Lorsqu'on veut vraiment quelque chose, on peut l'avoir ou le réaliser. Aucun prétexte n'est valable car rien n'est impossible et, que ce soit tôt ou tard, ce que l'on a décidé se réalise. Il faut savoir oser.
J'avais décidé depuis longtemps de suivre ce chemin, je le suivrai quoi qu'il en coûte, car on doit toujours marcher de l'avant, ne pas céder au découragement.
Avant de partir, j'extirpe quelques chiques qui commencent à se développer dans mes doigts de pied.
Déjà les Boschs ont installé un boucan et mettent poissons et lézards sur la claie de rondins. Je crois que quitter mes nouveaux amis sera pénible. Déjà, nous avons nos habitudes, nous formons une famille perdue dans la grande nature et cet isolement nous rapproche tellement que parfois j'en arrive à trouver étrange la couleur de ma peau.
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Départ à l'aube; c'est poignant, ma gorge s'est serrée, j'ai eu peur de montrer mon émotion. Joie? Peur? Je ne saurais dire. Je pars, c'est tout et c'est l'aboutissement de quatorze mois de bagarre avec la vie de tous les jours qui m'entravait chaque jour davantage.
Il est vrai que l'aventure, sans souffrance morale de temps à autre, ne serait plus la belle aventure, mais une aventure quelconque, sans aucune peine et, par conséquent, n'amenant aucune satisfaction.
Allons garçon, supporte les mauvais moments dans l'attente des bons. Tu vis là la plus belle aventure de ta vie, celle que tu pourras raconter à tes petits-enfants, si un jour tu en as, en guise de conte de fées. Marche pieds nus, vêtu du simple calimbé, tanne ta peau au chaud soleil, durcis tes mains, tes pieds, allume ta pipe à la braise. Empiffre-toi quand tu le peux. Couche-toi quand tu as faim et tâche de dormir, Écoute le cri du crapaud-buffle, l'appel des singes rouges ; songe que tu es en brousse et que tu cours les bois pour vivre librement et t'instruire encore.
Dans ma chambre, chaque soir, une chauve-souris vient me rendre visite, visiteuse du soir au sombre et satanique manteau d'apparat... Quel présage funeste viens-tu donc m'apporter ?
Allons garçon, supporte les mauvais moments dans l'attente des bons. Tu vis là la plus belle aventure de ta vie, celle que tu pourras raconter à tes petits-enfants, si un jour tu en as, en guise de conte de fées.
Mardi 3 janvier
Le soir j'ai tué Boby. J'ai eu la force de le dépecer, de faire du feu. J'ai mangé et puis j'ai été malade, car mon estomac resserré me cause une digestion douloureuse. Soudain, je me suis senti si seul que j'ai réalisé ce que je venais de faire et je me suis mis à pleurer, plein de rage et de dégoût.