On ne doit pas culpabiliser de vivre.
On doit savourer. Jouir de la vie. Encore et encore.
J’avais la chance inouïe d’avoir des sœurs dans ma vie, chance que ne possédait pas Lisa. Mais elle avait des tantes ; les meilleures, les plus aimantes les plus drôles, les plus envahissantes.
…
Elle m’apprenait le beau, le merveilleux, l’inimaginable. Elle n’avait aucune idée du cadeau qu’elle venait de m’offrir.
C'est pour cette raison que je n'ai pas cherché à te retrouver, à te ramener à moi... je méritais cette condamnation et tu méritais le meilleur, le plus doux. Tu m'avais abandonné pour survivre, et j'en suis l'unique responsable.
L'esprit se rebelle, a envie de gueuler « Je suis là, ne m'oubliez pas! Pas encore. Pas déjà ! »
Mais je n'en avais pas le droit. Je ne voulais pas leur imposer la culpabilite de vivre.
On ne doit pas culpabiliser de vivre.
On doit savourer. Jouir de la vie.
Encore et encore.
Si d’aventure on me demandait « qu’est-ce que tu as?
? », je répondais qu’on s’en moquait royalement. Là n’était plus la question. La finalité était la même. Quand on connaît la fin, pas besoin d’avoir le début, si ce n’était pour satisfaire une forme de voyeurisme. Le diagnostic ne sert plus à rien. Seuls comptent le point final, et ce que l’on vit en attendant qu’il s’inscrive sur le papier.
Tout avait changé, et rien n’avait changé. C’était beau, tout simplement.
On ne devrait jamais oublier le parfum des fleurs. Il a comme un goût d'enfance. Il procure une énergie paisible.
La mort permet tous les pardons, la mort aide à accepter ce contre quoi on se serait rebellé en temps ordinaire.
Tu n'étais pas faite pour moi, et moi non plus je n'étais pas fait pour moi. Mais on a réussi la plus belle des aventures ensemble, être parents de Lisa, et terriblement nous aimer, sans amour. Lui, tu l'aimes d'un amour que je ne pourrai jamais comprendre, qui me dépasse et qui dépasse l'entendement. Alors, sois heureuse avec lui, fais-moi ce cadeau. Et fais-lui ce cadeau.
Nos regards se retrouvèrent. Je ne m'étais jamais sentie aussi bien qu'enveloppée par ses yeux. Nous étions seuls au monde. Plus rien d'autre n'existait à part nous. Mon corps, mon âme étaient appelés par lui. Les mots étaient inutiles, comme depuis la première seconde.