Ce tome contient les épisodes 1 à 6 de la série mensuelle initiée en 2010. le scénario est de
Ron Marz, les illustrations de
Stjepan Sejic. L'action de ce tome se déroule juste après Witchblade : Redemption 1.
L'histoire s'ouvre avec une première scène dans laquelle un membre de l'Angelus explique la création de la terre et le conflit éternel entre les ténèbres et la lumière (en 1 page,
Ron Marz s'affirme comme le maître du rappel clair et concis). Une équipe de 4 anges arrivent aux portes de l'enfer. Ils viennent chercher un objet de pouvoir (l'un des 13 artefacts) pour le ramener à Sabine, la guerrière qui commande les forces de l'Angelus en l'absence Danielle Baptiste. Cette dernière vient d'arriver à la Nouvelle Orléans et s'installe dans un appartement spacieux, avec Finch sa colocataire. Alors qu'elles sortent faire un tour dans le quartier pour se détendre, elles sont attaquées par une Chimerae, et sauvées in extremis par Sabine et d'autres créatures de l'Angelus.
Il apparaît rapidement que Sabine a commencé à manigancer pour évincer Danielle, et récupérer l'artefact qui fera d'elle la meneuse des troupes de l'Angelus. En plus de cette menace très réelle, Danielle doit affronter les retrouvailles avec son père, et l'affection insistante de Finch.
Ron Marz continue de reconstruire, de structurer et de développer l'univers partagé de Top Cow (la branche éditoriale de
Marc Silvestri au sein d'Image). Après avoir repris l'écriture de la série "Witchblade" à partir du numéro 80 (Novembre 2004), il a entrepris avec succès de rendre le personnage crédible, puis d'étendre petit à petit la sphère d'influence de cette série vers d'autres existantes telles que "The Darkness", ou des nouvelles séries telles que "Angelus". le lecteur de ces séries a ainsi appris que la cosmogonie de cet univers partagé repose sur l'existence de 13 artefacts symbolisant les forces vitales (les détails sont dans Artifacts 1).
Sara Pezzini en dispose d'un qui fait d'elle Witchblade, Jackie Estacado en porte un autre ce qui fait de lui The Darkness et Danielle Baptiste s'est vue confié celui qui fait d'elle Angelus, la meneuse d'un bataillon de créatures semblables à des anges qui s'opposent depuis la nuit des temps aux créatures des ténèbres menées par The Darkness. D'habitude, l'entité habitant l'artefact de l'Angelus habite le corps du porteur et en domine la personnalité. Dans le cas de Danielle, elle a conservé toute sa volonté et elle se sert des pouvoirs de l'Angelus. Cette situation provoque un déséquilibre du pouvoir au sein des troupes de l'Angelus qui voit leur chef les délaisser ; c'est la raison pour laquelle Sabine tente de combler le vide.
Ron Marz décrit cette lutte intestine pour le pouvoir de façon vivante avec force affrontements dantesques et une descente aux enfers dans laquelle des alliances étranges se nouent et la trahison n'est jamais loin.
Lorsque le lecteur ouvre le tome, il a la surprise de trouver une introduction rédigée par Angela Robinson, l'une des têtes pensantes de The l'word. Effectivement la relation entre Danielle et Finch prend une tournure déjà amorcée dans la série "Witchblade". Ainsi dans le cinquième épisode, 7 pages sont consacrées à la première relation charnelle entre ces 2 femmes.
Les illustrations évoquent fortement des magazines de charme dans lesquelles les attributs sexuels sont masqués par des cheveux, ou un pli du drap. de prime abord, cette scène produit un effet racoleur catastrophique. Mais comme elle s'inscrit dans la durée (pas juste une pleine page de pin-up),
Marz décrit les hésitations de 2 personnes pas certaines de leur sexualité, et les attentions psychologiques des 2 partenaires l'une envers l'autre. Il utilise cette scène pour creuser la psychologie de ces personnages, il ne s'agit pas simplement d'émoustiller le lecteur.
Les illustrations sont réalisées par l'incroyable
Stjepan Sejic. Il travaille à l'infographie et son style a bien progressé depuis ses débuts sur la série Witchblade. Il a une maîtrise époustouflante des textures générées par ordinateur et les armures des membres de l'Angelus brillent de mille feux avec un niveau de détails inatteignables par des méthodes manuelles. Parmi les effets spéciaux magnifiques, il y a également les filets de lave qui parcourent le corps de Cerbère. Là encore le résultat irradie la chaleur et la luminosité. Depuis quelques tomes, Sejic a également commencé à utiliser des plus gros traits de pinceau numérique pour les zones qui doivent donner une impression, une sensation, plutôt que des détails techniques.
L'apparence des bêtes mythologiques que sont les chimères constitue une merveille qui associe la texture de la fourrure avec une blancheur argentée séduisante. La composition des planches assure une grande lisibilité avec des mises en page variées. Il n'y a que la scène de lit qui semble un peu gauche, trop stéréotypée, avec des textures un peu cireuses. Par contre, toutes les apparitions de monstres, les démonstrations de pouvoirs surnaturels en mettent plein les yeux comme il se doit.
Angelus n'est pas qu'une simple série B. Avec ce tome,
Marz et Sejic sont très proches de passer dans la catégorie des histoires indispensables. Il aurait fallu que
Marz réussisse à transcender les concepts peu cohérents de l'univers Top Cow (qu'est-ce que c'est que cette histoire d'anges créés par l'Angelus, mais pourvus d'autonomie ?) et que Sejic améliore son rendu de la peau.