Existe-t-il une solitude plus grande que celle d'un être humain qui doit affronter la mort tout seul, sans personne pour l'accompagner ?
Finalement , l'unique chose que la vie nous offre gratuitement , à nous les pauvres , aux gens comme Nélio et moi , c'est la mort .
— Ce n’est pas facile de mourir, dit-il. C'est la seule chose que personne peut nous apprendre. (Points, p.189)
On plantait un arbre chaque fois qu'un enfant naissait et il pouvait ensuite indiquer son âge. Ceux dont les grands troncs épais offraient la meilleure ombre appartenaient aux gens qui étaient partis rejoindre le monde des esprits. Mais ils poussaient dans le même bois que ceux qui appartenaient aux vivants. Ils se nourrissaient de la même terre et de la même pluie. Ils attendaient les enfants qui n'étaient pas encore nés et les arbres qui n'étaient pas encore plantés. Un arbre ne donnait aucun indice sur la mort de quelqu'un, seulement sur sa naissance.
Les Blancs n'ont jamais compris l'importance des esprits dans la vie d'un être humain. Ils n'ont jamais compris la nécessité de maintenir de bonnes relations avec les âmes de nos ancêtres. Ils n'ont jamais compris que la vie d'un homme est une lutte incessante pour parvenir à garder les esprits de bonne humeur.
Nelio abandonna ses cartes pour observer les gens affairés qui passaient devant lui sans le voir. Étaient ils encore vivants ou étaient ils déjà morts ? De temps en temps, il faisait un tour au bout de la jetée dans l'espoir de voir les requins qui apparaissaient parfois à l'entrée de l'embouchure. En regardant les rouleaux mourir sur la plage, il se demandait s'il y avait seulement un endroit où la vie était censée exister, à cette époque féroce. Où trouver suffisamment de force et de joie pour résister au désespoir ?
Dona Esmeralda, connue dans la ville entière, était quelqu'un d'incroyable. Ceux qui ne l'admiraient pas en secret la jugeaient folle.
J’ai du mal à expliquer ce que je veux dire. Mais il m’arrive parfois de me sentir entouré d’un grand vide. Comme si j’étais enfermé dans un espace énorme, délimité par un voile invisible et infranchissable. (p.12)
Disposer d'un toit au-dessus de sa tête et d'une carte d'identité dans sa poche distingue l'homme de l'animal.
Je dois continuer à parler de notre terre qui s'enfonce de plus en plus profondément dans l'impuissance et dont les habitants vivent pour oublier et non pas se souvenir.