On doit tous mourir un jour. Je pensais simplement avoir plus de temps. Quarante-trois ans, c'est assez peu au bout du compte. J'allais devoir m'en contenter. Qu'y pouvais-je ? Rien. Plus personne n'y pouvait rien.
- Maman, à quoi penses-tu ?
Elle s'enroula au-dessus de moi. Elle me couvrait de sa tendre douceur;
- A rien, mentis-je. Je regarde la mer.
Joshua m'avait toujours extraite de la réalité et il le faisait encore.
Je lui devais une qualité ; elle m'avait rendu insupportable. D'une certaine manière, j'avais la paix. Toutes les personnes dont je m'étais encombré au fil des années avaient fini par s'éloigner. Avais-je voulu d'elles, d'ailleurs ? Pas certain. Je les avais juste tolérées. Elles étaient entrées dans mon existence lors de mes rares moments de faiblesse.
Ce temps-là était révolu.
Plus de femme. Plus d'argent. Plus de concerts. Plus de tournées. Plus de récitals.
La paix.
Le vide.
Ses lèvres s'étaient arquées dans un sourire qui aurait pu paraître arrogant, j'y avais lu l'invitation à bouleverser ma vie.
Je lui souris à m'en déchirer les joues. Je ne croyais pas qu'il me soit permis de revivre un état pareil où la joie implose de l'intérieur et occulte les malheurs.
L'amour est proche de la haine.
- Pardon, pardon, ma Lisa...
- Ce n'est pas ta faute, maman... je sais que tu t'es battue... Ce n'est pas à toi que j'en veux. C'est à la Terre entière.
Quand on connait la fin, pas besoin d’avoir le début, si ce n’était pour satisfaire une forme de voyeurisme.
Passage page 141 :
"Je le retrouvais avec violence et attirance. Je le retrouvais alors que je mourais."