AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de roquentin


Aux Animaux la Guerre, Nicolas Mathieu

Me voilà revenu vers un auteur que j'apprécie énormément, Nicolas Mathieu.
Nicolas M écrit Aux Animaux la Guerre juste avant, enfin trois ans avant son Goncourt, Leurs Enfants Après Eux. Ce livre m'avait laissé sans voix
C'est un roman noir sur fond de crise sociale aigüe...Le postulat est, ou aurait l'être de manière plus concrète, que le lent effondrement à perverti les esprits et les personnes et a conduit à l'abjection que l'on voit dans la partie “roman noir” de cet ouvrage.
On peut parler ici d'un grand écart, car faire cohabiter ces deux genres n'est pas une sinécure.. C'est plus complexe que ça dans ce bouquin. Les deux genres sont entrés dans l'enveloppe, mais au forceps.. et puis en fait non, il est resté deux histoires très différentes que Nicolas Mathieu n'a pas réussi à vraiment restituer en une seule histoire.
Est-ce grave? Non, pas vraiment, sauf qu'on aime toujours savoir dans quel univers on se retrouve lors d'une lecture. Moi oui en tout cas. Or, et c'est d'autant plus dommage, les deux composants sont très bien écrits. Il n'est pas question de mettre en doute la qualité d'écriture de Nicolas Mathieu. Encore une fois, son talent éclate plus tard, avec ses deux romans qui suivront...
La trame en deux mots. Une usine implantée dans les Vosges ferme ses portes. Après une floppée de plans sociaux, de refinancements, de fermetures/ réouvertures, cette fois, ça y est, c'est terminé, la direction met la clef sous le paillasson. Même la représentation du personnel se résigne et se contente de repousser les scellés de quelques mois. La DRH montre un visage humain et finalement, tout le monde se contente de la situation, bien conscients qu'il reste peu de marrons à retirer du feu. Estropiés, désoeuvrés, mais pas désespérés, ces hommes vont continuer leur vie comme ils peuvent, en se privant un peu davantage. C'est la facette du livre dans laquelle on sent clairement que l'auteur est le plus à l'aise. Encore une fois, la suite de son oeuvre le prouvera abondamment et avec brio.
Parallèlement, l'auteur nous conduit vers Strasbourg, la grande métropole de la région. Il nous plonge dans l'univers de la prostitution, un monde où il n'y pas d'amis, que des perdants. Surtout parmi les prostituées elles-mêmes, réduites à une vie miséreuse sur les bords des quais strasbourgeois, sans champagne mais avec beaucoup de sueur et de larmes. C'est noir de noir, mais un peu “déjà vu” aussi.
Nicolas Mathieu essaie donc de greffer ce drame à l'autre, via un des protagonistes de la faillite de l'usine et via une inspectrice du travail. Pour réunir ces deux histoires plutôt hétérogènes, l'auteur devait trouver des ponts très solides et surtout crédibles... Il n'y a pas réussi, les liens créés sont très tirés par les cheveux et cela a un tantinet altéré le plaisir de lecture.
Mais ... Heureusement, j'ai lu les deux livres suivants de Nicolas Mathieu. Son Goncourt et son récent Connemara donc. Ce sont deux grands bouquins et Aux Animaux la Guerre est selon moi le prototype de ces deux réussites. Tous les ingrédients s'y retrouvent déjà, surtout la partie sociologique du livre.
Livre un peu en de ça donc, mais tout est pardonné, cher Nicolas. Pas mal de choses sont rattrapées par un belle dynamique et quelques personnages bien amenés.

Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}