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Etrange sentiment que celui qui m'étreint en refermant cette BD. Jacques Mathis a toute ma sympathie, mon respect aussi, pour oser se raconter de la sorte, sans fards, sans faux-semblant, sans fausse pudeur. Il ne nous épargne pas grand-chose. Entre ses pulsions homosexuelles, ses égarements, ses amours hétéros, ses oublis, ses doutes et sa maladie, le lecteur entre de plain-pied dans sa vie.

Et la vie de Jacques Mathis, ce n'est pas rien.

Le récit de vie, ce côté histoire vraie, entre documentaire et autobiographie, c'est très prenant.

Mais, en ce qui me concerne, ce fut aussi malaisant. J'ai souvent navigué entre 2 eaux, devenant tour à tour (et à mon corps défendant) voyeur, grand frère, compagnon d'asile...

Je retiens une très grande sensibilité, de la poésie dans le ton et le dessin, une tendresse à fleur de peau. J'ai eu mal pour lui, mal avec lui, je me suis égaré, perdu... et cela ne m'a pas toujours plu. OK, la maladie d'autrui, cela ne doit pas spécialement me plaire. Plus grave, je me suis parfois ennuyé au gré de certaines péripéties. Toutes les anecdotes ne sont pas du même niveau.

Le récit global m'a paru décousu, ce qui est assez fréquent quand il s'agit de rendre compte d'une maladie mentale. C'est dommage, même si le récit reste globalement poignant. Je regrette aussi l'usage assez maladroit (selon ma perception) de l'humour. L'auto-dérision, soit, pourquoi pas, mais l'humour m'a moins convaincu.

Ce qui m'a réveillé quand je m'assoupissais, ce sont les passages avec des extérieurs, les flics, le clochard, le garçon de café qui interviennent pour commenter la vie de Jacques Mathis. Une vie de doutes, de souffrance, mais également une vie de soleils et d'espoir (j'espère).
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La maladie est souvent présente dans les dessins, tantôt sous la forme de fantômes menaçants, parfois de pensées exaltées. Ces illustrations aident à nous représenter ce que vit le personnage principal. La BD nous fait cheminer dans sa maladie parfois dans son expression la plus vive quand le héros est en crise et aussi dans son expression plus maitrisée sous psychotropes et leurs retentissements sur sa vie psychique. La BD m'amène à mieux comprendre des comportements qui peuvent paraître effrayants et à ressentir plus d'empathie et de bienveillance.
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Le hasard a voulu qu'un ami me prête ce roman graphique pile la semaine où, dans la région où nous vivons, la psychiatrie fait l'objet d'une couverture médiatique déplorable après la fugue de plusieurs patients de l'hôpital psychiatrique.
Merci à Jacques Mathis pour ce témoignage. La maladie psychiatrique, vu par les yeux d'un patient, c'est tout de même autre chose que ce que racontent les journalistes ! Merci à Sylvain Dorange pour la mise en images.
Psychotique est un récit qui m'a beaucoup touchée. Il se lit rapidement et émeut par son authenticité. Il rappelle ce que même nous, soignants en psychiatrie, oublions (trop) souvent : que derrière la maladie, il y a des personnes avec leur histoire, leurs rêves, leurs douleurs.
"Doit-on toujours passer par l'oppression ou la violence? N'y aurait-il pas d'autres moyens de soigner un malade mental?" En posant cette question dans les dernières pages, les auteurs laissent à chacun le loisir d'y réfléchir après avoir refermé l'ouvrage.

Challenge ABC 2021/2022
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Ce livre illustré est un chef d'oeuvre.
Le sujet, est tabou, dur et sombre. Il est ici décrit avec une sincérité désarmante de tendresse, d'effroi, mais aussi, d'humour, parfois.
Les illustrations mettent en valeur le texte et en harmonie avec celui-ci, exposent le quotidien et les affres d'une personne atteinte de troubles psychotiques. Que vous soyez concernés de près ou de loin par le thème abordé, que vous soyez accompagnant, patient ou même tout simplement ouvert à la découverte de ces pathologies méconnues, ce témoignage vous marquera.
Un grand bravo aux auteurs.
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Cela pourrait raconter un rêve parce que les dessins sont d'une extraordinaire poésie. Entre science fiction et fiction avec des formes et personnages qui se développent et se superposent avec la "réalité". La "réalité" de Jacques est différente des "gens normaux". En fait, ces dessins décrivent la maladie mentale de Jacques Mathis, mise en dessin par Sylvain Dorange. Cette maladie, nous la vivons de l'intérieur de la tête de Jacques , nous n'en connaissons pas son "nom médical". Dans un premier temps, on ressent peu de crainte, frayeur ou phobie, puis les ombres grandissent, deviennent anxiogènes, glissent sur Jacques et l'enveloppent comme si quelque chose de surnaturel qui l'habite.
Connaissant la bipolarité dans mon entourage, les dessins m'ont plutôt fait penser à un autre handicap, l'autisme avec ce monde parallèle. Jacques est "étrange" , il fait des choses "étranges" . Les premières pages, alors qu'il est en maison de repos pendant plusieurs mois, ingurgitant des médocs , jouant au scrabble, et suivant gentiment le troupeau, révèlent à demi mots, que le mal est profond et certainement suicidaire, cependant dans la tête de Jacques tout va bien ou à peu près.... docile, inoffensif. Camisole chimique qui fait taire la folie délirante.
L'enfance et l'adolescence ont été une période cruciale : la scène de l'exorcisme est particulièrement traumatisante, comment ne pas être marqué , mais quels événements ont pu amener le père de Jacques à consulter ce prêtre moyenâgeux ?
Jacques est un marginal mais a des amis, aime des femmes ou des hommes, ne juge pas la folie des autres, l'observe, l'apprivoise. Et on suit sa vie et ses crises mégalomanes façon montagnes russes.

Un récit hors norme et des superbes dessins qui nous plongent dans l'univers de la maladie psychiatrique, le tout formant un roman graphique très touchant, très "ovni" comme le thème

"Pour certaines personnes, il y a ceux qui sont acteurs de leur vie, et il y a ceux qui la subissent.

Même parmi mes amis, j'entends parfois ce genre de raisonnement simpliste, que si vous subissez votre vie, c'est que vous êtes un faible, que vous manquez d'esprit d'initiative...

Pour ma part, je n'ai rien choisi. Les éléments les plus importants de ma vie sont les résultats de non-choix."
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Formidable roman graphique !
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Ceci est la chronique d'une novice en lecture de roman graphique (les seules bandes dessinées lues, très peu nombreuses de surcroît, appartiennent au domaine de mon enfance !!), je préfère le préciser avant tout chose.

Quand on lit un livre classique - uniquement écrit sans dessin ou illustration - les images générées par les mots se construisent dans notre esprit. Même les événements les plus horribles vont avoir une représentation atténuée puisque involontairement, nos idées fabriquent des filtres qui vont minimiser l'aspect effrayant ou détestable des situations, même si nous ne le percevons pas en toute conscience.
Dans le cadre d'un roman graphique, le processus me semble inversé et les images sont finalement plus importantes que le texte qui les accompagne, celui-ci n'étant finalement pas nécessaire. du coup, il n'y a pas vraiment de filtre face au récit et la réalité doit être "assimilée" telle qu'elle est représentée.

Tout cela pour vous expliquer que ce livre m'a beaucoup impressionnée, je ne dirais pas que je n'ai pas aimé, j'ai plutôt eu l'impression de prendre un coup de poing, de vivre le quotidien de cet homme et ses perceptions de la vie et de tout et tous ceux qui l'entourent, de percevoir ces "forces négatives" qui l'accompagnent continuellement et de ne pas pouvoir - du fait du dessin - m'en protéger tout comme ce patient ne peut rien faire pour lutter contre les sensations sombres qui l'accablent.

Ce roman a la justesse de mettre des mots sur une pathologie que la "société dite en normalité" préfère taire ou ignorer ou encore désigner du doigt.
Voilà qui mène à réflexion...


Merci à Tandarica pour le partage de ce livre-voyageur.
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Enfermé dans un monde sans barrières, Jacques Mathis explore un monde étrange, absurde et impossible. Une autre dimension enivrante et angoissante dont il nous dévoile l'étendue. Dans ce roman graphique on touche du doigt la folie d'un homme, sa sensibilité, sa fragilité, sa différence, et on en ressort bousculé.

Il faudrait recoudre les bords, recadrer, ajuster des portes et des fenêtres à cette dimension délirante. Il faudrait lui garder sa petite part d'étrangeté, sa particularité, son originalité, tout en l'empêchant de sombrer dans le gouffre.
La camisole chimique et l'enfermement en HP en réponse à cette maladie anéantissent le patient, le nient, l'effacent, le brisent. Il devient une marionnette, docile, inoffensif.

« Cela fait quinze ans que j'avale des médicaments chaque soir de ma vie. Huit ans que je n'ai pas été hospitalisé. J'ai dû me construire sur du vide, en apesanteur. Vous flottez. Les médicaments vous donnent un contact incertain aux êtres et aux objets. Surtout au début.
Je vis dans un monde à part. J'ai construit ma vie à partir de cette première fêlure. Mon enfance a été balayée. Elle ne compte plus. Je suis né une deuxième fois sur des cendres froides. Ma vie n'a plus rien à voir avec celles des gens normaux. »

Les mots sincères et touchants de Jacques Mathis et les dessins puissants de Sylvain Dorang font de Psychotique un témoignage puissant et déroutant. Les ombres planent, les couleurs rouges, les bruns, les touches de vert, les détails des lieux, les rencontres improbables, les expressions des visages et leurs postures bien croquées, nous racontent une histoire étrange, percutante, assourdissante, émouvante, intime.

« On pourrait croire que cette histoire est une blague, que le monde moderne est totalitaire, qu'un comportement atypique (quel qu'il soit) est forcément pathologique… »

Mais ce n'est pas une blague. Lire ce roman graphique nous offre un regard plus juste sur la maladie mentale.

« Il suffisait de voir le chemin pour le suivre et aller jusqu'au bout. »

Pas toujours, tout dépend de ce que dessine ce chemin ou de qui l'a dessiné. Un génie ou un homme en plein délire ?





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Voici un livre exceptionnel. Son sous-titre « une histoire vraie de Jacques Mathis adaptée par Sylvain Dorange » annonce clairement qu'il s'agit d'un témoignage dont l'authenticité m'a bouleversée.

Au fil des pages, j'ai adoré :
* la localisation à l'hôpital psychiatrique de Brumath au moyen d'une affiche pour la fête de la musique, page 6
* la référence au film de Jim Jarmusch, « Dead Man » (p. 48 et chapitre 3)
* la subtile mise en abyme de la page 60 où sur le mur est affichée la couverture de « La plus belle femme du monde : The Incredible Life of Hedy Lamarr » de Sylvain Dorange et William Roy
* la page 67 et sa mise en avant du rôle de « l'écriture »
* la page 85
* la référence, page 118, à la belle Maria Tănase, qui a, en effet, « une voix incroyable »
… et bien plus encore.

Je trouve globalement que ce livre est une très grande réussite artistique qui, entre autres, illustre à merveille le propos suivant du docteur Raphaël Giachetti, dans son livre « La Maladie bipolaire expliquée aux souffrants et aux proches :
« Dans les cas graves, le patient ne PEUT PLUS AGIR, même s'il sait qu'il faudrait, qu'il devrait, il ne peut plus car ce qui est cassé par cette maladie, c'est justement ce que l'on appelle la volonté ; c'est comme si le ressort que l'on a tous en nous était détruit. Si le patient en phase dépressive profonde et en état de sidération motrice est contraint d'agir, c'est au prix d'une douleur psychique insurmontable. Forcer un tel patient à agir peut l'amener à des réactions extrêmes. Les gens ont beaucoup de mal, pour ne pas dire sont incapables, d'intégrer cette notion. Ils finissent par reprocher au patient ce qui le mine au plus profond de son être : son incapacité à faire. » (p. 23-24)

Merci popie21 de m'avoir adressé ce livre voyageur !
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Un très beau roman graphique. Des dessins particuliers mais particulièrement parlants. Un thème tabou et un homme courageux qui raconte son expérience.
Entre folie et normalité où se situe réellement la limite ? Nous vivons dans un monde “social” où certaines règles doivent être respectées, attention à ne pas sortir des clous.

Jacques Mathis nous raconte comment, à partir de sa première crise à quatorze ans, il s'est mis à franchir la ligne blanche - celle qui sépare les gens dits “normaux” des “autres” - au gré de ses fantasmes ; comment à quatorze ans la bipolarité a drastiquement changé sa vie. Une anomalie cérébrale, des neurotransmetteurs défectueux, sait-on vraiment ? en tout cas le corps devient prisonnier de l'esprit, il s'envole “comme un ballon frivole au gré du vent qui vient” (W. Sheller).
De chambre d'isolement en quête de vie, il expose au grand jour les démons qui le hantent et qui l'obligent pour pouvoir vivre en société, à s'enfermer dans une camisole chimique.

Je craignais de lire ce livre pour des raisons qui me sont propres mais j'avais tort d'avoir peur. le bonheur que m'a donné ce livre c'est celui du partage, de la parole enfin libérée. Enfin quelqu'un pour témoigner que certains handicaps ne se voient pas nécessairement, que les personnes qui en sont victimes traversent des périodes incroyablement difficiles, que certaines personnes qui sortent peu, qui ne travaillent pas, ou à temps partiel ne sont pas nécessairement des “parasites” mais plus souvent des personnes exposées à un “non-choix” comme il le dit lui-même.

Je voudrais tant que cette maladie, trop souvent méconnue, raillée et méprisée deviennent enfin intelligible et acceptée en tant que réel handicap par la société. Je voudrais tant que notre humanité nous permette de trouver naturel et normal de protéger les plus fragiles d'entre nous. Je voudrais tant enfin, qu'on cesse de parler des êtres humains en termes de réussite sociale et/ou financière. La vraie réussite c'est de faire face à ce que nous sommes et de vivre avec ; en harmonie avec soi-même et avec les autres. Et de grâce, qu'on jette ce p… de “quand on veut, on peut” aux orties !

Merci M. Jacques Mathis pour ce témoignage, unique pour moi, et merci M. Sylvain Dorange de l'avoir si bien illustré notamment avec ces ombres toujours présentes, envahissantes, oppressantes, anxiogènes et tellement représentatives de la maladie.


N.B. : Un remerciement particulier à @Patrijob pour sa proposition et pour l'envoi de ce livre que j'ai vraiment bien fait d'accepter. Merci également à @Cestak, initiatrice du voyage de ce livre qui va continuer son chemin chez @Tandarica.
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