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Citations sur Le volcan (3)

[...] ... Soudain [l'écrivain] se mit à parler. Marion eut presque peur lorsqu'elle entendit sa voix douce et hésitante.

- "Il y a quelque chose qui m'a choqué dans votre manière de dire la poésie. C'est le ton guerrier que vous employez parfois, comme si vous vouliez appeler au combat. Ca me met mal à l'aise. La violence, ce sont les autres qui s'en réclament et en usent. Nous, il faut que nous soyons l'inverse. Notre but n'est pas la vengeance, la lutte, mais la réconciliation.

- La réconciliation ?" répéta Marion, agacée. "Il existe des gens et des principes avec lesquels il ne saurait être question de se réconcilier. Il me semble que nous avons été conciliants trop longtemps. En face d'un gangster qui tient une grenade ou un revolver à la main, il est tout à fait ridicule de se dire pacifiste.

- Il ne faut pas le dire, il faut le crier," dit l'écrivain. "Et même si le bandit se met à rire, qu'est-ce que ça peut faire ? Peut-être oubliera-t-il de lancer la grenade ? Ca n'est jamais ni une honte, ni un crime de se réclamer de la paix !"

Marion, dont les longs doigts flexibles cherchaient quelque chose à briser, dit :

- "Il y a des situations où la peur du combat est non seulement blâmable, mais fatale.

- Je n'ai pas parlé de la peur du combat mais de l'amour de la paix," répondit l'écrivain avec sincérité.

Elle haussa les épaules.

- "Cela revient souvent au même," dit-elle, agacée. "Une attitude tolérante en face du Mal ne s'explique jamais par des motifs nobles, mais par la lâcheté."

Décontenancé par son emportement, il sourit aimablement.

- "Le Mal ? ... Ca n'existe pas plus que le Bien. La nature humaine, c'est quelque chose de composite. Ce que nous appelons le Bien, n'a de sens que si, nous-mêmes, nous nous efforçons de rester bons ..."

Marion bouillait. Elle se mordilla la lèvre, parvint à se contrôler et dit :

- "Les socio-démocrates allemands et les autres partis de notre république, aujourd'hui défunte, se sont efforcés de rester "bons" ; ils se déclaraient prêts à négocier, prêts à pardonner. Voyez à quoi cela a mené ! Les autres démocraties, en Europe, doivent-elles recommencer la même erreur ?

- J'espère," dit-il simplement. "Les démocraties sont accablées de dettes. Il faut qu'elles expient. Tout le mal en Europe vient du Traité de Versailles !"

Marion était presque à bout.

- "Croyez-vous que les Allemands auraient imposé un traité meilleur, s'ils avaient été vainqueurs ?" ... [...]
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[...] ... - "Mon ami et moi, nous avions vécu à Göttingen des moments vraiment merveilleux. Nous lisions Hölderlin, George et aussi Rilke, mais celui-là, nous l'aimions moins. George, disait mon ami, a toute la rudesse du Deutschtum, Hölderlin toute son insondable profondeur. C'est ainsi qu'il s'exprimait. Il avait de telles trouvailles, mon ami ! Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point il était attaché à l'Allemagne. Il aimait l'idée allemande, les poètes allemands, le paysage allemand ...

- Est-il possible ?" demanda Martin, un peu distrait , car il observait Kikjou qui parlait avec Mme Schwalbe.

- "Oui, il l'aimait passionnément !" dit gravement Helmut Kündiger. "Bien qu'il ne fût pas "aryen" ... Là-dessus, nous n'avons jamais eu de doute. Mais soudain, il apparut qu'il avait quatre-vingts-pour-cent de sang juif. Ses amis se mirent à le bouder. Moi-même, je connus des désagréments parce que je continuais à le fréquenter. C'était sans importance. Mais le plus grave, ce fut pour moi de devoir être le témoin de son naufrage. Il ne parvenait pas à s'habituer à son nouveau statut. Lui, qui avait été un admirateur fervent de la dureté, de la profondeur de l'homme allemand, dut désormais se considérer comme un étranger - pire encore, comme un être nuisible. Il fut terriblement humilié. Lorsque des jeunes gens, qui avaient autrefois appartenu à notre petit cercle d'amis, l'offensèrent en pleine rue, il connut alors un total désespoir. Représentez-vous ce que fut pour lui un accident comme celui-là. Nous avions lu ensemble Hölderlin et George et maintenant on lui criait : "Cochon de Juif !" Bien sûr, nos amis étaient ivres ... J'ignore où il avait pu se procurer un revolver. Il s'est tiré une balle en plein coeur. Il m'avait laissé un billet sur lequel il avait écrit : "Je ne veux pas t'être plus longtemps à charge." ... [...]
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Camarades , dit-il, la guerre d'Espagne n'est qu'une répétition générale.Nous verrons pire. Aujourd'hui les fascistes avec leurs avions bombardent Barcelone, Valence, Madrid , les plus belles villes de ce courageux pays.Mais bientôt ils bombarderont les nôtres. De lourds nuages s'amoncellent à l'horizon...
Camarades , nous ne mourrons pas de mort naturelle. Notre génération sera sacrifiée.
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