Ma conscience me hurle de reculer, de bouger, mais je suis comme hypnotisée par ses yeux. Je n'ai jamais vu un tel regard. Si profond et noir, mais à la fois si brillant. Je ne sais pas depuis combien de temps nous sommes dans cette position, mais je reviens vite à la réalité et n'arrivant plus à soutenir son regard, je détourne les yeux.
C'est sombre, silencieux et on ne peut pas dire que je suis bien vêtu pour la situation. Dans les films ce genre de scène se passe très mal, mais bon je suis sorti sur un coup de tête je n'allais quand même pas prendre le temps de choisir une tenue. S'il faut je crie. Bonne idée, je sais crier ! J'avance, mes jambes tremblent de peur, mais je garde mon équilibre ce qui est étonnant, je ne suis pas une trouillarde quoi que...
J'arrive devant deux grands conteneurs, un deux sont renversé. Je regarde vers le sol et avec le peu de lumière je constate qu'il n'y a rien. Ce n'est pas possible, j'ai vu quelqu'un tomber et là, plus rien. Je recule d'un pas lorsqu'un bruit parvient à mes oreilles, je me fige instantanément. Je m'apprête à parler, mais je me fige lorsque j'entends quelqu'un tousser. Je regarde le sol pour y trouver une pierre ou tout simplement quelque chose qui pourrait m'aider à me défendre si besoin.
Ce qui m'intrigue, c'est que je ne le connais pas et pourtant quand je le regarde, je n'ai aucune envie de le voir dans cet état, je ne veux pas qu'il soit blessé ou qu'il ait mal, parce que ça me rend mal aussi. Plus tôt dans la matinée, je suis allée à une pharmacie de garde. Évidemment je ne suis pas ressorti en short, j'avais pris un long manteau pour me couvrir. J'ai eu beaucoup de mal à lui faire boire le sirop pour la fièvre, j'ai dû faire un effort pour lever sa tête et malheureusement, j'ai renversé du sirop sur moi.
Pauvre t-shirt, après le sang c'est le sirop, finalement je n'aurais pas dû retirer ma veste, la vue n'est pas du tout jolie. Il est bientôt neuf heures lorsque mes yeux piquent et que ma tête devient lourde. Je suis très fatiguée, mais je ne peux pas dormir sachant qu'il peut se réveiller à tout moment.
Un jeune homme de vingt-cinq ans, brun au physique d'athlète et qui mesure un mètre quatre-vingt, bref, le type d'homme qui ne peut qu'attiser la curiosité des femmes. Lorsque je passe à l'entreprise -de temps en temps- nous prenons notre pause ensemble au restaurant qui est au coin de la rue. Il y a toujours des femmes qui lui lancent des regards et certaines déposent un bout de papier à notre table avec un numéro, ça m'amuse toujours. Mais lui c'est un peu les coups d'un soir, son ex-copine l'a trompé au bout de deux ans alors il évite les relations sérieuses. Avec moi c'est différent bien sûr, il me respecte, c'était un collègue de travail et avec le temps il est devenu un bon ami.
La beauté de cet homme en est à couper le souffle. Je secoue la tête afin de chasser ces absurdités et m'approche de lui, hésitante.