"Fou n’est pas le mot, même si je le prononce avec affection. Je préfère dire : corps errants."
Je cherche dans les livres des révélations sur toutes les formes de la détresse psychique.
(...) solitaires moutonniers, phobiques du dehors, monades recluses, corps hyperconnectés accros aux écrans (…) engloutis dans l’entre-soi anonyme du complot généralisé.
Je comprenais mieux, tout à coup, pourquoi ma mère avait été en permanence celle qui faisait face, celle qui appelait à voir le bon côté de la vie, à ne pas se laisser aller, à serrer les dents dans l'épreuve, à sourire quotidiennement face à l'adversité. Si l'on sourit à l'extérieur, disait-elle, ça va mieux à l'intérieur. Je tiens d'elle.
Il paraît que l’âme adore nager. Je confirme. Après quelques centaines de mètres, la rêverie s’installe, la conscience s’évapore, on entre dans une zone ouatée, trouble, l’eau chlorée finit par s’insinuer dans les lunettes de natation toujours insuffisamment étanches, le monde recule, on a l’impression qu’on pourrait continuer ainsi sans jamais s’arrêter, que la vie va brasser l’eau jusqu’à la mort.
Mon seul sujet possible d'écriture, ce sont les bouleversants, les délirants, les exilés de l'intérieur, les allumés de toutes sortes.
il y a deux catégories de personnes, celles qui ont eu affaire à la folie de près, dans leur famille proche, et les autres.