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Critique de Bookycooky


Les auteurs espagnols comme les auteurs israéliens sont des fins psychologues et sociologues. Bien qu'écrivant dans des styles très différents, leur introspection minutieuse qui peut être considéré de beaucoup comme « des longueurs » sont au contraire pour moi des moments de délectations où l'auteur prenant son temps, observe tout, dans ses moindres détails. Un “foulard de soie rouge flottant derrière elle.....”, le ton d'une voix, un désordre vestimentaire ,.....qui laissent une plus ample liberté à notre imagination qu'une description concrète et concise, qui fixe l'image du personnage ou de la situation. Juan Marsé, l'écrivain espagnol ne déroge pas à la règle. Apprenant sa mort par le biais d'un quizz de ma copine Pecosa, j'ai vite fait de retrouver ce livre qui gisait dans ma Pal depuis des lustres.

Dans l'Espagne franquiste des années 60, deux portraits de femme, Teresa jeune étudiante bourgeoise qui s'initie aux idées d'avant-garde, Maruja sa bonne, et un troisième personnage, Bande-à-part, le joker du triangle, de son vrai nom Manolo Reyes. Second fils d'une domestique et de père inconnu Manolo apprend très jeune qu'il est impossible de se délivrer de la misère sans risquer sa vie. Un concours de circonstances va lui faire croiser le chemin de Teresa Serrat, jeune fille de « la haute société » barcelonaise, qui semble tout droit sortie d'un roman de Sagan. Contre tout pronostic, le Manolo va nous révéler des signes d'une intelligence qui va le mener loin.....Fasciné par ce monde de la haute bourgeoisie insouciante, un leurre auquel il aspire éperdument, ("Quel mensonge, quel insupportable mensonge que ces nuits sur la côte, que ces vacances de princesse phtisique, que c'est ennuyeux château féodal qu'était la villa ! "), il va se lancer dans une entreprise dangereuse, agissant en milieu hostile......

Un livre sur les différences de classe, l'amour, et la difficulté de s'affranchir de sa condition sociale . En s'appuyant sur un autre portrait de femme, celle d'Hortensia, ayant "une extraordinaire ressemblance avec Teresa Serrat ", une apprentie pharmacienne, nièce d'un oncle mafieux, ex-patron de Manolo, l'auteur émet ses doutes sur l'honnêteté du sentiment amoureux, plus suscité par l'image des apparences que de ce que réellement est l'autre , " s'il avait connu Hortensia au volant d'une voiture de sport, par exemple, comme c'avait été le cas pour Teresa, il serait très facilement tombé amoureux d'elle.....". Marsé y aborde aussi des thèmes universels. On aspire toujours à ce que l'on n'a pas, à ce dont l'image nous fascine, même si la déception nous attend au coin à peine le but approché ou atteint. Et qu'aussi la solitude, la tristesse, le bonheur, le désir.... sont des sentiments indépendants de nos conditions sociales, même si les contextes diffèrent.
C'est un grand roman intemporel, dont je regrette le peu de critiques sur Babelio, et dont l'une qui donne une idée complètement erronée du sujet ( "beaucoup de coucheries", probablement il est question d'un autre livre :)....). Si vous aimez la plume de Javier Cercas ou Javier Marias, lisez Marsé !

"L'éclair d'une réalité atroce qui jaillit, comme il le fait d'ordinaire, du coeur même du printemps. Car la jeunesse...."
Virginia Woolf

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