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Critique de Bruno_Cm


Pas forcément convaincu avant de démarrer la lecture, j'ai pourtant longtemps cru que ce livre allait figurer dans mon panthéon, dans mes livres à emporter sur une île déserte, allait être l'un des plus touchants de ma vie.

Longtemps. Je me réjouissais de l'avoir choisi en traduction française - alors que j'aurais pu "travailler" un peu mon italien - parce que je n'aurais pas pu apprécier toutes les nuances et les finesses, que réussit à donner Laurent Lombard en français.

Ce livre contient tout ou beaucoup de ce que j'aime dans la littérature et qui pour moi est et fait poésie. Ne me parlez pas des vers de Baudelaire, de Rimbaud, de je ne sais quel brillant versificateur. Non, pour moi la poésie, c'est ce livre, c'est un livre comme ça. Qui transcende la merditude des choses, du pathétique banal, en arc-en-ciel de mots fébriles et forts à la fois, qui m'illuminent le cerveau et mes sens. Les tient éveillés, et me donne le sourire. Malgré le choc des sujets.
Poésie ! Littérature ! C'est ça. Pour moi.

Je peux y retrouver des plaisirs et sensations comparables à ceux que j'avais ressentis avec d'autres objets littéraires étranges comme Les fruits du Congo de Vialatte, ou Septentrion de Calaferte, ou encore le Journal de prison d'Albertine Sarrazin... Des sensations de fraternité, de sororité, d'humanité qui me constituent. Littéralement. (Et littérairement aussi, donc.) (Certes, ces livres sont tous différents en diable, mais...)

Je me demandais aussi d'où pouvait provenir ces impressions communes et puissantes... Et je pensais avoir trouvé : Savina Dolores Massa (comme les auteurs précités) écrivait pour elle, à fond, dans ses tréfonds, sans AUCUN souci du lectorat. Et ce faisant, se dépliait parfaitement, sa personne, son humanité. Ses personnages se déployant pleinement, avec toutes leurs erreurs, bigarrures, émotions...

C'était ça. Ou en tous cas, le pensais-je.
Car, malheureusement.
Oui, j'en arrive au malheureusement.
La fin perd complètement ce pied-là. L'auteure semble ne pas savoir comment finir son histoire, et semble presque demander au lecteur comment faire... Voire ce qui lui plairait. Mauvaise pioche !
Il ne faut pas penser au lecteur ni écrire pour lui. (Ne pas faire comme beaucoup trop d'écrivains médiocres et d'éditeurs sans estomac !)
Du coup, cette fin est décevante. Perte de style, perte de sens (elle tente une sorte de flou énigmatique sur qui est vraiment vivant, qui est dans le rêve de qui... une sorte d'Inception ou de la Vie est un songe de Calderòn... du déjà trop vu et que je n'avais ni besoin ni même envie de retrouver ici.), perte de mon élan amoureux.

Oui. Je suis face à ce livre comme face à un amour prometteur, plein de merveilles, de vitalités, de vivant, qui se stoppe par la survenue brutale de la médiocrité. Avec comme une forte envie de pleurer.

Tout ce livre, son auteure, ses personnages, son traducteur, ses lecteurs compris, méritent une douce peluche pour se consoler. Se consoler d'un miracle avorté. (Ces mots arrivés sans recherche volontaire matchent parfaitement avec l'histoire du livre.)

Un miracle avorté.




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