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Critique de Annezzo


L'archipel des sirènes - Somerset Maugham

Chaaarming bouquin de nouvelles de ce coquin placide de Somerset Môôôm. Un délice entre Samoa, Tahiti, Pago-Pago ou Honolulu, des longues nouvelles en tranches de vie, qui se veulent une étude du comportement des Blancs quand le sortilège des îles tropicales s'empare d'eux.
Le sortilège sensuel des îles tropicales. Sensuellement, on n'en doute pas, de la beauté des jeunes femmes comme perpétuel hommage à la nature qui les glorifie et réciproquement. Socialement, c'est vite résumé : il y a la bonne société anglaise ou américaine, parfois outrée, s'agissant d'un missionnaire déchainé dans sa quête chrétienne, ou sage à respecter les us et à s'incliner devant la réussite financière. Il y a les voyageurs, venus des pays d'Occident, de Scandinavie souvent, qui se prennent à tout larguer, pris qu'ils sont par l'appel des sirènes. Il y a les métis, hommes accédant à un petit statut, commerçants le plus souvent - et femmes se donnant un air, façon grand chic londonien en ondulations paradisiaques. Et les "naturels", avec leurs lois, leurs plaisirs, leur harmonie. Il y a aussi le serveur ou le cuisinier chinois, crado, quelques hommes d'affaires japonais, et ainsi va la vie, de voilier en lagon, de villes bourdonnantes en plages de cocotiers, de longues chevelures ondulées des jeunes filles en gros ventre et calvitie précoce de capitaines essoufflés.
Souvent cruelles, ces nouvelles. Drôles, mais d'un humour léger comme une brise parfumée, et très oniriques, mais gare ! car William (le prénom de Somerset Maugham) possède l'air de rien un art implacable du twist final qui vous colle au sol en une prise de judo. On ne rêve plus, on ne rit plus. Ogochi. La réalité vous balance des claques, on en meurt, on passe à la nouvelle suivante, un peu sonné. L'observation des aléas de l'âme humaine emplit les pages de nuances douces-amères, et fait parfois un petit pas de côté vers la folie.
Du coup j'en voudrais encore plein, de nouvelles pour dames de Somerset Maugham, prise à mon tour par le sortilège de sa plume…
Lu il y a un an ou deux le roman Erromango de Pierre Benoit, et j'y ai trouvé la même langueur fatale, une bribe d'humour en moins mais enivrante. Et après Joseph Conrad, lu récemment Désert, de Pierre Loti, que Maugham cite avec gourmandise. Ecrivains voyageurs, vous faites mes délices.
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