Plus qu'un journal d'aventurier, c'est un reportage journalistique ! c'est un livre étrange : l'auteur se laisse emporter par son lyrisme au point de donner de son aventure un rythme spectaculaire de western tropical.
Des indiens, pas de trace avant les deux tiers du livre, mais les garimperos sans foi ni loi, eux sont omniprésents dans la première partie. Ensuite leur apparition est l'occasion pour Raymond Maufrais, de nous faire part de ses observations, vite généralisées et filtrées par ses préjugés, qui tiennent plus d'un sensationnalisme journalistique que d'une étude ethnologique, en particulier sur la vie sexuelle de la tribu qui le reçoit.
C'est dommage parce que l'écriture est belle (on se prend à relire certaines phrases rien que pour leur beauté), mais même si on se laisse porter par le style, on en sort avec un sentiment d'exageration dans la violence et dans les dangers de la jungle, qui masque ce qui devrait être un beau récit d'aventure !
Beaucoup de fantasmes sur les piranhas, les serpents, les raies etc... ont été colportés par de tels récits, et on a aujourd'hui beaucoup de mal à lutter contre ce qui, de ce fait, s'est inscrit dans l'imaginaire populaire. L'animal le plus dangereux pour l'homme restera toujours l'homme blanc, mais c'est un autre sujet.
Commenter  J’apprécie         80
-Je suis blessé à la tête, dit-il.
-Comment?
-Une flèche sans doute. .. J'étais couché dans mon hamac et soudain j'ai senti un grand choc...
On regarde. Une grosse branche épineuse gît au creux de l'étoffe. Là où reposait la tête de l'homme. Un grand éclat de rire nous délivre de l'anxiété. Les hommes se retournent, croyant à une crise de folie. On leur explique, ils rient à leur tour à grands éclats, se moquant du blessé qui, penaud, cherche à éviter les quolibets.
-Un singe, un singe lui a lancé une branche sur la tête pour le punir d'être aussi laid et il a cru que c'était une flèche.... Ouhouhouhouh, le froussard!
Et de quoi pouvions nous parler, sinon de de départ vers les terres demeurées vierges de l'intérieur brésilien :
- Mille cruseiros que tu ne pars pas, insistait Tad Schultz, rédacteur au Brazil Herald de Rio
- Mille cruseiros que je pars soutenais-je.
Ce grand garçon aux joues creuses m'ennuyait considérablement et pour rien au monde je lui aurais donné raison.
Nous sommes au cœur du territoire interdit, au lieu du campement établi par Pimentel Barbosa. Cet homme avait une devise: Morrer si necessario for, matar...nunca. "Mourir s'il le faut. Tuer jamais."
C'était un apôtre de la colonisation. Il a dû mourir sans se défendre. Voulant espérer jusqu'au dernier instant.
La vie n'est pas de roses ici, étranger, dit-il en s'adressant à moi. Vous écrivez, moi, si je savais écrire, j'aurais beaucoup de choses à raconter. J'aime cette terre pourtant. on y crève facilement et sans remède...c'est un moyen de sélection comme un autre, seuls les forts ont le droit de vivre...
Mon cafard se dissipe avec les premiers rayons qui illuminent la verrière immense de l'aérodrome. Je suis heureux, car c'est le départ, et qu'y a-t-il de plus beau au monde qu'une arrivée ou un départ? Que la fièvre qui les précède ou qui les suit?
Dans les pas de Raymond Maufrais.