Le roman Lumeyra, publié aux éditions AdA, constitue le premier opus de la collection Maëlstria, écrite par A. Manibal. On y suit la fuite d'une jeune femme, Anaelle, qui, en cherchant à échapper aux responsabilités que sa famille fait peser sur elle, se voit investie de la mission de rétablir l'équilibre du monde. Elle n'aura d'autre choix que de quitter la sécurité de sa ville natale pour aller à la rencontre de gens bien différents de ceux qu'elle a connus jusqu'alors.
Rares sont les instincts qui sont communs à tous les êtres vivants. La fuite en est un. Certains y répugnent, y voyant l'option du lâche, mais d'autres, dont je soupçonne Mlle Manibal de faire partie, trouvent en elle un véritable moteur de changement; de cheminement. Admettons-le, entre fuite et flexibilité, la frontière est parfois mince. L'héroïne, qui rêve de fuir ses obligations de princesse, mais abandonne tout ce qu'elle connaît pour porter le fardeau d'une prophétie mythique, en sait quelque chose. Qu'en est-il de se détourner d'un adversaire, de s'en faire un allié plutôt que de l'affronter? Dans Lumeyra, le lien de confiance et la compréhension dépassent la méfiance initiale, imprégnant la relation tendue de personnages que tout oppose. Cela force un constat: au-delà de la fuite ou de la lâcheté, ce sont l'ouverture et l'adaptabilité qui priment. Après avoir refermé le livre, s'impose une réflexion. La perception initiale que l'on a d'une situation ou d'une personne est-elle forcément juste? C'est là une des plus grandes forces de ce roman : mêlée à l'ambiance entrainante de l'aventure fantasy, l'invitation à une remise en question perpétuelle.
En lui-même, ce roman représente pour moi l'équivalent d'un hors-d'oeuvre littéraire d'excellente qualité qui nous laisse sur notre appétit. Voyant où la route d'Anaelle l'entraîne, il me tarde de découvrir quels seront ses prochains choix. Avec un chapitre final qui ancre déjà les évènements du second tome, nul doute que les prochains opus nous en mettront plein la vue. C'est là le plus beau problème de Lumeyra : on en veut plus!
À dévorer!
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