demander la permission pour saisir ce membre fier qui pointe vers moi. Je croise son regard quelques instants et ses yeux translucides me confirment qu’il n’attend que ça. Je l’enserre de ma main que je fais glisser lentement le long de sa chair chaude et soyeuse. Puis j’accélère le mouvement en sentant la preuve de ma propre excitation transpercer le tissu épais de mon jean.
Notre amitié est trop précieuse pour qu’on la gâche avec
une partie de jambes en l’air, aussi prometteuse soit-elle.
Les seniors, c’est un peu comme des enfants. Il faut les surveiller, vérifier qu’ils prennent bien leurs médicaments, ne pas les croire quand ils font leur tête de petit vieux tout mignon et qu’ils essaient de nous faire avaler des couleuvres. Comme la fois où Huguette Mornay m’a assuré qu’elle n’avait absolument pas tenté de récupérer sa tartine coincée dans le grille-pain avec une fourchette, ce qui a pourtant fait sauter les plombs et manqué de l’électrocuter. Oui, ils sont comme des enfants, en beaucoup moins ingrats. Ils se contentent de peu, sont toujours heureux de me voir, même dans leurs mauvais jours. Ils râlent parfois, sont bougons, mais ça ne dure jamais longtemps. Et quand ils le sont, c’est la plupart du temps à cause de leurs enfants justement. Beaucoup ne les appellent pas, ne passent jamais les voir. Et quand ils ont le bonheur de leur visite, c’est souvent en coup de vent, accompagnés de petits-enfants qui les vouvoient parce qu’ils les connaissent à peine.
En regagnant ma voiture, je sens le regard de Grégoire Vassel sur moi depuis la fenêtre de son bureau, mais je ne me retourne pas. J’aurais bien tenté un déhanché sexy, mais en escarpins sur les graviers, je préfère m’abstenir. Avec la chance que j’ai aujourd’hui, je risquerais de finir étalée de tout mon long dans la splendide allée au lieu de subjuguer le propriétaire des lieux.
Cet homme est la classe incarnée. Pas étonnant qu’il ait autant d’argent, il respire le pouvoir et la réussite !
Il commence à me connaître, il doit bien se douter que la fuite est une manie chez moi.