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4,1

sur 1936 notes
Le dernier Martin-Lugand sur un présentoir à la bibliothèque, je n'ai pas résisté. Pourtant souvent déçue par cette auteure, j'y reviens. Pourquoi exactement, je ne saurais le dire, une belle critique lue récemment, un titre qui interpelle, une belle couverture, ...

Cela commençait bien. Les chapitres alternent entre deux personnages, chacun parlant à la première personne.
Quelque part, un homme perdu, rongé par la douleur, seul avec son piano, près de se tuer, qui hésite, sauvé finalement par la pensée puis la venue de son fils
Autre part, une femme, que l'on devine, en fin de vie, victime d'une maladie qui ne sera pas nommée.

Il est seul, juste son fils pour l'aimer et l'entourer.
Elle a deux soeurs, aimantes, un ex-mari qui est aussi son meilleur ami, une fille étudiante, pleine d'attentions pour elle.

J'ai aimé tous ces chapitres où l'on fait doucement connaissance avec chacun, où l'on découvre leurs failles. Ils ont tous les deux vécus l'amour fou et en sont sortis meurtris.

J'ai été déçue par la suite. Comment en dire plus sans divulgâcher ? Je l'ai trouvée à la fois trop prévisible, et à la fois irréaliste. Je n'ai pas cru à cette séparation sans explication, à ces longues années sans essayer de mieux .comprendre. Et puis cet amour naissant, quelle coïncidence !
Dommage, de beaux personnages au service d'une histoire qui ne tient pas la route, à mon avis.

Noté 3 pour laisser à chacun la possibilité de se faire son opinion, n'est ce pas Paul
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❤ Coup de coeur ❤

Si vous suivez mes avis et chroniques, vous savez certainement à quel point j'adore tout ce qu'Agnès Martin-Lugand écrit.

Cette année, en écoutant les premiers échos et les interviews, en arrivant par hasard sur les premiers avis, j'avais tout de même des appréhensions. On évoquait que le thème abordé était celui de la mort. J'avais eu quelques difficultés avec d'autres romans sur ce thème, comme par exemple avec "Les derniers jours de Rabbit Hayes". Je me sentais en terrain miné.

Mais, une fois le pas franchi, pour moi, le thème principal, c'est plutôt la fin de vie. Et la fin de la vie, c'est toujours la vie. Il y a une urgence à vivre, qui fait qu'on est dans l'essentiel, qu'on profite de chaque moment. Ce sont donc des moments forts, des moments touchants.

L'autre côté de la mort, dans ce livre, c'est l'envie d'en finir avec la vie, un mal de vivre.

Qu'on ne dise plus que les romans d'Agnès Martin-Lugand sont des romans feel good. Allons-y pour l'étiquette littérature blanche ou pour celle de développement personnel.

Ce roman est sous forme de roman choral. On a le point de vue de deux personnes, qui alternent de chapitre en chapitre. Il n'y a pas un des narrateurs qui prend le pas sur l'autre. Ces deux narrateurs sont attachants, tout comme les personnages secondaires, qui sont toujours très construits.

Bref, même si ce qui va arriver est prévisible, au-delà de la mort inéluctable, cela ne me paraît pas fantaisiste et totalement irréaliste comme le disent certaines critiques. Agnès Martin-Lugand, mieux que quiconque, puisqu'elle a été psychologue clinicienne, a été témoin de situations qui l'ont sans doute inspirée.

Je recommande donc ce roman qui est surtout une ode à la vie.



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Il y a des jours comme ça, qui commencent sous de bon hospice et puis un grain de sable vient soudainement gripper la machine à bonheur.
Mon rendez-vous avec Agnès Martin-Lugand n'a pas eu lieu.

Peut-être qu'après avoir entendu et lu toutes ces éloges, je m'attendais à un roman d'amour des plus vibrants, comme ceux que je venais de lire. Des belles histoires d'amour-passion, qui parlaient de folie, de fièvre, de désirs brûlants, de sexe, de larmes, avec des mots doux, avec des mots crus qui sentaient à la fois, la transpiration des corps et la désillusion des coeurs.
*

Avec « la Déraison » c'est tout ce que je redoutais d'un roman. Qu'il soit trop cousu de fil blanc, trop prévisible, ce qui a gâché un peu ma lecture.
Il n'a fait que m'effleurer et j'ai ressenti un manque de cohérence et de profondeur.
Son histoire m'a paru improbable, car pour moi, elle n'existe pas dans le vrai monde, avec des êtres qui meurent dans un bonheur absolu, entouré avec des trop-pleins de « je t'aime ».

Certes Agnès Martin-Lugand écrit avec une grande délicatesse, en y mettant beaucoup de sentiments et sa plume est fine et sensible.
Mais parfois cela ne suffit pas !
*

Et puis pour moi, l'auteure a voulu relever deux grands défis.
Déjà celui de décrire les états d'âme d'un homme dépressif et rongé par les souvenirs.

Et là, l'auteure a manqué de vrais mots pour me transmettre la brutalité qu'est une dépression chez un homme.
L'histoire n'a pas eu la moindre résonance en moi !

Et pourtant, la dépression et son amie la schizophrénie, est cette « bête noire » des plus gluantes, qui vient doucement et pernicieusement s'immiscer dans votre esprit. Et lorsque vous vous en rendez compte, il est déjà trop tard.
Cette bête noire, qui vous dépossède d'une réalité pour vous faire basculer et vous engluer dans une autre réalité de vie, où toutes les choses suintent le chagrin, la mélancolie, la tristesse, la grisaille, le disgracieux, l'affreux.
Où il n'y a plus de place pour un seul espoir, une seule envie, un seul sourire.
Une bête sournoise qui vous torture l'âme en vous figeant dans vos souvenirs, en vous faisant ressasser votre passé et vos regrets, jusqu'à l'étourdissement.

C'est elle « l'infâme » qui vous convainc parfois que seule la mort est l'unique option pour vous délivrer de votre souffrance.
*

Il faut des années, des dizaines d'années et parfois une vie entière pour dompter « la bête noire », à coups de désamour, à coups de larmes, à coups de lames de rasoir parfois, à coup de longues journées allongé sur votre lit, à coups de cures de sommeil, à coups de médocs qui vous embrument et vous anesthésient l'esprit, à coup de séances psy.

Il m'a paru bien puéril et illusoire, comme dans le roman, de faire disparaitre une dépression, comme cela d'un seul coup de baguette magique, par un événement émotionnel.
*

Le deuxième défi que l'auteure s'est donné, c'est de parler des sentiments d'une femme condamnée à une mort proche.
Et je me suis posé la question si un vivant en bonne santé était capable d'exprimer au plus près le ressenti d'une condamnée à mort. A moins que cette dernière fasse des confidences.

Agnès Martin-Lugand a bien évoqué ce côté où les personnes bienveillantes et courageuses veuillent cacher leur terreur de mourir, veuillent dissimuler leur souffrance et la faiblesse de leur corps. Veuillent donner une belle image d'elles avant de partir, pour que leurs enfants gardent un beau souvenir, pour ne pas donner plus d'affliction à leur famille, à leurs très proches.

Parce que ce sont eux qui finalement vont rester et vont souffrir.

Mais l'auteure n'a pas abordé toutes les interrogations, toutes les angoisses que nous pouvons peut-être ressentir face à notre mort prochaine et éminente, face à ce vertigineux et grand saut dans l'Inconnu. Face à cette épouvante du vide, du néant.
Parce que la mort n'appartient pas à la vie. Elle est pour certaines personnes « son terminus ». Elle est pour d'autres, un autre état d'être, dans un tout autre lieu, dans une autre dimension.

Et que nous soyons croyants ou pas ne change rien aux grandes questions existentielles que nous nous posons sur la présence du cosmos, sur le mystère de la vie et de la mort.

Peut-être il y aurait de la colère de se dire pourquoi moi ?
De se dire pourquoi dois-je partir dès maintenant ?
Quelle fut la nécessité de ma présence sur terre, si le destin me fait mourir si jeune ?
Qu'est-ce que l'univers ?
Qu'est-ce que la vie ?
Qu'est-ce que la mort ?
Pour quelle raison, dans quel but l'existence du monde des vivants ?
Qui crée l'existence et pourquoi ?
Quel est le sens de la vie ?
Qu'est-ce que le temps ?
Peut-on quantifier ce que représente une seconde ?
Qu'est-ce que l'âme éternelle ?
Que représente un souffle de vie par rapport à une éternité ?
*

Qui suis-je ?
Pourquoi toutes ces questions ?
Combien d'années me reste-il avant de rencontrer « la Grande Faucheuse ».
Combien de livres aurais-je encore le temps de lire.
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Encore une célèbre auteure que j'ai découvert grâce à un livre audio, lu par Bénédicte Charton et Yann subberg, j'aime particulièrement quand il y a deux lecteurs, c'est très agréable et plus naturel d'entendre chaque personnage incarné par quelqu'un de son sexe, on se sent plus immergé dans l'histoire. Ces deux acteurs ont tout à fait la bonne intonation pour nous entraîner sur les traces de Madeleine et de Joshua.

Dans ce roman choral, nous suivons alternativement Joshua, un pianiste qui ne joue plus et songe à se suicider car il a perdu son grand amour vingt sept ans plus tôt, il vit dans une maison au fin fond de la Bretagne, sous la surveillance de son fils, Nathan, dix-neuf ans qui le surveille pour l'empêcher de boire et d'attenter à sa vie.

Madeleine vit à Paris où elle a elle a crée une agence de voyage avec Vasco, son ex-mari devenu son meilleur ami. Ils ont une fille de dix-huit ans, Lisa. Madeleine a un cancer qu'on ne peut soigner, elle s'apprête à quitter toutes les personnes qui ont fait sa vie. Elle a connu un grand amour avant Vasco dont la perte a brisé sa vie. Lisa ne sait rien de cette histoire et sa mère n'aimerait pas qu'elle l'apprenne de son père ou de ses tantes après son départ. Aussi décide -t'elle de l'emmener dans la maison de famille au fin de la Bretagne dans laquelle elle n'est jamais retournée et que Lisa ne connaît pas.

Jusque là le roman sonne vraiment juste, les sentiments des deux personnages principaux sont bien décrits et étayés, Madeleine est très crédible dans sa volonté de ménager sa famille qui continue à nourrir un espoir fou, pourtant elle est lucide, et sa famille aussi quand ils veulent bien regarder la réalité en face. Malheureusement lors de l'arrivée en Bretagne, on sombre dans le roman à l'eau de rose qui décrédibilise tout le reste : Joshua se trouve évidemment sur la même plage et Madeleine reconnaît qu'elle n'a aimé que lui, c'est parti pour une fin bien larmoyante, sans compter que les deux enfants tombent amoureux l'un de l'autre pour en rajouter une couche.

Je trouve qu'on a vraiment deux qualité d'écriture dans ce roman, le début et le milieu sont convaincants et m'ont plu, mais la fin si cousue de fil blanc m'a franchement énervée. Si Madeleine est très réaliste et crédible on peut quand même douter fortement de Joshua. D'accord que c'est un artiste et on peut penser que ces personnes ne réagissent pas comme le commun des mortels, mais comment croire qu'un homme puisse déprimer durant près de trente ans pour avoir été quitté par son amour de jeunesse ? Qui peut croire à une histoire pareille franchement ?

L'écriture est fluide et agréable, dommage qu'elle ne soit pas mise au service d'un projet plus cohérent. Un grand merci à Lizzie et Netgalley pour leur confiance.

#Ladéraison #NetGalleyFrance !
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La Déraison de Agnès Martin-Lugand
Quand la maladie nous tiens
Une belle histoire avec des personnages touchant et émouvants surtout les deux enfants Lisa et Nathan, mais une histoire beaucoup trop prévisible et téléguidée. Une histoire qui se lie rapidement avec de courts paragraphes.
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Après "la datcha", j'attendais beaucoup, trop sans doute de ce nouveau livre. On a ici un mélodrame extrême, genre qui ne m'attire pas particulièrement et j'ai eu beaucoup de mal à adhérer. Heureusement, le livre est court et l'auteur ne se noie pas dans le pathos. Une déception pour moi, liée à un genre qui n'est pas ma tasse de thé.
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Très déçue de cette lecture. D'ordinaire je plonge avec délice dans les histoires de l'auteur mais cette fois ça ne l'a pas fait.
Une histoire mélo-drama qui ne tourne qu'autour de la mort. Des personnages plats, sans charisme ni âme. Décevant car l'auteur n'a pas son pareil pour nous embarquer avec elle.
Suis je devenue trop exigeante ? Ou sa plume s'essouffle t-elle à vouloir comme tant d'autres écrire un livre chaque année sans reprendre de l'air ?
LA Datcha était déjà moins convainquant que les précédents, et je renouvelle une lecture sans saveur alors que j'étais si enthousiaste de la retrouver.
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Vous êtes nombreux à avoir hâte de découvrir le nouveau roman d'Agnès Martin-Lugand, moi y compris. La déraison, publiée aux éditions Michel Lafon, est un livre qui est dans ma liste de lecture prioritaire. Je suis un grand fan de l'auteur. Ces histoires simples me permettent de m'évader en douceur le temps d'un après-midi ou d'une soirée.

Quelque part, le désespoir d'un homme se révèle au rythme des vagues d'ombrageuses. Ses pensées flottent et bouillonnent au point de vouloir sauter dans le vide, mais la réalité est bien différente. Son fils Nathan l'attend et a besoin de lui. du coup, il lui reste la bouteille pour oublier son douloureux passé.
Depuis de nombreuses années, il vit seul avec ses démons et son piano, son compagnon de vie. Un mélange infatigable d'ambivalence, de colère, de frustration, de doute et de culpabilité le hante. Un comportement que Nathan n'aime pas du tout. de plus, il ne comprend pas la raison de cette attitude désespérée.

Ailleurs, le départ au ciel de Madeleine approche. Selon les médecins, il lui reste peu de temps pour vivre, ses jours sont comptés. Quelle triste nouvelle pour une femme encore si jeune. À 40 ans, elle voulait profiter au maximum de la vie avec sa fille Lisa et sa famille. Malheureusement, la maladie a déjà commencé et est sur le point de s'envoler bientôt.
La plupart du temps, elle passe ses journées avec son ex-époux et fidèle ami Vasco. Les deux se sont mariés, mais ils n'ont pas connu de grand amour ensemble, alors ils ont préféré être séparés. Leur amour est pour leur fille Lisa. Ils s'entendent très bien et travaillent ensemble sans le moindre problème. Leur lien est évident. À part ça, Madeleine est très proche de ses soeurs. Ces temps-ci, elle est bien entourée, car les symptômes de la maladie se sont aggravés et Madeleine s'affaiblit de jour en jour. Elle va quitter sa belle vie avec regret. Lisa a encore besoin d'elle, tellement injuste. C'est une situation difficile où tout le monde fait semblant d'accepter l'impossible.
Lors d'une discussion apparemment banale entre Madeleine et Lisa. Elle demande à sa mère de lui révéler tous ses secrets avant de mourir, sinon elle sera très en colère si elle déterre quelque chose après son départ. Madeleine a été troublée par la requête inhabituelle et y a réfléchi un instant, au moins assez pour comprendre ce que ressentait Lisa. Elles décident donc de se rendre en Bretagne dans la maison familiale pour redécouvrir un passé mouvementé et déchirant.
À travers des chapitres alternés, Agnès Martin-Lugand nous fait découvrir l'histoire de Madeleine et Joshua. Tous deux vivent avec des souvenirs indélébiles de leur passion intense, dérangeant, et destructeur. Elle nous raconte leur douleur, leurs expériences et les résultats de leur séparation brutale. À qui la faute ? L'auteure nous laisse suivre leurs traces, découvrir leurs émotions, aller à leur rencontre et d'essayer de recoller les morceaux des coeurs brisés.
Malgré l'affection de Madeleine pour Lisa, son premier amour domine son esprit, sa mémoire, jusqu'à la fin de sa vie.
La déraison d'Agnès Martin-Lugand est une ode à l'amour avec un A majuscule. Un livre qui vaut vraiment la peine d'être lu tant il est profond et sensible. Aussi difficile que soit le sujet, l'auteure est parvenue à me faire oublier ou plutôt mettre de côté la douleur de la mort, partager et reconnecter et vivre de beaux derniers instants avec Madeleine et Joshua, car les aléas de la vie ont été brutalement et injustement séparés. Vous allez certainement sourire et verser quelques larmes dans ce magnifique mémorable.

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Maddie se meurt et Joshua veut abandonner la vie. Ils aiment leurs enfants, elle : Lisa qui se prépare à vivre sa vie d'adulte sans mère, lui : Nathan qui ne connait pas les desseins de son père.
Pour Lisa, Maddie accepte de retourner sur le lieu de sa rencontre avec Joshua. Là-bas, elle devrait pouvoir lui dévoiler l'insensé, que seul son mari devenu tendre ami connaît. Joshua lui n'espère plus la revoir.

J'ai été prise par ces sentiments puissants qui les écartèlent ou les portent, c'est selon. J'ai été entraînée par le lyrisme de l'auteure qui respire au rythme de ses personnages.

Il me semblait bien que je trouverais dans les livres de cette auteure un livre qui me toucherait particulièrement : c'est chose faite.
Un sacré moment de lecture.
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Madeleine est malade et se sait condamnée. Elle vit chaque jour de toutes ses forces. Si elle est en paix avec sa fin prochaine, elle veut aussi faire la paix avec son passé pour que sa fille, Lisa, ne le découvre pas après sa mort. « Moi qui craignais d'être effacée par ma mort, j'avais effacé une partie de ma vie. Une partie de moi était déjà morte depuis plus de vingt ans. Il me restait peu de temps pour lui redonner vie une dernière fois. » (p. 74) de son côté, Joshua vit enfermé dans une grande maison, se soulant de piano et d'alcool. Son fils, Nathan, ne sait plus comment le tirer de son désespoir ni l'aider à se débarrasser d'un passé trop lourd. Évidemment, Madeleine et Joshua ont vécu quelque chose d'intense et portent l'absence de l'autre comme un fardeau. Hélas, le temps manque, car Madeleine sera bientôt partie, pour toujours cette fois.

J'ai deux grands reproches à adresser à ce roman. le premier est qu'il est inacceptable de glamouriser une tentative de suicide : une tempête, une falaise, une nuit tourmentée, c'est certes grandiose, mais les pulsions de mort et d'autodestruction sont bien plus quotidiennes et férocement banales. Mon deuxième reproche, c'est qu'on ne guérit pas d'une dépression de plusieurs décennies simplement en retrouvant son amour de jeunesse. La dépression est une maladie grave et longue – qui se soigne, c'est vrai – et ce ne sont pas des envolées du coeur qui la font disparaître en une nuit.

Pour le reste, je pense que c'est acté, Agnès Martin-Lugand n'est pas une autrice pour moi. Son a certes considérablement progressé depuis Les gens heureux lisent et boivent du café et je salue le fait qu'elle maîtrise enfin la concordance des temps. Toutefois, tout reste trop follement romanesque, échevelé et finalement too much. Aucun personnage ne semble avoir de sentiments mesurés ou normaux. Vous me direz que la littérature permet de s'évader et de vivre plus intensément. Pourquoi pas... mais si je cherche une autre réalité, je lis de la fantasy ou de la science-fiction, pas de la littérature blanche où rien n'est crédible. La fin du roman est hautement lacrymale et c'est un festival de happy endings et de messages motivationnels. J'ai fortement grimacé devant le cliché très agaçant des enfants qui sont le portrait craché de leurs parents, ce qui entraîne inévitablement des quiproquos et des confusions.

L'ensemble n'est pas mauvais et ça se lit vite et sans trop de déplaisir, mais ce n'est pas ma came. J'aurai oublié cette lecture dans dix jours et les quelques émotions qu'elle a suscitées sont déjà éteintes. En revanche, je ne peux que recommander aux auteur·ices de faire appel à des sensitive readers ou aux éditeur·ices de mettre des avertissements en début de roman. Je ne m'attendais pas à tomber sur une tentative de suicide en page 3. Depuis quelque temps, je vais mieux et ma dépression est sous contrôle : fût un temps où une telle scène m'aurait hantée pendant des jours, voire aurait réactivé mes propres pensées suicidaires. Si j'ouvre un livre pour échapper à mon quotidien, ce n'est pas pour le prendre en pleine face.
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