On ne sait jamais vraiment quand on gagne la confiance des gens, et encore moins quand on la perd.
Il existe une obsession de comprendre ce qui est odieux, au fond il y a une fascination malsaine pour ça, et on fait par là une immense faveur aux gens odieux. Je ne partage pas cette curiosité infinie de notre époque pour ce qui n'a aucun cas de justification, même si on y trouve mille explications différentes, psychologiques, sociologiques, biographiques, religieuses, historiques, culturelles, patriotiques, politiques, idiosyncrasies, économiques, anthropologiques, peu importe. Je ne peux pas perdre mon temps à m'interroger sur le mal et le pernicieux, leur intérêt est toujours médiocre dans le meilleur des cas et souvent nul, je t'assure, j'ai beaucoup vu.
"Nous parlions de la mort", dis-je. "Ce qu'il y a de grave quand la mort approche, ce n'est pas la mort elle-même, avec ce qu'elle apporte ou n'apporte pas, c'est qu'on ne pourra plus rêvasser à ce qui viendra plus tard", avait dis Rylands [...]
Être élu ne vaccine pas contre le fait de devenir aussi un dictateur.
[...] les choses n'existent pas tant qu'on ne les a pas nommées, tout le monde le sait ou le devine.
«Rien ne se donne autant ni aussi complètement que les paroles. On les prononce et à l'instant on s'en défait et on les laisse en dépôt, ou plutôt en usufruit, à celui qui les a écoutées. [...]»
Les livres parlent au milieu de la nuit comme parle la rivière, calmement ou sans entrain, ou bien est-ce de nous-même que vient ce manque d'entrain, à cause de notre fatigue et de notre somnambulisme et de nos rêves, même si on est ou si on croit être tout à fait éveillé.
"Le fait est que tout tend à etre cru, en première instance. C'est très étrange mais c'est comme ça" [...].
Raconter c'est presque toujours faire un cadeau, même quand ce qu'on raconte contient et injecte du poison, c'est aussi tisser un lien et accorder sa confiance, et rare est la confiance qui n'est pas trahie tôt ou tard, rare est le lien qui ne s'emmêle pas ou ne fait pas de nœuds, et alors il finit par être trop serré et il faut tirer son couteau pour le trancher net.
[...] il y a des actes si abominables ou si méprisables que le simple fait qu'on les commette devrait annuler toute curiosité possible pour ceux qui les commettent, et ne pas la créer nu la susciter, comme cela se fait aujourd'hui de façon si imbéciles.