Il faut bien que je rie, puisque je ne saurais pleurer, dit Melmoth en fixant sur elle ses yeux secs et brûlants que le clair de lune rendait plus visible. Il y a longtemps que la source des larmes est tarie en moi, comme celle de tout autre bonheur humain.
Le prisonnier qui se berce d’un rêve de liberté souffre moins d’ennui que le monarque sur son trône, environné de flatteurs et rassasié de voluptés.
Paroles affreuses! Ceux qui nous font connaitre tout l’étendue de notre malheur nous paraissent toujours méchant, car nos cœurs et notre imagination nous le dépeignent moins grand qu’il n’est. Nous apprenons la vérité de tout le monde plutôt que de nous-mêmes.
Quand nous nous sentons coupable, ,nous craignons toujours qu’on nous attribue des crimes encore plus grands que ceux que nous avons commis. Il nous semble que la conscience des autres doit venger par d’horribles exagérations les capitulations de la notre.
La joie est une convulsion, mais la douleur est une habitude.
A tous ces souvenirs se joignit celui des dernières paroles de son père : la mémoire de cette scène remplit de larmes les yeux de John ; il s'empressait de les essuyer quand la voiture s'arrêta devant le jardin de son oncle.
Je devais avoir une bien faible connaissance des hommes pour ne pas savoir que le crime et l’insensibilité se réunissent souvent dans le même cœur, et qu’il n’y a pas sur la terre d’alliance plus indissoluble que celle qui existe entre la main qui ose tout et le cœur qui ne sent rien.
J'avais quelque chose à espérer, ce qui est souvent mieux que de jouir d'un bonheur actuel. La coupe de l'espérance invite à boire, celle de la jouissance trompe ou étanche la soif.
Page 103 de l'édition JJ Pauvert, première traduction française préfacée par André Breton, non connue de Babelio
Vous n'ignorez pas sans doute, Monsieur, que le pouvoir de l'Inquisition, semblable à celui de la mort, vous sépare, par un simple attouchement, de toutes les relations que vous pouviez avoir avec le monde. Du moment où sa main vous a saisi, toutes les mains humaines se détachent de la vôtre. Vous n'avez plus ni père, ni mère, ni sœur, ni enfant.
Menacé à la fois du pouvoir de l'Inquisition et de celui du démon, je résolus d'examiner soigneusement ce qui se passerait dans ma cellule et je n'attendis pas longtemps.
[...]
Entouré d'ennemis de toutes parts, j'aurai volontiers donné mon cœur à celui qui, le premier, aurait jeté le masque, et déclaré franchement et ouvertement son inimitié.