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Citations sur Black Blocs (30)

Swann passe la grille. Traverse le passage à niveau. Derrière, Paris est plus lisse qu’une vitrine. Sur la place Jussieu, la fontaine forme un cercle d’eau argenté, entourée d’une végétation domestiquée. Sur la gauche, les étudiants entrent et sortent de la bouche de métro. Les toilettes publiques. Plus loin, le kiosque à journaux. Les arbres sont plantés à intervalles réguliers, les pieds soudés dans des ronds de ferraille.
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Justine se tourne vers Georges :

— Vous allez à la manif ?

Georges hoche la tête. Il essuie une nouvelle coulée de sueur sur sa tempe. Sa peau est marbrée de rouge. Les étudiants adressent un signe du menton à Swann, ils s’en vont. Georges les regarde s’éloigner :

— Des sacrés numéros.

— Elle n’a pas l’air très aimable.

Georges rit :

— Son père, c’est le philosophe des plateaux télé, Jean-Michel Gand. Il l’a appelée Justine à cause de l’héroïne de Sade. Alors, il faut la comprendre : elle est un peu à cran.

Puis, il saisit Swann par les épaules :

— Allez, va, ma fille ! Tu seras plus utile à la manif qu’avec moi.

Il la relâche.
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— Pas besoin d’avoir fait une thèse de philo pour comprendre la domination masculine, si ? rétorque l’étudiante.

Falguière se racle la gorge. Il se tourne vers le garçon à la casquette :

— Et voici Matéo, qui semble se plaire chez nous puisqu’il termine sa troisième première année de socio.

Matéo ôte sa casquette d’un geste exagérément déférent :

— À mes heures perdues — et j’en perds dès que je peux —, je suis aussi poète surréaliste. Je n’écris, ça va de soi, aucun poème.

Swann ne trouve rien à répondre.
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Justine reste sur la réserve. Elle est incroyablement laide. Sa peau blafarde et luisante, ses yeux gris surmontés de sourcils en broussaille, le fil de ses lèvres, son nez prolongé par une boule de chair, son goitre. Entièrement vêtue de noir, jusqu’au chapeau melon. Swann la dévisage. Georges fait les présentations :

— Swann Ladoux, la compagne de Samuel Bordat.

Les deux étudiants la fixent avec attention. L’information semble, pour une raison ou une autre, les captiver.

— Justine fait une thèse avec moi sur la réinvention du genre masculin comme instrument de domination des femmes dans la société contemporaine.

Swann se rembrunit :

— Je suis une technicienne. Pas une intellectuelle.
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Deux étudiants apparaissent dans sa ligne de mire. Il leur adresse de grands gestes. Les étudiants s’arrêtent pour le saluer. Falguière les présente à Swann : Matéo et Justine.

Petit et râblé, Matéo porte une moustache et un bouc blond roux, une casquette rouge sur ses cheveux ras, des Doc Martens coquées. Il détaille le décolleté discret de Swann, ses hanches, ses jambes, remonte vers son cou. Il lui sourit en dévoilant une incisive manquante. Swann répond d’un hochement de tête buté.
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Swann hoche la tête. Georges dispose momentanément sa mèche sur l’avant de son crâne. Il la déplace. Un carré de peau flamboie. Une goutte de sueur coule le long de sa tempe. Il sort un mouchoir de sa poche, essuie son front, remet le mouchoir dans son pantalon en velours côtelé marron. Il attrape le bras de Swann :

— Je t’offre une mousse tout à l’heure.
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Swann sourit. Elle ne répond rien. Georges recoiffe l’unique mèche qui couvre son crâne. Il se tend en direction de la minijupe, revient à Swann. Il se penche vers elle, soudain sérieux :

— J’espère qu’on sera un paquet, ce coup-ci. Vu la mobilisation merdique des dernières fois, ils risquent pas d’arrêter la privatisation de la fac.
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Une petite silhouette étriquée vient de se matérialiser au milieu des obstacles du chemin. Swann sursaute. Elle fait le point sur lui. C’est Georges Falguière, le directeur du département de sociologie, un ami de Samuel. Il se plante devant elle.

— On se retrouve à la manif à dix-huit heures ? Je repasse chercher ma vache et je fonce. Samuel y est déjà ?

— Non. Il a cours jusqu’à dix-huit heures.

Georges admire une fille en minijupe.

— La chatte se porte sans culotte, cette année ? Décidément, j’adore la nouvelle mode printemps-été.
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Swann ne parvient pas à bouger. Leur réalité l’éblouit. Dans le coin de cerveau où elle s’est échappée, elle continue à entendre leurs voix, mais lointaines, presque inaudibles. Un coup de poing. Swann voit la joue de Samuel se colorer de rouge. Elle pousse un cri. Samuel se défend. Le sang forme des jaillissements vermeils dans un monde devenu abstrait. Quand Samuel tombe par terre, Swann le couvre de son corps. Quelqu’un le lui raconte. Elle le pressent à cause de la contusion sur son front. Mais elle n’en a aucun souvenir. La peur a fait disjoncter sa conscience.
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Ils scrutent Samuel. Ils doivent pourtant sentir qu’il n’est pas de leur monde. Leur âge, leurs vêtements, leur allure les séparent. Ils l’interpellent :

— Hé toi, on se connaît !

— Vous vous trompez, répond Samuel.

— J’oublie jamais la gueule d’un mec qui m’a planté.

— Je ne vous ai jamais vu.

— Tu me remettrais peut-être mieux en bleu marine.
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