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EAN : 9782849533352
144 pages
La Boîte à Bulles (03/04/2019)
4.08/5   72 notes
Résumé :
À travers le vécu et les écrits de l'écrivain et poète Jacques Mathis, une évocation sensible de la psychose et des maladies mentales.
C'est sous le crayon de Sylvain Dorange que Jacques Mathis conte sa propre histoire, celle d'un homme mégalomane coincé dans un corps étriqué en comparaison de ses idées. Son enfance, passée dans une petite bourgade lugubre de Lorraine, s'est arrêtée à 14 ans, l'année où il fait sa première vraie crise. Et puis les femmes, l'a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un livre exceptionnel. Son sous-titre « une histoire vraie de Jacques Mathis adaptée par Sylvain Dorange » annonce clairement qu'il s'agit d'un témoignage dont l'authenticité m'a bouleversée.

Au fil des pages, j'ai adoré :
* la localisation à l'hôpital psychiatrique de Brumath au moyen d'une affiche pour la fête de la musique, page 6
* la référence au film de Jim Jarmusch, « Dead Man » (p. 48 et chapitre 3)
* la subtile mise en abyme de la page 60 où sur le mur est affichée la couverture de « La plus belle femme du monde : The Incredible Life of Hedy Lamarr » de Sylvain Dorange et William Roy
* la page 67 et sa mise en avant du rôle de « l'écriture »
* la page 85
* la référence, page 118, à la belle Maria Tănase, qui a, en effet, « une voix incroyable »
… et bien plus encore.

Je trouve globalement que ce livre est une très grande réussite artistique qui, entre autres, illustre à merveille le propos suivant du docteur Raphaël Giachetti, dans son livre « La Maladie bipolaire expliquée aux souffrants et aux proches :
« Dans les cas graves, le patient ne PEUT PLUS AGIR, même s'il sait qu'il faudrait, qu'il devrait, il ne peut plus car ce qui est cassé par cette maladie, c'est justement ce que l'on appelle la volonté ; c'est comme si le ressort que l'on a tous en nous était détruit. Si le patient en phase dépressive profonde et en état de sidération motrice est contraint d'agir, c'est au prix d'une douleur psychique insurmontable. Forcer un tel patient à agir peut l'amener à des réactions extrêmes. Les gens ont beaucoup de mal, pour ne pas dire sont incapables, d'intégrer cette notion. Ils finissent par reprocher au patient ce qui le mine au plus profond de son être : son incapacité à faire. » (p. 23-24)

Merci popie21 de m'avoir adressé ce livre voyageur !
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En marge de la société,
Au ventre,
La peur de soi, des autres, de la vie.
Dans la tête,
Ça cogne, ça fourmille, ça emprisonne.
Dans le coeur,
Aucune place, la différence éloigne.
Sur le corps,
Des stigmates, des larmes purulentes, des années de frousse bleue.

On veut mais on ne peut pas.
Être comme tout le monde.
Normal.
Libre.
Vivant.

Ça commence par une marche sans esclandre.
On se nourrit de jeunesse, d'insouciance, de belles années.
L'ombre arrive.
Plus grande que la vie.
Elle fige le temps.
Elle dévore le peu de lumière qu'il nous reste.

C'est un mauvais jour pour être malade. Un jour malade, un autre fou, un autre, mort de honte.

Hôpital psychiatrique, camisole chimique, la folie devient collective, la vie, prison infirme.

Le monde rejette cette folie psychotique. Ce qui ne ressemble pas à la norme est évacué, jeté, dénigré. Délires, paranoïa, hyper sensibilité, les poubelles grouillent de rebuts prisonniers dans leurs têtes dysfonctionnelles.

Le sol nous regarde tomber. Il est dur. Il cabosse. On croit ne pas pouvoir tomber plus bas. Jusqu'à la prochaine crise.

Pour Sartre, l'enfer, c'est l'autre.
Pour Jacques Mathis, et bien d'autres, l'enfer, c'est soi-même.

On ne naît pas tous égaux. L'assimiler, le comprendre est un premier pas que chacun puisse faire pour que la folie devienne créatrice, parenthèse, une partie d'un autre tout, une main tendue. Oui, juste une main tendue.

Merci,
Chère Céline,
De la France à la Belgique, il n'y a pas de frontière pour laisser les coccinelles de l'amitié voyager, s'éclairer, grandir et s'émouvoir. Merci pour cet envoi qui m'aura bouleversée.
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Un très beau roman graphique. Des dessins particuliers mais particulièrement parlants. Un thème tabou et un homme courageux qui raconte son expérience.
Entre folie et normalité où se situe réellement la limite ? Nous vivons dans un monde “social” où certaines règles doivent être respectées, attention à ne pas sortir des clous.

Jacques Mathis nous raconte comment, à partir de sa première crise à quatorze ans, il s'est mis à franchir la ligne blanche - celle qui sépare les gens dits “normaux” des “autres” - au gré de ses fantasmes ; comment à quatorze ans la bipolarité a drastiquement changé sa vie. Une anomalie cérébrale, des neurotransmetteurs défectueux, sait-on vraiment ? en tout cas le corps devient prisonnier de l'esprit, il s'envole “comme un ballon frivole au gré du vent qui vient” (W. Sheller).
De chambre d'isolement en quête de vie, il expose au grand jour les démons qui le hantent et qui l'obligent pour pouvoir vivre en société, à s'enfermer dans une camisole chimique.

Je craignais de lire ce livre pour des raisons qui me sont propres mais j'avais tort d'avoir peur. le bonheur que m'a donné ce livre c'est celui du partage, de la parole enfin libérée. Enfin quelqu'un pour témoigner que certains handicaps ne se voient pas nécessairement, que les personnes qui en sont victimes traversent des périodes incroyablement difficiles, que certaines personnes qui sortent peu, qui ne travaillent pas, ou à temps partiel ne sont pas nécessairement des “parasites” mais plus souvent des personnes exposées à un “non-choix” comme il le dit lui-même.

Je voudrais tant que cette maladie, trop souvent méconnue, raillée et méprisée deviennent enfin intelligible et acceptée en tant que réel handicap par la société. Je voudrais tant que notre humanité nous permette de trouver naturel et normal de protéger les plus fragiles d'entre nous. Je voudrais tant enfin, qu'on cesse de parler des êtres humains en termes de réussite sociale et/ou financière. La vraie réussite c'est de faire face à ce que nous sommes et de vivre avec ; en harmonie avec soi-même et avec les autres. Et de grâce, qu'on jette ce p… de “quand on veut, on peut” aux orties !

Merci M. Jacques Mathis pour ce témoignage, unique pour moi, et merci M. Sylvain Dorange de l'avoir si bien illustré notamment avec ces ombres toujours présentes, envahissantes, oppressantes, anxiogènes et tellement représentatives de la maladie.


N.B. : Un remerciement particulier à @Patrijob pour sa proposition et pour l'envoi de ce livre que j'ai vraiment bien fait d'accepter. Merci également à @Cestak, initiatrice du voyage de ce livre qui va continuer son chemin chez @Tandarica.
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Enfermé dans un monde sans barrières, Jacques Mathis explore un monde étrange, absurde et impossible. Une autre dimension enivrante et angoissante dont il nous dévoile l'étendue. Dans ce roman graphique on touche du doigt la folie d'un homme, sa sensibilité, sa fragilité, sa différence, et on en ressort bousculé.

Il faudrait recoudre les bords, recadrer, ajuster des portes et des fenêtres à cette dimension délirante. Il faudrait lui garder sa petite part d'étrangeté, sa particularité, son originalité, tout en l'empêchant de sombrer dans le gouffre.
La camisole chimique et l'enfermement en HP en réponse à cette maladie anéantissent le patient, le nient, l'effacent, le brisent. Il devient une marionnette, docile, inoffensif.

« Cela fait quinze ans que j'avale des médicaments chaque soir de ma vie. Huit ans que je n'ai pas été hospitalisé. J'ai dû me construire sur du vide, en apesanteur. Vous flottez. Les médicaments vous donnent un contact incertain aux êtres et aux objets. Surtout au début.
Je vis dans un monde à part. J'ai construit ma vie à partir de cette première fêlure. Mon enfance a été balayée. Elle ne compte plus. Je suis né une deuxième fois sur des cendres froides. Ma vie n'a plus rien à voir avec celles des gens normaux. »

Les mots sincères et touchants de Jacques Mathis et les dessins puissants de Sylvain Dorang font de Psychotique un témoignage puissant et déroutant. Les ombres planent, les couleurs rouges, les bruns, les touches de vert, les détails des lieux, les rencontres improbables, les expressions des visages et leurs postures bien croquées, nous racontent une histoire étrange, percutante, assourdissante, émouvante, intime.

« On pourrait croire que cette histoire est une blague, que le monde moderne est totalitaire, qu'un comportement atypique (quel qu'il soit) est forcément pathologique… »

Mais ce n'est pas une blague. Lire ce roman graphique nous offre un regard plus juste sur la maladie mentale.

« Il suffisait de voir le chemin pour le suivre et aller jusqu'au bout. »

Pas toujours, tout dépend de ce que dessine ce chemin ou de qui l'a dessiné. Un génie ou un homme en plein délire ?





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Cher Jacques,

Vous avez tout mon respect et ma gratitude.

Ce billet, adressé directement à vous, tant le sentiment d'empathie a marqué ma lecture.

Jacques, vous contez en image votre histoire. Votre précieux témoignage d'une pathologie psychiatrique autrefois appelée maladie maniaco-dépressive et devenue aujourd'hui trouble bipolaire. Enfin bon, peu importe le terme médical, malheureusement encore aujourd'hui, cette pathologie suscite bien des confusions dans l'image véhiculée.

Par ce récit, vous apportez la lumière et flanquez un bon coup de pied, bien mérité, à l'image erronée du « fou », du « raté » ou tout autres péjoratifs employés !

Pas de place au pathos ni à la victimisation ! Non ! C'est une « mise à nu », d'une sincérité plus que touchante.

Votre récit est déstructuré, comme l'est l'écriture d'un journal intime : les mots semblent littéralement « jeter » sur le papier et les maux déterrés et disséqués ...
Vous vous racontez, dans vos hauts et vos bas. Vos longues années de ballottements : du psychiatre à l'internement, des crises de délire euphorique au plus profond désespoir. Tout est décrit, sans fioritures, jusqu'à la révélation de cette violence, dans la chambre d'isolement ...

Ainsi plus qu'un témoignage, une réflexion poussée sur votre parcours chaotique dont vous essayez de démêler les fils. Vous interrogeant sur l'origine de ce mal et l'efficacité de certaines méthodes psychiatriques. Vous avouez, d'ailleurs, ne pas détenir la réponse de l'origine de cette première crise, survenue brusquement à l'âge de 14 ans ... Quant à certaines méthodes « brutales » des unités psychiatriques, vous restez tout autant mesuré, ni rancoeurs, ni jugements. Vous les avez vécues et ne savez pas si elles ont ou pas contribué à vous aider.
En cela votre analyse, je la trouve magnifique dans sa franchise et sa pondération.

Alors oui, Jacques, je vous le clame : je suis admirative ! Admirative, de ce regard lucide que vous portez sur vous-même.
La conscience et surtout l'acceptation de cette « faille ».

Et, quel message d'espoir !

Oui, votre regard est certes un peu flouté par cette « camisole chimique » nécessaire, mais il n'en reste qu' aujourd'hui vous êtes un homme debout ! Un homme qui force l'admiration et le respect par son humilité.

Alors, vous avez raison, finissons-en avec ce stupide « si on veut, on peut » et admettons simplement que parfois « on veut et ... on ne peut pas » ! Bien évidemment vous ne l'avez pas choisi cette bipolarité !

De mon côté, très touchée par vos mots, je vous souhaite simplement de beaux moments dans votre liberté retrouvée .. Vous le méritez et j'espère que votre parole sera largement partagée.

Merci !

Bien à vous,

Céline

P.S : Un grand merci, à Babelio et aux éditions « La Boîte à Bulles», pour cette si belle découverte !
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critiques presse (1)
BoDoi
20 juin 2019
Ce livre a le mérite de refléter au plus près la réalité de la maladie mentale telle que la vit Jacques Mathis. Néanmoins, cela crée un récit douloureux et déprimant sans qu’une surprise narrative ne vienne l’illuminer.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Pour certaines personnes, il y a ceux qui sont acteurs de leur vie, et il y a ceux qui la subissent.
Même parmi mes amis, j'entends parfois ce genre de raisonnement simpliste, que si vous subissez votre vie, c'est que vous êtes un faible, que vous manquez d'esprit d'initiative...
Pour ma part, je n'ai rien choisi. Les éléments les plus importants de ma vie sont les résultats de non-choix.
Commenter  J’apprécie          290
Il est difficile, parfois, de trouver une définition satisfaisante de soi quand, pour la plupart des gens, vous êtes un « planqué », un « parasite », un « assisté » ... qu’on vous a mis sur la touche.
Mais moi, je me suis volontairement mis sur la touche.(...)
Suis-je pour autant un raté ?
Le sens de ce mot n’est plus négatif pour moi. Les médias veulent éternellement nous faire croire que « si on veut, on peut ».
Personnellement, j’ai voulu, j’ai pas pu.
Commenter  J’apprécie          210
Eh oui, je suis "libre" depuis neuf ans, et je ne saurais dire encore aujourd'hui s'il était nécessaire que je sois interné en HP.
À vrai dire, mes états nécessitaient certainement une intervention médicale, mais était-elle appropriée ?
Ces camisoles chimiques sont elles indispensables ?
En quoi peut-on affirmer qu'un patient est soigné ou aidé ?
Doit-on toujours passer par l'oppression ou la violence ? N'y aurait il pas d'autres moyens de soigner un malade mental ?
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Je parle d'une vraie sorcière qui vivait dans ma rue. Elle distribuait du nougat "avec-une-drôle-d'odeur"... Ma mère m'avait mis en garde contre cette femme, et du coup, elle me faisait peur.

Pourquoi une vieille dame donne-t-elle des friandises périmées aux enfants du quartier ?

Pourquoi associe-t-on toujours la laideur et la gratuité des actes à de la perversité et à de la méchanceté satanique ?
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Ce n'est pas un vide du même ordre que le désespoir ou l'épuisement, c'est un vide qui "accueille".
Le vide est une absence.
Le vide est un appel à la distanciation de soi, à l'accueil et à l'écoute de l'autre.
Être vide, c'est avoir fait de l'ordre. C'est avoir jeté le superflu pour se consacrer à l'essentiel. L'essentiel étant toujours concentré et dense, à la manière des trous noirs.
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