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EAN : 9782823616644
160 pages
Editions de l'Olivier (27/08/2020)
3.6/5   53 notes
Résumé :
Sandor est perplexe.

"Est-ce que j'attire les fous, ou bien est-ce moi qui cherche leur compagnie ?"

Dès qu'il sort de chez lui, ces corps errants l'abordent et s'accrochent à sa personne, faisant de lui le dépositaire de leurs récits extravagants. Il y a Dédé, le fou météo. Laetitia et ses visions étranges. Madame Brandoux, qui jure toute la journée contre le monde entier. Et bien d'autres encore.

Sandor se demande s'il ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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« Dans son monde tout autre, dans son absence au monde où rien ne se fait de commun, le corps errant est un entre-soi à lui tout seul. »
Sandor est en proie à des « troubles de l'âme » qualifiés par son psychiatre de mélancolie « par ricochet ». Son père sombre dans le chaos, sa fille, Constance, diagnostiquée schizophrène, est l'un de ces corps errant qui parsèment la ville, et lui arpente les rues de Lyon. Cela fait partie des prescriptions : faire le vide, nager, et marcher le plus possible. Vacant, lui aussi en errance, il est à même de voir et de reconnaître les « corps errants », ces fous que l'ont voit paisibles ou gesticulant sur les trottoirs, ceux qui prennent les passants à partie, ces « âmes fêlées » devant lesquelles la majorité d'entre nous baisse le regard et presse le pas. Sandor, lui, s'arrête. Il écoute qui s'adressent à lui.
« (...) Souvent ils vont à l'essentiel: la vie, la mort, l'amour, la haine, la peur du monde, la relation à l'autre, le désir de reconnaissance. Ils expriment admirablement nos névroses banales, notre fatigue de nous-mêmes, notre fureur chronique à fleur de peau, nos entraves matérielles, l'encombrement des choses, le malaise de nos corps, la tristesse quotidienne que produit en nous le sentiment de la fugacité, toutes les entraves qui contrarient la fraîcheur de vivre. »
Sandor a cinquante ans. Ancien de Sciences Po, il travaillait dans une grande société où il n'assistait plus aux réunions qu'avec des lunettes noires pour tenter de pallier son « problème de lucidité », mettant un filtre entre lui et « les masques, les simagrées (…) Les petits hommes qui se prennent pour quelqu'un. Les surimportants qui pontifient ». En congé maladie, il sait déjà qu'il ne retournera sans doute jamais au bureau.
Au fur et à mesure de ses rencontres, il collecte la parole de ceux qu'on n'écoute pas parce que le fou, a-t-il lu, « est d'abord celui qui est sans interlocuteur ». Sandor constitue un « herbier psychotique », avec une empathie sans faille. « Quelquefois, par solidarité, j'ai envie de hurler avec eux, de harponner les autres, tous les autres si indifférents, si pressés, si blindés de normalité. »
Le livre est doux-amer, drôle souvent, intelligent. Il nous donne à voir le parcours d'un homme qui, petit à petit, va se réconcilier avec lui-même, son histoire et ses obsessions, et réussir à changer de vie.
« On ne trouve pas de déraison dans la beauté du monde. »"

Kits Hilaire dans Double Marge (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/mes-..
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« Mes Fous » Un Livre de Jean-Pierre Martin (Français, né en 1948) 160 pages. éditions de l'Olivier Sorti le 27/08/2020 …

« Je vois des femmes enceintes au ventre transparent d'où sortent par le nombril des milliers de cerfs-volants. »
Depuis que le narrateur ne prend plus ses cachets il voit la vie en rose…

« Mon père est en HP, ma soeur s'est suicidée, ma mère est au bord du suicide, j'ai des antécédents, j'aurais bien aimé avoir une chambre plus tard quand je serai vieille, dans très longtemps, tout à côté d'eux dans un hospice, en attendant je chante, je vais enregistrer un album. »

« Au mot « chant », j'ai sursauté. Et aussi au mot « album ». Je crois savoir à quel point certains schizophrènes, ceux qu'on appelle ainsi, ont envie de chanter. le chant leur paraît un remède. »

« « J'entends des voix. Jésus s'adresse à moi directement. J'aimerais bien voir les religieuses qui m'avaient recueillie quand j'étais tombée dans le fossé. Je leur dirai que Jésus m'a parlé. » Puis elle se met à chanter. Une sorte de cantique pop. Elle me redit ce que je sais : elle veut faire un album. »

Un Livre avec tantôt des fulgurances, tantôt des longueurs. On regrette le manque de dialogues sur toute une partie.

Franchement Mister, allez à la ligne et mettez le tiret quand vous voulez déclamer des prises de paroles.

« C'est tellement bien, tellement rare, d'avoir une amie femme avec laquelle on s'entend parfaitement, de vivre une sorte d'amour sans sexe, sans la frénésie de la chair. »

« – On est tous plus ou moins atteints, mais le fou, c'est d'abord celui qui est sans interlocuteur. »

« « On ne va tout de même pas attendre la fin du monde. » Nous aussi, on a une zone à défendre. »

Désolé pour cette critique « Tout en citations » mais j'ai trouvé que les mots parlaient d'eux-mêmes (Et je ne fais pas ça souvent !)
Phoenix
++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
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C'est parce que le roman de Jean-Pierre Martin a été sélectionné pour le prix Goncourt que je l'ai remarqué. Je trouve le sujet passionnant et le titre "Mes fous" le résume bien.
Personnellement j'ai eu à me poser la question de savoir si j'attirai les fous pour avoir vécu avec un magnaco-dépressif. le narrateur, Sandor, dit très justement qu'il y a deux catégories de personnes, celles qui ont eu affaire à la folie de près, dans leur famille proche, et les autres.
Sandor aimerait retrouver une vie ordinaire mais il ne peut pas, hanté par ses fous. Il en vient même à se demander s'il ne cherche pas leur compagnie ? Pourquoi ? Parce qu'ils voient le monde d'une autre façon ?
Son médecin lui dit qu'il souffre d'un excès d'empathie car il est dans l'incapacité de travailler, déprimant quand il voit à sa fille Constance qui est Schizophrène. Et il y pense tout le temps. C'est d'autant plus difficile que son père a des troubles psychiques liés à son grand âge. Et si son fils aîné, Alexandre, semble trop parfait, ses deux autres fils ne sont pas en reste, Adrien est Asperger et Ambroise sensible à l'extrême.
Ceux que Sandor appelle des corps errants le magnétisent et il en rencontre au quotidien. Il y a Karim le fou politique, la dame tout en rose, Dédé le fou météo, Volodia le psychotique...
Mais plutôt que nous démoraliser, il nous ouvre les yeux sur les bouleversants, les délirants, les exilés de l'intérieur, les allumés de toutes sortes et on comprend pourquoi ils deviennent son seul sujet possible d'écriture. Parce qu'il faut comprendre la détresse psychique pour ne pas être le réceptacle des misères mentales et éviter d'aller mal.
En ce sens, ce roman est une réussite.


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Sangor Novick, père de quatre enfants, dont un « asperger », Adrien et une « schizophrène » Constance se sépare d'Ysé sa femme, car ils ne parviennent plus à gérer harmonieusement une vie en commun. Malgré un capital énorme d'empathie pour les autres, il perd pied et a parfois du mal à distinguer ce qui est normal et ce qui relève d'une pathologie schizophrénique. Il focalise sur sa personne bon nombre de gens différents qui perçoivent en lui sa bienveillance naturelle. Il a une très bonne connaissance de la maladie qu'il a tenté de cerner de près, pour comprendre et soigner sa fille Constance dans la mesure du possible. Ses rencontres, les conférences auxquelles il assiste ne parviennent pas à circonscrire un mal de vivre latent qui l'éloigne du monde du travail et d'une vie urbaine, au profit d'un retour à la campagne. Belle description de la difficulté à appréhender les différences dans notre monde normé et peu tolérant.
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« Je me suis nommé : Sandor le solitaire assoiffé de relations humaines. »

Dans « Mes fous », Jean-Pierre Martin donne la parole à un personnage qui « se met trop facilement dans la peau des autres », un écorché vif, dont la « vie se barre de tous les côtés ». Son père sombre dans la mélancolie, sa mère est emportée dans ce désastre, sa femme le quitte, et sa fille Constance est schizophrène.

Personne n'aurait envie de se plonger dans un tel récit. Et pourtant comme ce texte est sensible, désenchanté, drôle parfois. Il serait dommage de passer à côté de ce Sandor qui attire à lui les « corps errants », les « fous et demi-fous », les cinglés des carrefours et du métro, tous ces invisibles aux yeux des affairés et qui forment une constellation humaine que Sandor ne cherche pas à consoler, juste à faire exister. Voire à étudier, pour mieux comprendre sa fille.

Dans un style un peu saccadé, rapide comme celui de la marche infatigable et inlassable de Sandor, Jean-Pierre Martin a écrit un livre infiniment douloureux et hypersensible qui touchera ceux qui ont « entamé leur capital de béatitude », mais ne renoncent pas.


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critiques presse (3)
LesInrocks
07 février 2022
Le résultat tient de l’art performatif autant que de l’essai historique, et rejoint d’autres travaux récents d’écrivain·es désireux·euses de bousculer les formes littéraires [...].
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LePoint
10 novembre 2020
Dans Mes fous, en lice pour le Medicis, Jean-Pierre Martin imagine un "herbier psychotique" d'une poésie inoubliable. Eloge de la folie.
Lire la critique sur le site : LePoint
LaCroix
19 octobre 2020
Avec une douce ironie, Jean-Pierre Martin compose la balade mélancolique d'un homme qui attire comme un aimant dépressifs et aliénés.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Souvent ils vont à l’essentiel : la vie, la mort, la haine, la peur du monde, la relation à l’autre, le désir de reconnaissance. Ils expriment admirablement nos névroses banales, notre fatigue de nous-mêmes, notre fureur chronique à fleur de peau, nos entraves matérielles, l’encombrement des choses, le malaise de nos corps, la tristesse quotidienne que provoque en nous le sentiment de fugacité, toutes les entraves qui contrarient la fraîcheur de vivre.
Ils ne s’habillent pas, ils s’accoutrent, s’affublent, se nippent, superposent des fringues, projettent la nudité de l’homme dans un habit d’Arlequin. Aucun vêtement ne leur suffit, aucun ne convient à leur multiplicité de fou, ce pour quoi il leur faut des couleurs, des chapeaux ou plutôt des galurins, des choses qui marquent, qui distinguent, qui se repèrent en un coup d’œil.
Les passants affairés s’y habituent comme à l’idiot du village. Pas moi. Je ne parviens pas à ignorer les corps errants dans la foule, les folies anonymes qui hantent la misère en milieu urbain. Les discours délirants m’émeuvent. Je cherche à travers eux une révélation. Je cours après une énigme.
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Quand les aliénations mentales prennent l'allure d'un discours politique, les discours politiques manifestent des aliénations mentales. Le club des psychopathes en tous genres forme un cercle nettement plus large que ses représentants les plus spectaculaires. Aujourd'hui le monde est plus que jamais borderline, aujourd'hui que la folie est au pouvoir sans plusieurs Etats du monde, il est probable que le dérèglement psychotique s’accélère. Trump, Bolsonaro, Orbán, Berlusconi, Erdogan, Boris Johnson, Poutine, Salvini, Bachar el-Assad, un bon nombre d'autres, au pouvoir ou pas encore : on voit bien que le trouble psychique n'est pas reconnu à sa juste valeur. Si le dossier de tous ces personnages n'a pas été accepté par les organismes compétents, c'est qu'il y a bien des progrès à faire. La bête immonde est psychotique.
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Quelquefois, par solidarité, j’ai envie de hurler avec eux, de harponner les autres, tous les autres si indifférents, si pressés, si blindés de normalité. Ceux qui passent sans mot dire. Car l'indifférence est générale, et que veut un fou avec ses moyens si particuliers, ses mimiques si étranges, son habillement incongru, ostentatoire, multicolore, avec ce corps exhibé, signalisé, fait pour accrocher les regards, avec cette maison ambulante, ces sacs plastique, ces affaires disparates qu'il transporte sans destination, que veut-il, sinon mettre fin à ce flux indistinct, tenter de saisir enfin, dans le flot continu des passants qui sans répit circulent, une attention, une reconnaissance?
Dans les cafés, dans les rues, les fous harcèlent, demandent, intiment. Ils aimeraient que la ville soit un village, tâchent de former autour d'eux un cercle d'attentions, une réunion de passants qui s'arrêteraient pour eux, rien que pour eux, enfants, vieillards, badauds, peu importe. Ils veulent le monde à leur chevet. Qu'on ne les laisse pas seuls. Qu'on ne les ignore pas.
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Je marche infatigablement, interminablement, sans but, dans les rues, sur les quais, dans les parcs. Quelques humains, des ultrasensibles, perçoivent de l'intérieur mes ondes. Il arrive qu'une rencontre de hasard m'entraîne dans son maelström. Sylvain a bien raison de me dire que je souffre d'un excès d'empathie. C'est vrai que j'ai tendance à voir la folie partout, à débusquer sa menace, chez moi ou chez les autres, à travers des signes légers: une parole exagérément volubile, l'hystérie d'un geste, le mutisme glaçant d'un poisson froid, la logorrhée d'un monologuiste. Les fous et les demi-fous me magnétisent. A moins que ce soit le contraire. Je ne peux pas détourner mon regard. Je suis prêt à les suivre tel un privé qui aurait renoncé à la filature et adopté la méthode directe.
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Ça fait peut-être deux mois que je n'ai pas lu les journaux, que je ne regarde pas la télé, que je n'écoute pas la radio. Pourquoi ajouter au malheur intime les problèmes de l'humanité et, en plus, ceux du cosmos?
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