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3,66

sur 104 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En leur temps, les Nazgûls ont été la voix de toute une génération. Ils ont chanté et hurlé la rage, les peurs et les espoirs de dizaines de milliers de jeunes gens, soulevé et enflammé des foules entières, affolé les médias et fait gronder des hordes de conservateurs échaudés… Mais cette ascension spectaculaire a pris brutalement fin le soir du 20 septembre 1971, quand un coup de feu tiré de nulle part a fracassé la tête du chanteur du groupe, Patrick Hobbins, alors qu'il interprétait sur scène la dernière création des Nazgûls « Armageddon/Resurrection Rag ». Panique totale. Des milliers de spectateurs fuient en hurlant le site du festival de West Mesa, laissant derrière eux les cadavres piétinés de pauvres malchanceux. le bilan est terrible : une dizaine de morts, la fermeture du festival, la ruine de la maison de production des Nazgûls et, finalement, la dissolution du groupe lui-même dont les trois membres survivants traumatisés se refusent à monter à nouveau ensemble sur scène. Ce spectaculaire martyr public hisse les Nazgûls au statut de légende et, si l'anonymat et l'oubli engloutissent bien vite les anciens musiciens, leurs chansons restent vibrantes et vivantes dans l'âme des nostalgiques des tumultueuses années 60.

Jusqu'au jour, une quinzaine d'années plus tard, où les Nazgûls sortent de leur tombes de la façon le plus lugubre qu'il soit : leur ancien impresario a été retrouvé dans sa maison de campagne, le coeur arraché, l'anniversaire même de la mort de Patrick Hobbins – meurtre affreux qui semble faire échos aux paroles d'une ancienne chanson du groupe « Baby you cut my heart out, Baby you make me bleed ! ». Sandy Blair, ancien fan des Nazgûls et écrivain en panne d'inspiration, mène l'enquête pour un journal spécialisé dans la musique Rock, pas tant dans l'espoir de débusquer un éventuel meurtrier que pour le plaisir un peu masochiste de remuer les cendres de son propre passé.

Blair est en effet confronté à l'éternelle question de tous les trentenaires : quand ai-je cessé d'être un jeune rebelle pour devenir un crétin mature et responsable ? Que sont devenus les choses auxquelles je croyais, les amis que j'ai aimés, les salopards que j'ai honnis ? C'est donc les mains dans les poches que Blair se lance sur les routes des Etats-Unis, mais son road-trip nostalgique va vite prendre une tournure plus effrayante et plus violente qu'il ne l'avait imaginé. Car les Nazgûls sont sur le point de remonter sur scène et ils y joueront une musique comme personne n'en a jamais entendu et n'en entendra après eux, oh non ! Une musique à réveiller les morts…

Malgré l'excellente opinion que j'ai de l'oeuvre de George R.R (Raoul ? Robert ?) Martin en général, j'ai longuement hésité à me lancer dans son roman « Rock and Roll », et pas seulement parce que je suis une sale radine et que je voulais absolument le trouver d'occasion. C'est que le Rock, il faut bien reconnaître que je n'y connais pas grand-chose, en dehors des indémodables classiques comme les Rolling Stones ou les Beatles, et que j'avais peur d'être larguée face à ce roman qui promettait d'être très générationnel et donc pas forcément accessible à n'importe quel glandu de moins de quarante ans. Et j'avais tort, car George R.R (Ricky ? Rafael ?) est décidément un grand auteur et il pourrait blablater pendant 600 pages de courses de bagnoles qu'il n'en serait pas moins passionnant – et pourtant Dieu sait que je déteste les courses de bagnoles.

Pour rester dans les métaphores voiturières, la moindre des choses est de dire que « Armageddon Rag » ne commence pas sur les chapeaux des roues. le roman débute tranquillou au rythme des déambulations mélancoliques de Sandy Blair à travers les Etats-Unis à la recherche de son temps perdu. Tout ceci est réellement intéressant et fort bien écrit, mais malgré le voile oppressant qui semble peser sur le récit, on a un peu de mal à savoir où l'auteur veut en venir… Puis sans nous prévenir, Martin enfonce brutalement l'accélérateur, met la sono à fond et, avant d'avoir eu le temps de dire « Oh fuck », nous voici en train de foncer à tout allure dans un décor apocalyptique où rugissent les baffles et explosent les champignons atomiques. Ca gueule, ça hurle, ça frappe du pied, ça fracasse des guitares dans des gerbes d'étincelles ! C'est du grand art. Moi qui suis à peu près insensible au Hard Rock, j'avoue avoir vibré comme un câble électrique au récit des concerts des Nazgûls qui rythment la dernière partie du roman. Les fans purs et durs de fantasy seront peut-être un peu déçus – faut avouer que l'aspect fantastique du roman reste assez discret – mais les autres auraient tort de se priver de cette ébouriffante partie de jambes en l'air littéraire !

George R.R Martin, je t'aime.

(Ouais, ça fait groupie, mais au moins on ne pourra pas me reprocher de ne pas être dans l'ambiance.)
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L'assassinat du leader des Nazgûl, groupe mythique des années soixante, a sonné la fin des sixties et les rêves de toute une génération. Dix ans plus tard, Jamie Lynch, l'imprésario du groupe défunt est retrouvé assassiné d'une horrible manière. C'est alors le début d'une étrange affaire dans laquelle l'ancien journaliste Sander Blair, devenu écrivain, va se plonger faisant ressurgir un passé chargé de nostalgie et de rancoeurs.
Georges R. R. Martin nous replonge avec bonheur dans ces années où l'on croyait tout possible. On remet les pattes d'éph et les chemises à fleurs, une cassette de la bande-son créer par l'auteur (que je me suis amusé à reconstituer sur un site musical), et nous voilà partis pour un road-movies à travers l'Amérique sur les traces d'une époque révolue que quelques-uns essaient de recréer quitte à vendre leur âme au diable. Un roman mâtiné de fantastique par le créateur du Trône de fer dans un registre tout à fait étonnant.
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Le Rock est mort, vive le Rock ! Et au passage, vive Masse Critique et Babelio qui m'ont permis de découvrir ce petit bijou et vive les éditeurs qui ont eu la bonne idée de le rééditer!

Quand je dis petit bijou, rien à voir avec sa taille: Armageddon rag pèse 600 pages, de quoi se mettre de la matière sous la dent, même pour une lectrice compulsive dans mon genre. Lectrice compulsive qui tient d'ailleurs à témoigner de la difficulté à le reposer: je ne me suis endormie qu'à une heure qu'on devrait plutôt qualifier d'aube parce qu'il fallait que je sache la suite, là, maintenant, et tant pis pour l'heure.

Armageddon rag commence comme un roman policier, balance dans le fantastique et les visions d'Apocalypse mais reste avant toute chose une ode à la musique et une plongée dans le Rock. Oui, je mets une majuscule, mais c'est la moindre des choses en sortant de ce livre!

Jamie Lynch est le personnage par qui tout commence: ancien impresario d'un légendaire groupe de rock, les Nazgûl, le voilà qui est retrouvé le coeur arraché dans son bureau. Comme dans une des chansons légendaires du groupe, d'ailleurs, un groupe dissous dans le sang une dizaine d'années avant quand un inconnu abattit le chanteur en plein concert lors du festival de West Mesa. Pour le personnage principal, ancien fan, journaliste devenu écrivain, voilà venu l'occasion d'un voyage sur les traces de son passé , d'ami perdu de vue en star déchu. Que sont devenus les ideaux de sa jeunesse, tous ceux d'une génération qui voulait changer le monde? Auraient ils échoué? La mort de l'impresario et la renaissance éventuelle des Nazgûl est-elle une nouvelle chance , ou un piège?

C'est violent, ça subit une toute petite baisse de régime au milieu, mais si légère que j'ai quand même collé 5 étoiles, ça chante la colère, la rébellion et la musique, mais aussi la difficile introspection de l'âge qui vient, quand on regarde en arrière et qu'on se demande si on a été fidèle à ses ideaux.

Au début; le virage fantastique, dont le lecteur se demande sans cesse s'il est réel, ou juste rêvé, m'a semblé étrange, mais ça monte ensuite comme une sorte de crescendo jusqu'à exploser.

Un livre envoûtant que je vais me dépêcher de coller dans les mains d'autres lecteurs et lectrices!
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« le cliché est que la musique est le reflet de l'époque mais il convient de le prendre à l'envers ».
L'époque est le reflet de la musique. le début des 70s a été celui de cette musique du diable revenue d'outre-tombe pour verser son vitriol sur l'injustice du monde. Et il est à temps à nouveau pour le Nazgûl de déployer ses ailes noires et souffler sa musique démoniaque sur cette génération contestataire des 70s dont la voix s'est tue, en même temps que celle du chanteur du groupe mythique tolkienien en 71. Il est à temps de réveiller ces esprits contestataires morts dans les costumes trois pièces hérités de leurs parents pour l'heure du jugement dernier.
Electrisant, ce livre à réveiller les morts et les consciences. Une douce musique qui pulse de plus en plus fort pour vous faire saigner les tympans avec un son de tous les diables. Avant de jouer sa chanson de glace et de feu, George RR Martin compose dans Armageddon rag la discographie de son groupe le Nazgûl et resuscite Woodstock. Son vibrant hommage aux grands noms du rock des 60s est comme un de ces concerts qui vous laisse enfiévré, qui vous enflamme, qui vous crucifie sur place.
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Ce livre sort de l'ordinaire. Je suis près de penser que G.R.R. Martin nous offre ici de l'inédit. J'aime être surpris par des détours inattendus. L'histoire et les thèmes abordés m'ont vraiment emballé : musique, contre-culture, les mouvements contestataires des années 60 et 70, leurs côtés sombres, les possibles ramifications occultes. Côté fantastique, est un thème qui me branche, et de le voir traité de façon si différente fut un plaisir.

Le cheminement de Sandy qui tourne le dos à ses obligations pour replonger dans son passé trouble est également plaisant à suivre. Il permet au lecteur de faire l'expérience de cette délivrance sans en subir les conséquences...

Comme un auteur de fantasy nous décrit un autre monde de façon immersive, c'est ici un groupe de musique fictif qui nous est présenté, avec les individualités diverses de ses membres, son répertoire musical, son image à la sauce Tolkien et tout son côté mythique. Les affinités du groupe avec la contestation qui caractérise l'époque concernée en font comme son incarnation. le résultat est magistral.

Je trouve que les parallèles avec le monde réel et tous les questionnements que le livre ébauche lui donnent ce je ne sais quoi qui donnait au film ''Matrix'' son extraordinaire punch.

C'est la première fois que je lis du G.R.R. Martin et je trouve son écriture et ses idées géniales. Je m'en doutais, vu l'immense succès de son ''Trône de fer''. Je me laisserai peut-être tenter par un autre de ses one-shot...
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L'imprésario Jamie Lynch, has been controversé, est retrouvé ligoté sur son bureau, le coeur arraché. Sandy Blair, journaliste musical, se voit confier par le Hedgehog le soin de faire un papier sur cette affaire. L'enquête le plonge dans la contre-culture musicale américaine des années 60, au sein des groupes produit par Lynch au premier rang desquels les Nazgûls. Rock stars déchues et hippis décatis ou époque phare de la musique préindustrielle, Georges R.R. Martin nous offre un voyage dans l'Amérique underground grâce à un roman policier intense, nostalgique et bouleversant.

Music to wake the Dead, le dernier album des Nazgûl avant le drame final de West Mesa en 1971. Sur la pochette de l'album Hobbins, dans son ensemble en jean noir avec des boutons en os, avec sur son aine, cousu un drapeau américain où l'oeil de Mordor remplace les étoiles, chante : « Baby, tu m'arraches le coeur, Baby, tu draines tout mon sang ». Jamie Lynch était mort et quelqu'un lui avait véritablement arraché le coeur, attaché sur son bureau, le dos collé à l'affiche du concert de West Mesa…

Affaire d'argent, tueur en série, révolutionnaires underground, sexe, maison de disque, politique…la quête de Sandy Blair ne sera pas de tout repos.

Lien : http://quidhodieagisti.over-..
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Un roman déroutant, qui débute comme un road trip nostalgique et s'emballe dans un tourbillon apocalyptique. On sent beaucoup de désillusion dans ce récit qui nous fait découvrir les Etats-Unis de l'après-guerre du Vietnam. Vibrant hommage au rock et à la contre-culture, doublé d'une fresque grandiose et cauchemardesque, ce livre montre une facette de l'auteur à ne surtout pas manquer.

Lien : http://www.lavisdedeidre.org..
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D'abord roman policier, cette histoire devient progressivement un roman terrifiant aux frontières de la science-fiction. Il se passe dans l'univers de la pop music américaine /
Mais alors que nous raconte cet « Armageddon Rag »
Ancien journaliste underground reconverti dans le roman, Sandy Blair décide d'enquêter sur le meurtre de Patrick Hobbins, chanteur du Nazgül, groupe mythique de la fin des années soixante et de son imprésario Jamie Lynch survenu dix ans plus tard. Décidé à tirer de cette affaire un roman , un roman comme le "de sang froid" de Truman Capote, Sandy va se retrouver embarqué dans un voyage mystique et hallucinatoire.
Cette enquête va le transformer en acteur. Mais qui manipule le groupe ?
George R. R. Martin nous offre ici un roman halluciné et hallucinant. Un thriller fantastique hanté par des visions d'apocalypse, fascinante plongée dans l'Amérique de l'après-guerre du Viêt Nam sur laquelle plane le fantôme de l'âge d'or du rock

Lien : https://collectifpolar.com
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Il y eut les Beattles, les Stone , les Doors , et il y eut « les Nazgûl » , ce groupe hard qui explosa en même temps que la tête de leur leader lors d'un mémorable concert. Et voilà qu'ils reviennent, d'entre les oubliés , d'entre les anciens combattants de la contre-culture , d'entre les « loser » de notre si belle société , d'entre les morts …qui sait ? Martin n'a pas que la corde « fantasy » à son arc , il nous donne un sacré roman saturé de musique , de fantastique et , faut-il l'avouer , de nostalgie d'un temps où nous avions encore l'espoir de lendemains qui chantent .
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Frisson, sexe et drogue, hallucinations, ésotérisme, dans une trame à l'intensité toujours plus croissante: un thriller fantastique décapant dans lequel George R.R Martin nous replonge dans l'atmosphère épique des hippies et de la culture rock
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