Il ne suffit pas d’aimer quelqu’un très fort et de souhaiter que toutes ses peines s’envolent pour que cette personne soit miraculeusement soulagée.
La troisième lettre arrive au moment où Agathe commençait à croire qu’il n’y en aurait pas d'autre, finalement, et que les deux premières n'avaient pas de signification particulière.
Mais à présent la lettre est là, et Agathe se demande ce qu'elle va lui révéler de nouveau. Pourtant, elle ne se précipite pas pour ramasser l’enveloppe. Sa curiosité s'accompagne d'un vague malaise. Elle n'a pas peur, pas vraiment, mais elle n'aime pas ces lettres qu'elle a du mal à qualifier. Troublantes, certainement. Inquiétantes, peut-être. Menaçantes? Agathe espère que non. Elle ne peut toutefois s'empêcher de craindre que cette troisième lettre ne fasse pencher la balance du côté des menaces.
Elle prend donc tout son temps pour récupérer le courrier éparpillé dans le vestibule. Une lettre de sa compagnie d’assurances, un compte d’électricité, une enveloppe remplie de coupons-rabais, une publicité pour une pizzeria… Et, enfin, cette enveloppe jaunie, un peu fripée, adressée d’une main malhabile. Une écriture d’enfant ou d’analphabète, s’est dit Agathe en recevant la première de ces enveloppes, une semaine plus tôt. Ou encore une écriture déguisée.
Avec des chandelles et un fond musical qui vient vous chatouiller les sens, ce n’est plus juste du luxe, c’est de la luxuriance, de la presque luxure ...
On ne peut pas défaire ce qui a été, remettre à l’endroit une vie qui a viré sans dessus dessous …
Elle a chaud, elle a le coeur qui fait le fou dans sa poitrine, elle ne sait plus où elle est, ni même qui elle est, tout en étant exagérément consciente d’émotions et de sensations qui menacent de la noyer, de l’étouffer, de la faire éclater.
A-t-on jamais d’autres raisons, en amour comme en amitié ? La conviction que c’est ça et qu’on y peut pas grand-chose. C’est simple, dans le fond.
L’homme est peut-être trempé, mais son ton est l’incarnation même de la sécheresse.
Une femme, une petite fille, des cheveux fous, une odeur d’enfance ... Des rires, des chansons, des secrets ... Agathe, son soleil. Et puis ces jours sombres d’automne. Les cris, les accusations.
T’es pas la seule à faire des affaires bizarres en écoutant de la musique. Il y en a qui chantent à tue-tête, d’autres qui se mettent à danser, ou qui se branlent, ou qui se décrottent le nez .