J'étais déchirée. Que les autres vivent sans moi était mon souhait le plus cher, je refusais qu'ils attendent mon départ pour poursuivre leur chemin. Ce n'en était pas moins douloureux pour autant. Devenir transparente, invisible n'était pas naturel, n'était pas juste. L'esprit se rebelle, a envie de gueuler "je suis là, ne m'oubliez pas ! Pas encore. Pas déjà!"
Mais je n'en avais pas le droit. Je ne voulais pas leur imposer la culpabilité de vivre.
On ne doit pas culpabiliser de vivre.
On doit savourer. Jouir de la vie. Encore et encore.
Le voile noir commençait à me recouvrir. J'étais une ombre. Je ne pensé pas qu'une ombre pouvait souffrir. Je me trompais.
On ne doit pas culpabiliser de vivre.
On doit savourer. Jouir de la vie.
Encore et encore.
Le voile noir commençait à me recouvrir.
J'étais une ombre.
Je ne pensais pas qu'une ombre pouvait souffrir. Je me trompais.
p.34
Comment était-il possible d’être comblé et d’un bonheur incommensurable et d’un chagrin inconsolable ?
D'une certaine manière, j'avais la paix. Toutes les personnes dont je m'étais encombré au fil des années avaient fini par s'éloigner. Avais-je voulu d'elles, d'ailleurs ? Pas certain. Je les avais juste tolérées. Elles étaient entrées dans mon existence lors de mes rares moments de faiblesse.
J'aurais tant aimé emporter cette image avec moi de l'autre côté. Conserve-t-on ses souvenirs ? Ou bien disparaissent-ils ? Mon esprit, s'il existait encore sous une forme quelconque, pourrait-il se réfugier, se ressourcer auprès de ces images que j'engrangeais encore et encore ? Ou bien était-ce le vide ? Le néant le plus total. J’aurais vécu pour rien.
On ne doit pas culpabiliser de vivre.
On doit savourer. Jouir de la vie. Encore et encore.
Passage page 141 :
"Je le retrouvais avec violence et attirance. Je le retrouvais alors que je mourais."
C'était rare, mais un furtif et violent élan de colère m'étreignit. J'aurais voulu avoir la force de frapper. N'importe quoi aurait fait l'affaire. Impossible .
C'était fini.
La mort est dégueulasse.
Avant de mourir, on peut tout promettre, la lune, monts et merveilles, cela n'engage à rien. On peut se bafouer, piétiner ses serments, on n'en paiera jamais les conséquences.
Tout dans son attitude, sa posture me confirmait qu’il était différent d’eux.
Un être à part.
Un homme à part.
Il m’avait dévisagée. Je m’étais sentie nue, totalement nue, et offerte. Moi, pudique et ml dans ma peau d’adolescente, j’avais aimé ça. Ses lèvres s’étaient arquées dans un sourire qui aurait pu paraître arrogant, j’y avais lu l’invitation à bouleverser ma vie.