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EAN : 9782330030377
360 pages
Actes Sud (05/03/2014)
3.88/5   894 notes
Résumé :
Une usine qui ferme dans les Vosges, tout le monde s'en fout. Une centaine de types qui se retrouvent sur le carreau, chômage, RSA, le petit dernier qui n'ira pas en colo cet été, un ou deux reportages sur France 3 Lorraine Champagne-Ardenne, et basta. Sauf que les usines sont pleines de types n'ayant plus rien à perdre. Comme ces deux qui ont la mauvaise idée de kidnapper une fille sur les trottoirs de Strasbourg pour la revendre à deux caïds qui font la pluie et l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (114) Voir plus Ajouter une critique
3,88

sur 894 notes
Je n'ai pas choisi de lire ce roman parce que son adaptation télévisée était programmée en ce moment , non , j'avoue ne pas l'avoir regardée.
Je n'ai pas choisi ce roman en raison de la nouvelle notoriété de son auteur et de l'obtention de son prix prestigieux , non.
Je n'ai pas choisi ce roman en raison de l'actualité sociale qui bouleverse le pays en ce moment , non (et pourtant...)
Alors , pourquoi ? Tout simplement parce que j'ai lu "leurs enfants après eux" avant l'obtention du Goncourt et que j'avais tout simplement adoré.
Me voici donc parti dans les Vosges , dans une entreprise qui , comme bien d'autres , hélas , s'apprête à laisser sur le bord du chemin des hommes et des femmes dont le seul tort est de se trouver là au mauvais moment . Des licenciements , des plans sociaux , la paupérisation, obligent les personnages à apprendre à évoluer dans un monde hostile , sans autre perspective que la désespérance , au mieux la survie .
Ces personnages , on va les suivre , vivre leur présent, revenir sur leur passé , sans jamais entrevoir vraiment leur avenir .
Et c'est toute la misère qui nous saute à la figure , le salaire qui ne permet pas de payer la maison de retraite de la mère , la bagnole déglinguée toujours en panne , et puis les combines plus ou moins louches, plus ou moins licites , l'alcool , la "gueule de bois" tous les matins ou presque , la drogue , les trafics , les engrenages de la descente aux enfers , l'inflation de la violence , l'atteinte aux droits fondamentaux....
Les personnages évoluent entre deux mondes , et , peu à peu poussés par un force irrésistible, un tsunami de violence , glissent , glissent le long des parois gluantes et impitoyables du désespoir.
J' ai " dévoré " ce roman , cherchant à chaque page un sourire , voire un éclat de rire , en tout cas une parcelle de bonheur . Peut-être ai -je lu trop vite ou mal , tout est possible , mais....
La construction , passant d'un personnage à l'autre , est très judicieuse et nous permet de toujours rester au coeur de l'action , pas de répit, chaque situation , chaque parole , chaque geste a son importance . La deuxième partie, conséquence de la première , relève du thriller , rythmée , indécise, effrayante mais ....
Pour moi , Nicolas Mathieu frappe fort , là où ça fait mal .Lorsque j'étais jeune , j'ai "dévoré "Zola , découvrant des vies dont on pensait qu'elles ne pourraient plus jamais exister .Triste utopie .Nous sommes au XXIème siècle , Zola est mort depuis bien longtemps mais ses personnages , eux , sont malheureusement là , et bien là, de plus en plus nombreux. Pour combien de temps ?
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Aux animaux la guerre. J'ai acheté ce premier roman à sa sortie, il y a 4 ans, très intriguée par ce beau titre et l'image d'une usine en dessous dans l'édition chez Actes Noirs. le coup de coeur pour Leurs enfants après eux, du même auteur, a suscité l'envie de le relire.

Aux animaux la guerre donc. Un titre emprunté à un vers des Animaux malades de la peste ( La Fontaine ).
La peste, c'est la désindustrialisation qui frappe les Vosges, le chômage, le RSA, le déclassement qui attend les ouvriers victimes de la fermeture de leur usine qui délocalise où ça marne pour moins cher, la fin d'un monde dont personne ne sort vainqueur.
Les animaux, ce sont tous les personnages de ce roman choral, tous en perdition. Des ouvriers laissés sur le carreau, Martel, syndicaliste charismatique, Bruce, une brute sous cocaïne et stéroide, un vieux militant de l'OAS, un ado maladroit juste amoureux fou. Jamais caricaturaux, jamais manichéens même quand la violence économique explose en violence tout court, quand la violence sociale pousse Martel à des magouilles miteuses qui lui pète à la figure. Une prostituée slave enlevée qui disparaît.

Nicolas Mathieu a un talent fou pour camper ces personnages de perdants magnifiques, richement complexes, profondément humains même lorsqu'ils sont lâches et ridicules. Celui de Rita est le plus réussi, l'inspectrice du travail, rugueuse femme libre et cabossée à la fois, désenchantée par expérience mais y croyant encore.

J'ai lu et relu ce roman noir d'une traite, savourant particulièrement la truculence et la précision des dialogues, souvent drôles. Ok ce n'est pas aussi maitrisé que Leurs Enfants après eux. Sans doute trop de personnages qui gravitent autour de l'intrigue, certains se volatilisant laissant au lecteur une sensation d'inachevé. Mais on sent toute la puissance à venir de l'auteur pour la fresque sociale, politique même. La fin est superbe, pétrie d'empathie. Un excellent polar, très original.

Hâte de découvrir la série télé qui sera diffusé sur France 3 à partir du jeudi 15 novembre. Casting alléchant avec notamment Roschdy Zem dans le rôle de Martel.
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Une petite vallée des Vosges. Une usine au bord du gouffre qui va délocaliser. Des employés pour certains résignés, pour d'autres combatifs. Martel est de ceux-là. Devenu secrétaire du comité d'entreprise, il va tenter de sauver l'entreprise Vélocia avant la fermeture définitive. Mais d'autres soucis le plombent. En effet, il se retrouve à découvert tous les mois à cause de la maison de retraite où loge sa mère. Grâce à Bruce, un intérimaire bodybuildé et accro aux stéroïdes et à la cocaïne, il fait le videur parfois dans une boite de nuit. Mais cela ne suffit malheureusement pas. Aussi succombe-t-il à la petite combine foireuse de son ami...
Rita, elle, inspectrice du travail, va tout faire pour aider les employés de Vélocia...

Nicolas Mathieu signe avec Aux animaux la guerre un roman choral profond. de cette vallée des Vosges où se côtoient la misère et l'ennui, où le chômage gangrène, l'on suit plusieurs personnages qui s'entrecroisent : Martel et son ami Bruce, Rita, l'inspectrice, mais aussi Jordan, un adolescent amoureux fou, Pierre, un ancien de l'OAS, des mafieux qui ont la mainmise sur tout le territoire, des prostituées sous le joug d'un mac peu scrupuleux, un apprenti boucher exploité... Des personnages pour certains résignés, pour d'autres combatifs. Des personnages enracinés, profondément humains et puissants qui donnent vie, chair et rythme à cette fresque sociale ancrée dans une réalité parfois tragique et à l'ambiance pesante. Nicolas Mathieu fait montre d'un talent indéniable, aussi bien sur le fond que sur la forme. À l'éventail d'une société désemparée et à la dérive s'ajoute une écriture ciselée et maîtrisée.
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D'abord, pour moi, cela a été la séduction du titre.

"Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur envoya
pour punir les crimes de la terre,
Capable d'enrichir en un jour l'Acheron,
La peste, puisqu'il faut l'appeler par son nom,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.. "

A la fable la plus tragique De La Fontaine, rappelée par le vers tronqué qu'on retrouve dans le titre du livre, répond explicitement, dans le corps du récit, cette sentence atténuée par le bémol du conditionnel, : "Depuis longtemps, ils le savaient, on leur avait dit à la télé : ils n'en mourraient pas tous, mais tous seraient frappés. C'était leur tour. Tout de même, ça faisait drôle. Comment c'était possible de finir là, éberlués, moitié bourrés dans la cour de l'usine? le boulot parti. "

La Peste, ici, c'est le chômage, et son cytomegalo- virus c'est celui du capitalisme sauvage, suivi de toutes les calamités en " - tion", celles de la mondialisation, de la déréglementation, de la délocalisation, de la désindustrialisation qui, après l'avoir sucée jusqu'à la moelle, jette la classe ouvrière dans les oubliettes de l'économie libérale.

Les personnages de Nicolas Mathieu vivent en Lorraine, ils essaient de survivre dans cette tempête trop grande pour eux qui les secoue comme des fétus de paille. Leurs trajectoires se croisent, s'entrechoquent parfois, se dépassent, se mélangent, se rattrapent et se perdent...

Puisque l'usine bat de l'aile, périclite, va fermer, ferme, il faut pouvoir se retourner. Pas toujours vers des boulots avouables. Petites combines, gros trafics, sombres magouilles...tout plutôt que la panne sèche et la misère..

Martel , syndicaliste un peu véreux mais lucide, désireux de réussir, est encore sur le fil du rasoir, son copain Bruce est déjà mouillé jusqu'au cou-il faut dire qu'il a tout dans les muscles, celui-là, et pas beaucoup de cervelle. Pour Rita, inspectrice du travail, ce qu'elle voit l'écoeure à tel point qu'elle aussi se laisse gagner par la désobéissance, l'imprudence...Autour d'eux grenouillent de bien vilains poissons , dangereux requins ou maquereaux à la manque. Mais ceux qui tirent les ficelles, les cols blancs, s'en tireront toujours...Quant aux petits ados, insouciants du drame des adultes qui les touchera bientôt, ils sont surtout chamboulés par leurs hormones et leur premier baiser..

La Peste n'épargne personne: "Ils n'en mourraient pas tous, mais tous seraient frappés "...

Sur fond de neige et de débâcle industrielle, commence alors un jeu de massacre haletant..

Avec quelques années de retard, et juste avant qu'il ne décroche le Goncourt pour son second roman, je découvre le premier roman de Nicolas Mathieu. Et c'était déjà un coup de maître.

Malgré quelques petites faiblesses de construction -un "désordre"séquentiel assez inutile au début, la technique du roman choral permettant en soi de créer le suspense et de réserver les effets, et un prologue "algérois"- OAS assez superflu - le personnage qu'il concerne a dans le roman un rôle tout à fait subalterne- le roman a toutes les qualités d'un bon roman noir- sombre, inquiétant, haletant- et toutes celles d'un grand roman social - j'ai souvent pensé à "les Vivants et Les Morts" de Mordillat, qui se passe , lui, dans le Nord, mais , ici, avec une écriture plus soignée.

Nicolas Mathieu est un jeune Zola du XXIe siècle, plus proche de ses héros que l'auteur des Rougon-Maquart ne l'était des siens - il restitue à la perfection leurs sentiments, parler et sensations- mais un Zola qui aurait remplacé la distance "documentaire" de l'écrivain naturaliste par une pincée d'humour, souvent noir,
jamais dénué de tendresse.

Un écrivain qui accepte de laisser ouvertes certaines portes, de ne pas tout dire ni tout savoir de ses personnages, laissant à son lecteur un peu de place pour espérer, rêver, imaginer...

Une belle lecture, qui me laisse bien augurer de la suivante, prix Goncourt depuis peu..







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Deuxième roman de Nicolas Mathieu que je découvre, le premier étant "Leurs enfants après eux" (Goncourt 2018, mais je l'avais déjà lu avant !). Et j'ai commis la même erreur que pour le précédent, comprendre : je l'ai lu dans une période où mon moral était un peu en berne. Et bien sûr, cette lecture n'a rien arrangé ! (Je vous rassure, si par hasard quelqu'un s'en inquiétait, depuis hier ça va beaucoup mieux.)
L'histoire se déroule dans les Vosges, département voisin du mien. Moi quand on me parle des Vosges, je vois les belles balades en montagne, les fermes-auberges avec le repas du marcaire (lourd, mais si bon !), les vaches noires et blanches avec leurs cloches, ou les lacs au bord desquels j'aime pique-niquer. Que du plaisir !
Rien de bucolique dans le roman de Nicolas Mathieu par contre, dès le titre on le comprend. Déjà ça commence à Oran, en pleine guerre d'Algérie, par des exécutions en pleine rue. J'avoue que je me demande encore pourquoi ce sinistre prologue, étant donné que ça n'a presque rien à voir avec la suite, excepté qu'on va retrouver un des protagonistes quelques décennies plus tard, installé à "La Ferme", une bâtisse délabrée où il vit en compagnie de sa fille alcoolique et de ses deux petits-enfants. Ensuite on fait la connaissance de Martel, secrétaire du comité d'entreprise de Velocia, une usine dont l'avenir est sombre, les jours sont comptés avant la fermeture. La centaine d'OS (ouvriers spécialisés) vont être licenciés, la grogne monte. Une inspectrice du travail, Rita, tente d'aider Martel à négocier de meilleures conditions de départ aux gars. Entre-temps Martel s'est mis dans de sales draps pour payer la facture de la maison de retraite de sa mère, il est entré dans des combines louches, influencé par son pote Bruce, connu à l'usine.
Bruce "marche" aux stéroïdes, qu'il n'hésite pas à mélanger avec d'autres substances plus ou moins légales, et le résultat n'est pas toujours brillant.
On va aussi croiser une jeune prostituée qui se fera enlever sur son bout de trottoir à Strasbourg, un lycéen amoureux et coincé, une jeune fille à la dérive et pas mal d'autres personnages dont la joie de vivre est bien planquée. le pied quoi !
Ce n'est pas un polar à proprement parler, même s'il s'agit de retrouver la prostituée enlevée, il n'y a pas de flics dans l'histoire, mais c'est noir par contre, pas de doute, il n'y a que la neige pour mettre un peu de blancheur là-dedans. C'est une période où les entreprises du coin déclinent, les jeunes savent qu'ils n'ont que peu de perspectives d'avenir (on retrouvera ce thème encore plus développé dans "Leurs enfants après eux"), bref tout le monde a le moral en berne et cherche à s'en sortir comme il peut, y compris par des combines pas très catholiques. L'ambiance est superbement rendue, à tel point qu'on a presque envie de prendre sa vieille voiture et d'aller la jeter contre le premier mur venu, pour peu qu'on soit un peu "down" pendant la lecture...
Ce n'était pas le bon moment pour moi, je n'ai pas été en mesure d'apprécier complètement les qualités d'écriture et la finesse de la psychologie des personnages créés par l'auteur. Il n'y est pour rien, peut-être qu'à un autre moment j'aurais pris plus de distance et serais sortie moins plombée de ma lecture. Par contre, j'aurais certainement émis les mêmes réserves quant au premier chapitre, inutile selon moi.
Je ne déconseille pas du tout, c'est un bon premier roman, simplement mieux vaut le découvrir dans une période où tout va bien dans votre vie !
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critiques presse (3)
Culturebox
18 septembre 2014
Le jeune auteur lorrain met en scène sa région des Vosges dans un contexte de crise. Usine qui ferme, destins qui basculent, personnages agités par des vents mauvais...
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeMonde
04 juin 2014
Dans les Vosges, il y a des usines qui ferment. Et des prolos qui n'ont pas peur de la castagne. A partir de cette trame, Nicolas Mathieu a écrit un des meilleurs romans noirs de l'année.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Lexpress
18 avril 2014
Nicolas Mathieu est un styliste du fait. Ce qu'il raconte marche dans le réel, mais vole dans la poésie noire. Il possède déjà un ton, une façon de balancer ses phrases comme des soupirs ou comme des baffes. C'est surtout un dialoguiste hors pair. Des défauts ? Une virgule mal placée page 281, peut-être.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (134) Voir plus Ajouter une citation
C'était ça l'usine, un monde de peine et de réconfort, un monde qui n'avait cessé de rapetisser d'ailleurs, passant de plus de deux cent cinquante bonshommes à trois fois rien. Quarante qu'ils étaient désormais. Patrick aimait mieux ne pas penser à ce qu'il adviendrait si l'usine devait fermer. Les gars se connaissaient tous depuis l'enfance ou quasiment. Certains ouvriers avaient vu leur père travailler là avant eux, d'autres passaient la main à leur fils. Par le passé, les patrons venaient vous cueillir à la sortie du collège, après le certif' et il arrivait qu'on s'engouffre là-dedans jusqu'à la retraite. L'usine avait dévoré des générations complètes, survivant aux grèves, nourrissant les familles, défaisant les coupes, esquintant les corps et les volontés, engloutissant les rêves des jeunes, les colères des anciens, l'énergie de tout un peuple qui ne voulait plus d'autre sort finalement.
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Depuis longtemps, ils le savaient, on leur avait dit à la télé : ils n’en mourraient pas tous, mais tous seraient frappés. C’était leur tour. Tout de même, ça faisait drôle. Comment c’était possible de finir là, éberlués, moitié bourrés dans la cour de l’usine ? Le boulot parti. Ailleurs, d’autres hommes qui prenaient leur place, Chinois, Indiens, Roumains, Tunisiens, métèques innombrables et invasifs. Des feignants pourtant, il suffisait de voir leur comportement dans les collèges, en Seine-Saint-Denis, partout dans la télé. C’était à n’y rien comprendre. Mais ceux-là, bronzés, bridés, plombiers polonais, avaient le grand mérite : ils ne coûtaient pas.
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Sa cousine était passée prendre le café. Des années qu'il ne l'avait plus vue. Elle était de ces beautés prolétaires, superbes à seize ans, défraîchies à vingt et qui passent le reste de leur existence à se faire des teintures en sirotant du café au mazagran tandis que leur tribu braille autour. À quarante ans, elle vivotait amèrement, mère célibataire, se gorgeant de télé et de mots croisés.
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Depuis quelque temps, le boulot devenait vraiment compliqué. La crise justifiait tout. Préfets, juges, patrons, même les représentants du personnel, tous étaient d’accord : le travail était devenu une denrée trop rare pour qu’on fasse la fine bouche. À force, les salariés aussi avaient fini par s’en convaincre. Et le code du travail faisait désormais moins figure de rempart que de boulet, un caillou dans la godasse des forces productives. (...) Rita était inspectrice du travail. On prétendait qu'elle était plus ou moins en cheville avec la CGT. En tout cas, elle avait lu Marx quand elle allait à la fac, des bouts par ci par là, suffisamment pour croire que l'économie suffit à tout expliquer. (p. 30-31)
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Elle sait bien qu’elle ne sera jamais de ce monde des facilités, aux violences allusives et au moelleux assis. Sa mère a toujours travaillé, elle gagnait moins à la fin qu’au commencement, c’est tout dire. Quant à son père, il a passé sa vie dans les silos, finissant dans un poumon de métal, comme c’est l’usage une fois qu’on a respiré trente ans de poussière de grain. Qu’elle le veuille ou non, Rita appartient à ce monde où les gens meurent au travail. Elle voit ces gens qui ferment leur gueule, encaissent, grattent à la fin du mois et qui ne trouvent presque rien à y redire. Pourvu qu’ils finissent dans leurs murs, le pavillon comme résumé des peines, trente ans de dette et puis crever. Elle en est, quoi qu’elle fasse.
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