Le sentiment étant l’action de toute notre constitution nous présente confusément , comme dans un miroir magique, nos rapports et notre destinée; il est quelquefois guide plus sûr que la raison, moins sujet à être égaré parce qu’il est moins dépendant de nos acquisitions et de notre volonté.
Dépendance du toucher, ainsi que tous les autres sens, le goût s’exerce d’une manière moins confuse. Il discerne, à l’aide des saveurs, les objets propres à l’alimentation. Il est des sens dont peuvent se passer certaines classes d’organisations; celui-ci est commun à toutes, il est le sens’ de l’animalité. Plus il domine chez les individus, plus il les courbe vers la terre et les matérialise.
LE LECTEUR.
Je viens de parcourir votre livre : parmi beaucoup de chapitres purement littéraires, j’en ai trouve un bon nombre qui m’ont paru singulièrement métaphysiques.
L'AUTEUR.
Rien n’est si métaphysique que le Beau et le Sublime ; car rien, dans notre nature, n’est aussi profond et aussi élevé. Quand on veut écrire sur un tel sujet, il faut bien, bon gré mal gré, faire de la métaphysique.
La sensibilité, rapport entre l'esprit et la matière y faculté primitive, à l'aide de laquelle les êtres animés connaissent leurs besoins, le plaisir, la douleur, est le premier degré de l'intelligence, son moyen de perfectionnement. On ne peut sentir sans savoir qu’on sent.
La grâce est la nuance la plus délicate, la plus fugitive , la plus précieuse du beau ; elle est instinct de bienveillance, fleur et parfum de la bonté naïve et timide; elle se perd dans le sublime, comme la vapeur argentée du matin, dans les premiers rayons du soleil.