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Jacky Martin (Traducteur)Claude-Nathalie Thomas (Traducteur)Joseph Dobrinsky (Traducteur)
EAN : 9782264021915
287 pages
10-18 (12/09/1999)
3.38/5   29 notes
Résumé :
Le style aigu, ironique et incisif de Somerset Maugham (1874-1965) dans ses nouvelles détonne sur la production romanesque au sein de laquelle il émergea au début de ce siècle. Maugham a poussé très loin les interrogations d'une très grande modernité sur l'identité véritable de ses personnages.
Il a composé une impressionnante galerie de types, caricaturaux lorsqu'on les compare à ceux d'Henry James, mais auxquels la " disposition " à l'intérieur des fictions... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce bouquin trouvé dans une boîte à livres prenait la poussière depuis un bail sur mes étagères. Somerset Maugham faisant partie de la liste des auteurs du challenge solidaire, ça faisait une bonne occasion d'exhumer cet « Archipel aux sirènes » et de découvrir cet auteur dont je n'avais encore rien lu. D'une pierre deux coups. Bonne pioche que ce recueil de nouvelles, j'ai passé un très bon moment de lecture.

Le point commun des 6 nouvelles (je ne compte pas le prologue) réunies ici sont qu'elles se déroulent en Polynésie. Chaque récit est l'occasion pour l'auteur de proposer une fine étude de caractères et d'évoquer les relations entre Hommes, autochtones et exilés européens, ainsi que les relations entre les Hommes et la Nature. le ton y est souvent doux-amer. Bien que les personnages vivent dans des contrées paradisiaques, ils vivent souvent des drames et les histoires racontées ne sont guère joyeuses. J'ai trouvé très frappante le contraste entre les superbes descriptions des paysages enchanteurs, envoûtants, paradisiaques et les affres dans lesquels sont plongés les personnages. Les paysages ont une beauté charmeuse et pourtant les personnages sont animés de passions violentes et souvent destructrices.

Chaque récit est très bien mené, savamment construit et se révèle plaisant à lire. de plus l'écriture de Somerset Maugham est vraiment très agréable. Même s'il narre des destins tragiques, sa plume n'est jamais plombante. On trouve même parfois des petites touches d'humour. C'est à la fois léger et mélancolique, frais et tragique. Bien entendu, sur certains aspects, notamment en ce qui concerne les relations entre Blancs et Polynésiens, il y a un côté daté dans les considérations des personnages ou même de l'auteur. N'oublions pas que ce recueil date de 1921. Et ce côté désuet ajoute un charme à l'ensemble.

Je suis vraiment ravie d'avoir découvert cet auteur et encore plus à l'idée qu'un autre de ses livres est déjà dans ma PAL.
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L'archipel aux sirènes mériterait un avertissement de contenu tant les stéréotypes sont nombreux, ainsi que des propos qui peuvent choquer le lecteur de 2023. Une contextualisation aussi est nécessaire parce que ce livre a été publié pour la première fois en 1921, à une époque où la Grande-Bretagne s'enorgueillissait de son empire colonial et où le respect des populations indigènes n'étouffait pas les Britanniques (pas plus que les autres pays coloniaux). Sans cette vision du monde vieille de plus d'un siècle, les nouvelles de Somerset Maugham n'auraient plus aucun sens. Alors, faut-il sortir Somerset Maugham de l'oubli ? Quel est votre avis ?

La mise en place des nouvelles est plus longue que ce à quoi on s'attend aujourd'hui. Une fois l'intrigue commencée, j'ai néanmoins eu envie d'aller jusqu'au bout parce que la narration est parfaitement maîtrisée.

Parmi les nouvelles qui m'ont marquée : Pluie. Un missionnaire rigide, qui se vante d'avoir mis les indigènes au pas dans l'île où il a été nommé, se heurte à une prostituée. Dans la maison où ils sont contraints de résider en attendant que la pluie cesse, la jeune femme fait venir des hommes et la musique résonne. Impitoyable, le missionnaire est bien décidé à la chasser, et peu importe les conséquences pour elle. Il est persuadé d'arracher une âme au diable. La conclusion comporte une morale très noire.

La déchéance d'Edward Barnard est une nouvelle savoureuse. Bateman Hunter est inquiet pour son meilleur ami, Edward Barnard, parti à Samoa et dont les lettres n'annoncent pas le retour. La confrontation entre les deux hommes et le dénouement de la nouvelle sont réussis. Et pour la première fois, une remise en cause de la culture anglaise de l'époque.

Lien : https://dequoilire.com/larch..
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Aux îles Samoa, au début de l'autre siècle, Walker, un aventurier d'origine irlandaise, règne en maître despotique mais bienveillant sur une poignée de Canaques nonchalants. Sans police ni justice, il gère son île d'une main ferme et paternelle. Il a un grand projet pour elle : la doter d'un réseau routier digne de ce nom pour faciliter le transport du coprah et doper l'économie. Tout va bien jusqu'au jour où une tribu se montre rétive à participer à ses grands travaux... A Tahiti, Bateman Hunter, un américain de Chicago retrouve Edouard Barnard, un ami installé là-bas depuis deux ans et qui semble ne pas du tout avoir envie de rentrer au pays où sa fiancée Isabelle l'attend... A Honolulu, Winter, fils d'un commerçant local, après avoir tenté sa chance comme comédien et avoir passé une vingtaine d'années sur les planches, décide de revenir pour reprendre le négoce familial. Il présente au narrateur un certain capitaine Butler qui est féru de magie et de paranormal...
Un anglais tombe amoureux d'une métisse tahitienne en la voyant se baigner dans un étang. Il l'épouse et l'emmène en Angleterre... Un pasteur ne supporte pas qu'une femme de mauvaise vie fasse du tapage et reçoive des marins dans sa chambre au rez de chaussée de la pension de famille où lui-même réside...
« Archipel aux sirènes » est un recueil composé de six nouvelles qui sont autant de courts romans et de deux textes de présentation et de conclusion. L'auteur lui-même les a définis ainsi : « Ce ne sont pas des nouvelles, mais une étude des effets produits par le climat des îles du Pacifique sur les Blancs. » Allant au-delà de la modestie du grand auteur, le lecteur y verra beaucoup plus, toute une comédie humaine dans laquelle pratiquement personne n'est heureux alors que tout le monde vit dans un cadre enchanteur, dans une sorte de paradis terrestre tellement agréable qu'il en devient émollient et même déprimant. Que de personnages pathétiques et inadaptés ! Aussi bien du côté des Blancs qui se laissent aller à la paresse et à leurs mauvais penchants que du côté des indigènes qui se retrouvent perdus dans les brumes de l'Ecosse et ne le supportent pas. Au fil d'histoires la plupart du temps dramatiques, le lecteur s'aperçoit qu'il ne rencontre que des suicidaires, des alcooliques et des femmes battues ou malheureuses en amour. Et quand on ne se suicide pas, on meurt trucidé. Même sans partager totalement la vision très pessimiste de Maugham sur la condition humaine, on n'en admirera pas moins son style élégant, plein de mélancolie désabusée et de détachement aristocratique. Tout est observé et noté avec intelligence et finesse. En effet, en dépit de la légèreté du ton et de l'indéniable qualité du style, partout règne une sorte de spleen et parfois même de désenchantement quand ce n'est pas carrément du désespoir. Somerset Maugham reste un des grands maîtres de la littérature anglaise, un spécialiste de la nouvelle. Son oeuvre n'a pas vieilli si l'on ne tient pas compte du contexte décrit, ces années vingt et trente aussi désuètes qu'oubliées. Il est donc encore tout à fait possible de la lire aujourd'hui avec grand plaisir.
Lien : http://etpourquoidonc.fr/
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L'archipel des sirènes - Somerset Maugham

Chaaarming bouquin de nouvelles de ce coquin placide de Somerset Môôôm. Un délice entre Samoa, Tahiti, Pago-Pago ou Honolulu, des longues nouvelles en tranches de vie, qui se veulent une étude du comportement des Blancs quand le sortilège des îles tropicales s'empare d'eux.
Le sortilège sensuel des îles tropicales. Sensuellement, on n'en doute pas, de la beauté des jeunes femmes comme perpétuel hommage à la nature qui les glorifie et réciproquement. Socialement, c'est vite résumé : il y a la bonne société anglaise ou américaine, parfois outrée, s'agissant d'un missionnaire déchainé dans sa quête chrétienne, ou sage à respecter les us et à s'incliner devant la réussite financière. Il y a les voyageurs, venus des pays d'Occident, de Scandinavie souvent, qui se prennent à tout larguer, pris qu'ils sont par l'appel des sirènes. Il y a les métis, hommes accédant à un petit statut, commerçants le plus souvent - et femmes se donnant un air, façon grand chic londonien en ondulations paradisiaques. Et les "naturels", avec leurs lois, leurs plaisirs, leur harmonie. Il y a aussi le serveur ou le cuisinier chinois, crado, quelques hommes d'affaires japonais, et ainsi va la vie, de voilier en lagon, de villes bourdonnantes en plages de cocotiers, de longues chevelures ondulées des jeunes filles en gros ventre et calvitie précoce de capitaines essoufflés.
Souvent cruelles, ces nouvelles. Drôles, mais d'un humour léger comme une brise parfumée, et très oniriques, mais gare ! car William (le prénom de Somerset Maugham) possède l'air de rien un art implacable du twist final qui vous colle au sol en une prise de judo. On ne rêve plus, on ne rit plus. Ogochi. La réalité vous balance des claques, on en meurt, on passe à la nouvelle suivante, un peu sonné. L'observation des aléas de l'âme humaine emplit les pages de nuances douces-amères, et fait parfois un petit pas de côté vers la folie.
Du coup j'en voudrais encore plein, de nouvelles pour dames de Somerset Maugham, prise à mon tour par le sortilège de sa plume…
Lu il y a un an ou deux le roman Erromango de Pierre Benoit, et j'y ai trouvé la même langueur fatale, une bribe d'humour en moins mais enivrante. Et après Joseph Conrad, lu récemment Désert, de Pierre Loti, que Maugham cite avec gourmandise. Ecrivains voyageurs, vous faites mes délices.
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Maudit Souchon ! Avec sa chanson sur les « nouvelles pour dames de Somerset Maugham », j'ai bien failli passer à côté de cet auteur…

Et pourtant, les nouvelles de ce recueil sont tout sauf de l'eau de rose, d'une cruauté et d'un anti-conformisme étonnants, avec comme points communs une montée progressive de la tension et une fin au scalpel, parfois avec une seule petite phrase qui vous laissera je pense dans le même état que moi à chaque fois, surpris et un peu choqué.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Mais il y a des jours où le Pacifique ressemble à un lac. L’eau est lumineuse et lisse. Les poissons volants – reflets d’ombre sur l’éclat d’un miroir – font jaillir en plongeant de petites gerbes aux gouttes diaprées. Des nuages floconneux traînent à l’horizon. Au crépuscule, leurs formes étranges donnent l’illusion de hautes cimes neigeuses. Ce sont les montagnes du pays de vos rêves. Dans un silence invraisemblable, vous glissez sur une mer enchantée. Parfois, des mouettes annoncent que la terre est proche – île oubliée, perdue dans le désert immense des flots. Mais les mouettes, les mouettes mélancoliques, en sont le seul indice. Jamais un bateau à la fumée amie ; ni paquebot majestueux, ni légère goélette, pas même une barque de pêcheurs. C’est le désert, le vide.
Et bientôt ce vide emplit l’âme d’un vague pressentiment.
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Voyez-vous, ils étaient si ingénument corrompus que nous n'arrivions pas à leur faire comprendre leur perversité. Il fallut transformer en péchés ce qui leur paraissait naturel, non seulement l'adultère, le mensonge, le vol, mais l'exhibition du corps, la danse, l'absence au prêche. Ainsi, j'ai décrété qu'il y aurait péché pour une jeune fille à montrer sa poitrine et, pour un homme, à ne pas porter de pantalon.
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Le Pacifique est incertain et changeant comme le cœur de l’homme. La houle parfois le soulève en lourdes vagues, gris comme la Manche au large de Beachy Head ; d’autres jours, sous l’orage, il se hérisse de crêtes blanches. On ne le voit pas souvent calme et bleu. Mais alors, il est d’un bleu insolent. Dans un ciel sans nuages flamboie le soleil implacable. À la douce caresse des vents alizés, vous vous sentez saisi par la nostalgie de l’inconnu et, au roulement magnifique des flots qui se déploient à l’infini, vous oubliez, dans un désir exaspéré de vivre, la jeunesse évanouie et son cortège de souvenirs cruels et doux. C’est sur une pareille mer que se gonflait la voile d’Ulysse, à la recherche des îles Fortunées.
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La tragédie de l'amour n'est pas dans la mort ni dans la séparation. Combien de temps se serait-il écoulé, croyez-vous, avant qu'eût cessé l'attachement de l'un d'eux ? Oh ! Quand vous avez aimé une femme de tout votre cœur, de toute votre âme, au point de ne pouvoir la quitter du regard, quelle amertume de voir que même son absence définitive ne vous toucherait plus ! La tragédie de l'amour est dans l'indifférence.
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Il s’ébroua dans la mer pendant quelques minutes ; il n’y avait pas suffisamment de fond pour nager et il n’osait s’aventurer plus loin de peur des requins ; puis, il sortit de l’eau et entra dans la douche.
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"Servitude humaine" Livre vidéo. Non sous-titré. Non traduit.
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