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2,72

sur 57 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Sloper est agent d'entretien dans un immeuble de bureaux. Lui qui habite misérablement la cave, chez sa mère, et qui n'hésite pas, pour se nourrir, à piocher dans les ordures qu'il doit vider, fait un jour une découverte macabre dans le local à poubelles de son lieu de travail.


Jamais roman ne m'aura autant dégoûtée sans pour autant susciter mon rejet ! Car, comme l'indique Brian Evenson dans sa préface, Ordure « n'est pas un livre qu'on aime. Il faut le traverser, le vivre, le subir même : ce n'est pas quelque chose pour lequel on éprouve du plaisir ». Mieux vaut en être averti de prime abord : ce texte est écrit pour plonger ses lecteurs dans une totale répulsion, qui, s'il n'était par ailleurs tout à fait remarquable, risquerait fort de pousser un bon nombre d'entre eux à en interrompre la lecture. de fait, l'extrême répugnance qu'il suscite sert à ce point le propos de l'auteur, que l'on en reste subjugué par la puissance viscérale de ce livre très court, aux ellipses abyssales. Dans cette narration, ce sont des détails jetés de manière anodine et avec une sidérante économie de moyens, ainsi que d'incommensurables non-dits, qui ouvrent les plus vertigineuses perspectives, laissant au lecteur effaré le soin d'en sonder les effroyables incidences.


Sloper est ce que la monstrueuse indifférence et le mépris de notre société pour ses exclus est capable de produire : un rat condamné à survivre furtivement en se contentant des rebuts, qu'il s'agisse des déchets de notre consommation ou de ceux de notre humanité, incluant nos morts et ceux que nous parquons discrètement, ici les personnes lourdement handicapées, mais on pourrait d'ailleurs y ajouter nos aînés en fin de vie. Quelques mots presque inaperçus pour suggérer la maltraitance dès l'enfance, une poignée de détails atrocement saisissants pour illustrer des conditions de vie indignes et un désert affectif sans horizon, enfin la description sans émotion d'un rôle ingrat aux marges les plus viles de la collectivité, et l'on se retrouve en plein choc face à un être humain habitué à n'être qu'un déchet parmi les déchets, une sorte de monstre que l'on aurait privé du droit aux sentiments et à la moralité, et vis-à-vis duquel l'on ne sait plus ce qui l'emporte, de l'horreur et de la répulsion, ou de ce qui, dans ce naufrage, subsiste de compassion hagarde. Si le malaise qui étreint le lecteur devient si prégnant, c'est bien sûr en raison de ce que la narration comporte de scabreux, mais aussi parce qu'il est impossible de juger Sloper, les atrocités que pointe ce livre nous renvoyant à nos propres responsabilités et à l'absurde inhumanité de notre société.


D'abord publié à compte d'auteur il y a une vingtaine d'années, ce livre s'est rapidement taillé une réputation légendaire dans le milieu underground de la littérature américaine d'avant-garde. Il a trouvé depuis ses éditeurs, et même ses traducteurs. Il reste une lecture atypique, profondément dérangeante, que je n'ai effectivement pas aimée, mais qui vaut d'être expérimentée tant elle présente d'intérêt, tant sur le fond que sur la forme. Jamais livre n'aura autant déboussolé son lecteur, sûr de ne pas l'aimer, mais incapable de le détester.

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Il m'arrive de prospecter chez les petites maisons d'édition, à la recherche de l'étrange ou du saugrenu. Me voilà servie.
Sloper (saloper à une lettre près) est un agent d'entretien qui sévit dans un immeuble. Sa vie se résume au ramassage des ordures, pardon, des déchets (le propriétaire des lieux préfère qu'on les appelle ainsi). Chaque locataire se révèle par les détritus qu'il abandonne (« Soit elle était végétarienne, soit elle faisait un régime. Dans sa poubelle souvent, un petit plateau avec des morceaux de fruits sur une feuille de salade détrempée »). C'est fou comme le vice et la vertu deviennent transparents au fond d'une corbeille.
L'existence de Sloper est morose, rythmée par ses taches routinières, éclairée par les rencontres impromptues qu'il fait avec des paumés bavards ou des névrosés qui restent bosser tard dans leurs bureaux.
Son job lui monte à la tête. Après tout, un cadavre est aussi une forme de détritus et il n'est pas insensé de le traiter comme tel – l'humanité en moins.
C'est un roman déconcertant. La dédicace (géniale) annonce la couleur : « Pour Kelly – si elle en veut » et la préface (comme souvent) a valeur d'avertissement : attention les amis, ce n'est pas du Marc Lévy.
Et en effet, il faut parfois s'accrocher, réprimer des hauts le coeur, passer outre le dégoût que les agissements de Sloper peuvent inspirer.
En bref, trop glauque pour affirmer que je l'ai aimé, mais trop original pour le détester. Un peu comme ces objets, objectivement moches, qu'on n'arrive pas à jeter parce qu'ils vous ont touché.
Bilan : 🌹🔪
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Novella d'une petite centaine de pages, Ordure de Eugene Marten – traduit par Stéphane Vanderhaeghe – fait partie de ces livres inclassables, en tout cas pas de manière binaire dans les rayons J'aime ou Je n'aime pas. Mais il marque son lecteur, par la force de ses personnages notamment.

Sloper est agent de surface, un de ces travailleurs invisibles qui nettoient les grandes tours dans l'indifférence générale et envahissent les bureaux quand leurs occupants les quittent. Une petite vie sans histoire qui se partage entre cette tour et la cave aménagée de la maison de sa mère où il vit.

En investiguant les bureaux devenus déserts et en vidant les déchets accumulés dans la journée, Sloper décrypte leurs occupants, ce qu'il s'est passé dans la journée et plus largement, la société.

Sloper est seul, dans son travail, dans sa vie et même dans sa famille, malgré sa mère qui ne communique avec lui que par signaux sonores en tapant sur le plancher. Sloper est seul et semble parfaitement s'accommoder de cette vie, qu'il ne juge pas miséreuse, contrairement à notre regard à vous et à moi. Jusqu'à ce que…

Ordure est un roman froid et cynique, dont la multitude de situations sordides et l'apparente distanciation du style mettent en lumière la banalisation de l'indifférence dans nos sociétés et ces existences qui chavirent un beau jour dans le drame, ayant définitivement perdu toute forme de repère.

De Sloper l'invisible désocialisé à la vieille dame en fauteuil et ses bips qui lui servent à communiquer en passant par cet avocat soliloquant dans son étage abandonné, les personnages d'Ordure n'ont rien en commun, à part la solitude de leurs âmes et le sentiment de ne plus avoir quoi que ce soit à perdre.

Un livre expérience donc. Inclassable, assurément.
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Pour la 1ère fois ,ma chronique va être assassine,acerbe et sans complaisance concernant ce petit roman ,petit dans tous les sens du terme: 104 pages,c'est vite avalé,si l'on veut ,car parfois une pause s'impose tellement c'est " trash"( voir mes citations).
Et puis ,dans le désordre : nous nous demandons si la traduction est bonne ou si l'auteur à voulu se démarquer dans un style tout à fait inhabituel d'écriture?
Pas un instant,je n'ai pu mettre un visage sur notre " héros ": Sloper ,agent d'entretien dans un immeuble,d'une discrétion absolue,ne " dégoise" pas plus de 10 phrases dans la journée, mais est apprécié de sa hiérarchie car très consciencieux dans son travail et silencieux.Ne recherche pas la compagnie de son équipe.
Il vit ,si j'ai bien compris dans la cave de la maison de sa mère ,qui, elle, habite au - dessus.Une mère paralysée, en fauteuil roulant qui lui envoie son linge à laver par le vide -ordure.Ils ne s'adressent pas la parole.
Parfois le soir( il travaille principalement la nuit)une " nana" avec de gros mollets ,travaillant tard le soir dans un des box de l'immeuble,lui parle .
Puis un jour en vidant un gros sac à ordures il prend un coup dans l'oeil par un bras:Il découvre un cadavre dans le sac!!La je ne vous envoie pas la suite ,c'est du lourd!
Un style perturbant : à un certain moment on déduit que sa mère est décédée car l'auteur nous dit que sa tante gére la maison,mais il n'a jamais écrit: ma mère est tombée malade et est décédée tel jour de telle maladie .Tout le roman est construit comme ça ,très désarçonnant et déroutant!
Lisez-le par curiosité ,je pense que les avis seront plus que partagés. Personnellement ,je n'ai pas aimé et je regrette d'avoir acheté ce roman.
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Sloper est un invisible. Il oeuvre une fois les bureaux vidés de ses occupants, les poubelles remplies de leurs déchets qu'il récupère, recycle. Ici ou à la cave, les échanges humains sont rares. Il y avait bien la fille du 23ème qui lui adressait un vague bonjour, une aide-soignante avec sa patiente en fauteuil roulant qui discute avec lui sur le chemin du retour et quelques sans-abris. Rien de très engageant. Mais Sloper s'en moque. Il n'est pas un être social. Ses distractions il les trouve dans les magazines pornos et un petit cube transparent contenant trois billes argentées de diamètres différents qu'il convient de loger dans leur coupelles respectives. de quoi le distraire longtemps. Entre ce jeu et la mise en pratique de ses souvenirs d'employé de la morgue, Sloper recycle.

Brian Evenson, écrivain, indique en préface qu'Ordure fait partie de ces livres, qui, dans le milieu underground de la fiction américaine ont acquis le statut de légende. Il dit qu'Ordure est un livre dont il faut faire l'expérience, pas un livre qu'on aime. C'est exactement cela. Au gré de ma lecture, des sentiments ressentis pour cet être abject et froid qu'est Sloper, j'ai eu l'impression qu'Eugene Marten rajoutait à l'horreur pour tester mon seuil de tolérance. Ordure se vit, se subit. Pour l'être socialement constitué et identifiable que je suis, il ne peut procurer aucun plaisir, aucune jouissance. Alors pourquoi le lire ? Pour l'expérience justement.

Ordure est un récit étrange, narré à la troisième personne au style très minimaliste, très dépouillé. Une ellipse narrative qui attire autant qu'elle rebute. Seule notre curiosité, notre attirance pour l'interdit nous incite à en poursuivre la lecture. Ordure nous plonge sans sommation dans un monde parallèle où tout n'est que noirceur, déchet. Je rejoins complètement Brian Evenson, Ordure n'est pas un livre que j'ai aimé, c'est l'expérience littéraire très singulière qu'il m'a offerte que j'ai appréciée. À expérimenter.
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Difficile de trouver plus trash que l'histoire (?) de cet agent d'entretien qui vivote au sous-sol chez sa mère, nettoie les bureaux, vit avec des restes, cadavre et handicapée compris. L'écriture est déroutante et nous empêche d'avoir la moindre empathie pour le personnage principal, qui n'est pas antipathique pour autant. Quelques échappées dans la conscience (ou les dialogues, monologues, conversations ?) d'autres personnages, parfois mieux lotis socialement mais pas plus heureux, achèvent de troubler un récit elliptique. La fin est d'une noirceur totale (j'ai peiné d'ailleurs à reconstituer l'enchaînement des faits qui y mène).
Comme le dit l'excellente critique de Canetille, ce n'est pas un livre qu'on peut aimer, mais on est incapable de le détester. Excellent pour ceux qui aiment qu'on les force à regarder l'atroce ; un livre qui ne rend pas heureux.
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Je n'ai malheureusement pas adhéré à ce roman. Heureusement qu'il est très court (112 pages) car je n'ai pas ressenti beaucoup d'intérêt sauf peut être de l'étonnement et de la perplexité à la lecture de ce livre hors du commun.
Une expérience de lecture que je vais vite oublier…
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Eugene Marten a une écriture intéressante. On ne sait parfois pas où il nous entraîne, jusqu'à ce que la fin nous percute. du coup, on revient en arrière afin de croquer chacun de ses mots qui prennent un tour autre sens. Sloper, on a envie de l'oublier, car il fait partie des invisibles de ce monde, jusqu'à la fin. Ou alors, ce livre permettra de mettre en avant son talent d'observateur ? À moins, qu'il inventé tout depuis le début ?
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Avant même la plongée en ces pages « sablemouvantes », nous savons grâce ou plutôt à cause de la couverture et du titre du présent ouvrage que l'on se dirige vers du noir. Et nous ne sommes pas trompés sur la marchandise ! « Ordure » est de ces romans qui suintent par leurs pores, qui sentent les miasmes et la pourriture, hanté par des bestioles faisandées, la crasse et les effluves frelatés.

Sloper est un agent d'entretien quelque part aux États-Unis, dans un quartier possiblement populeux, qui en tout cas ne semble pas être une invitation au tourisme. Il vit dans un immeuble chez sa mère. À la cave plus précisément. La mère réside au-dessus, en propriétaire avare et de santé chancelante (ses jambes douloureuses l'empêchent de se déplacer), qui loue à des personnes dont nous ne saurons rien, si ce n'est qu'entre elle et eux c'est loin d'être l'ambiance de fête. Sloper ne croise jamais sa mère ou presque. Il lui paie le loyer de la cave, de manière quasi bestiale : « Une fois par mois, il glissait une épaisse enveloppe sous sa porte au rez-de-chaussée. Espèces uniquement. Il n'était pas autorisé à utiliser la cuisine et devait faire les lessives. Qu'elle lui envoyait par un sac plastique par le vide-ordures ». Ce vide-ordures qui est un peu leur seul lien de communication à elle et lui, leur seul relais d'échanges vocaux, c'est dire. Et la mère, Sloper ne l'aperçoit que de loin, de la haute fenêtre de la cave, alors que la vieille se meut difficilement dans son fauteuil roulant poussé par une aide-soignante.

Les pages de ce livre sont imprégnées d'odeurs nauséabondes, de climat malsain voire carrément répugnant qui décrit un quotidien au milieu des ordures au sens propre (?) ainsi que dans un cadre professionnel, mais aussi au-delà avec cette cave dégueulasse, jusqu'aux idées malséantes de la plupart des protagonistes de ce texte bref et dérangeant. L'écriture d'une profonde oralité, sorte de langage de la rue, accompagne cette peinture dégradée d'une race humaine dégénérée.

Et puis ce « tu », cassant la narration à la troisième personne du singulier, tout à coup. Même si nous n'avons rien demandé, MARTEN nous colle la truffe dans la merde et la boue, nous décrivant une scène odorante, et nous y impliquant aux côtés de son Sloper, comme pour tenter de nous le faire apprivoiser. Car le boulot, excusez mais c'est du costaud : détritus, poubelles dégueulantes de déchets produits par des salariés, et les conditions de travail, dégradantes, sans contrats, tout à l'impro, sans sécurité ni rien. Oui, mais voilà, Sloper, comme si nous étions trop optimistes ou insouciants à son égard, trouve un corps de femme. Dans une benne à ordures. Ce n'est pas tout. Il va le ramener chez lui. le bichonner. le dorloter. le faire patienter dans le frigo. S'exciter à ses côtés...

« Ordure » ne pourrait pas s'appeler autrement tant cette image est persistante tout au fil des pages. MARTEN nous fait pénétrer dans un tourbillon d'odeurs fétides sans aucune chance de salut. La marge de manoeuvre est nulle. La prise d'air doit être correctement calculée, elle se situe vers le milieu du livre, au moment d'un souvenir de pêche. Pour le reste, apnée. Ah, si, une autre soupape, mince (car peu visible) : l'humour. « L'ambulance leur livra le perdant d'une rixe au YMCA. le dernier mot avait été un tournevis dans l'oreille, planté jusqu'à la garde. La victime bandait. Ç'a dû toucher le nerf. Y'avait p'têt une vis à resserrer là-dedans. Je parie ce que tu veux que c'est un cruciforme ».

« Ordure » nous plonge sans masque ni espoir au coeur du quotidien d'un prolétaire vicié états-unien. Sensation de malaise, empuanti par des scènes crues assez insoutenables. Eugene MARTEN, pourtant auteur de plusieurs livres aux États-Unis, semblait n'avoir jamais été traduit en France, c'est désormais chose faite. Ce roman fut d'abord auto édité en 1999 avant de trouver son public. Il paraît aujourd'hui en français chez Quidam, c'est Stéphane VANDERHAEGHE qui en assure la traduction. Un conseil : ouvrez les fenêtres avant d'inaugurer les pages, il ne sera fait aucun prisonnier.

https://deslivresrances.blogspot.com/
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Il s'agit d'une succession de "tranches de vies" centrées sur un agent d'entretien dans un immeuble de bureaux.
Il mène une petite vie qui va de l'insipide à l'abject, sans se poser la moindre question.
Certains des paragraphes sont glauques à souhait, mais une majorité est plutôt insipide et difficile à suivre car l'auteur passe d'un sujet à l'autre, sans "béquille" pour aider le lecteur à se situer dans l'histoire.
Au final ça laisse un roman déstructuré, banal pour sa majeure partie et plutôt inintéressant ...
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